UNIVERSITÉ SORBONNE-PARIS-NORD – Quand l’État organise l’asphyxie de ses propres universités
L’université Sorbonne-Paris-Nord (USPN) est aujourd’hui le symbole d’un scandale budgétaire organisé. Avec un déficit prévu de 16 millions d’euros en 2026, contre 15 à 20 millions en 2025, la direction a été contrainte de ponctionner 40 % des recettes de l’apprentissage et va le reproduire en 2026 – soit 3,6 millions d’euros – pour combler les trous d’un budget malmené par des années de sous-financement. Pire encore, ces fonds, issus de la taxe d’apprentissage et des partenariats avec les entreprises, sont détournés pour couvrir des dépenses qui relèvent pourtant de l’État : sécurité incendie, entretien des bâtiments, ou encore salaires des fonctionnaires. L’alternance, souvent présentée comme la solution miracle pour financer l’enseignement supérieur, devient la variable d’ajustement d’un système à bout de souffle. Alors que ces formations rapportent 9 millions d’euros, près de 40 % de ces recettes sont désormais siphonnées pour éponger les dettes d’un établissement étranglé par des charges non compensées.
Dans ce contexte, la campagne d’emploi 2025-2026 est limitée à 25 enseignants-chercheurs, un niveau dérisoire pour une université qui accueille des milliers d’étudiants. Les postes non pourvus s’accumulent, les équipes sont à flux tendu, et les étudiants paient le prix fort : cours annulés, effectifs surchargés et conditions d’études dégradées.
Avec un nouveau manque à gagner de 2,8 millions d’euros prévu pour 2026 et des recrutements gelés, l’USPN s’enfonce dans une spirale infernale. Elle n’est pas en crise : elle est victime d’un système. Ce qui se joue à Sorbonne-Paris-Nord est exemplaire des dérives du financement de l’enseignement supérieur en France. Plutôt que de réformer et financer, on préfère laisser couler les universités, quitte à les pousser à des choix désastreux. Jusqu’à quand ? Il est temps de réagir.
Florent Tétard pour la section Université Sorbonne-Paris-Nord