UNIVERSITÉ PARIS-EST-CRÉTEIL – Le présidentialisme incontesté
En octobre 2022 puis en avril 2023, le conseil d’administration (CA) de l’UPEC a voté un dispositif d’intéressement, permettant au président d’attribuer des primes prises sur les budgets des projets de recherche financés par l’European Research Council. C’est un dispositif qui modifie profondément le rapport à la recherche : obtenir des contrats devient un but en soi. Il change aussi les rapports entre collègues : le président a toute latitude d’accorder les primes et leurs montants. Ce sont des orientations court-termistes et présidentialistes que nous avons toujours combattues.
Ce dispositif était illégal : la loi impose que le conseil d’administration ne laisse pas tous les pouvoirs au président mais fixe des « principes de répartition », et des règlements précisent notamment que le montant des primes ne doit pas dépasser la moitié du reliquat du contrat à la fin du projet. Mais, malgré nos alertes, ni le président ni le CA ne l’ont entendu. Il a donc, logiquement, été annulé assez sèchement par le tribunal administratif, le 9 mai.
Plutôt que d’enclencher une réflexion sur l’intéressement et sa mise en oeuvre, le conseil d’administration a voté immédiatement un nouveau dispositif, qui reproduit tous les défauts de l’ancien, et vraisemblablement tout aussi illégal.
Cela montre plusieurs phénomènes : le présidentialisme est tellement ancré qu’on peut imaginer des processus aussi centralisés ; on peut gagner des garde-fous au niveau national, assurant un minimum de collégialité, cela n’a aucune conséquence si personne n’est vigilant localement ; et ça ne sert à rien de gagner des procédures juridiques sans un mouvement collectif assez fort pour faire vivre ces victoires.
Luc Pellissier, coordinateur de la FSU de l’UPEC