Piratage de l’université Paris-Saclay, résultat des politiques d’austérité ?
Le 10 août, pendant que la grande majorité des personnels étaient en vacances bien méritées, l’université Paris-Saclay a été victime d’un piratage d’ampleur par rançongiciel, nécessitant l’accompagnement de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information. Retour sur une catastrophe annoncée.
Les personnels ont d’abord constaté l’impossibilité d’accéder à leur courriel, avec peut-être une perte définitive des messages, puis ont été peu à peu médusés devant l’impossibilité d’accéder à tous les services de l’université : site Internet, système de stockage et de partage de documents, système de gestion des ressources humaines, emplois du temps pour certaines composantes et enfin base de données et système Apogée, où sont stockés notes, résultats et diplomation des étudiants et étudiantes de l’année actuelle, outil essentiel pour les inscriptions administratives.
TRAVAIL DE TITAN
Le 15 août, alors que tout le monde connaissait déjà les lourdes conséquences de cette attaque, la stratégie de communication a été de détourner l’attention sur la progression de l’université dans le classement de Shanghaï. Puis, sur un site Web temporaire, le piratage a été laconiquement annoncé, sans jamais mentionner ni l’ampleur des dégâts ni de délai pour un retour des services.
Sans report de la rentrée, qui aurait pourtant été justifié, un travail de titan a été réalisé pour assurer une rentrée digne pour les étudiants et étudiantes, avec une surcharge très importante de travail qui reste nécessaire pour remettre sur pied l’université, pour tous les personnels, de direction, des services centraux et de composantes, informatiques, de ressources humaines, de scolarité, des responsables pédagogiques, des enseignant·es, des enseignant·es-chercheur·ses, etc.
PROCHE DE L’EFFONDREMENT
Le temps viendra de faire un bilan des éléments multifactoriels qui ont précipité l’université Paris-Saclay dans une situation proche de l’effondrement. Mais la perpétuation d’une politique d’austérité par les présidences précédentes sacrifiant les personnels Biatss – sur lesquels a reposé par ailleurs presque exclusivement la construction de l’université Paris-Saclay –, n’y est certainement pas étrangère. C’est en effet sur les composantes de l’ex-université Paris-Sud, sacrifiée dans la fusion, et sur les personnels, que les conséquences de cette attaque sont les plus lourdes, par comparaison aux écoles ou aux universités d’Évry et de Versailles-Saint-Quentin, qui ont refusé leur démantèlement dans l’université Paris-Saclay.
UN RAPPORT DÉRANGEANT
Des alertes et des enquêtes multiples ont été effectuées sur la situation des services après la fusion, dès 2014, puis par le cabinet indépendant Degest, mandaté par le CHSCT, en 2020. Devant les conclusions très inquiétantes de ce rapport, la direction de l’université a interdit aux représentants et représentantes des personnels et aux organisations syndicales de le rendre public. Il rend compte notamment de la souffrance des personnels de la Direction des systèmes informatiques, évoluant dans des conditions de travail indignes, avec un turnover important et des effectifs indécents, et donc dans l’incapacité d’assurer les services numériques et la sécurité informatique de 85 000 personnels et usagers.
Vous trouverez le rapport complet sur le site du SNESUP-FSU