Édito : Suspendre, abroger, décaler ? Le 6 novembre, un seul mot d’ordre : abrogation !
Récemment, les négociations autour de la constitution du gouvernement Lecornu II et du projet de loi de finances (PLF) pour 2026 ont vu émerger une curieuse querelle sémantique : que signifient « suspendre », « abroger » et « décaler » ? Pour les un·es, certains de ces termes apparaissent synonymes. Pour d’autres, ces trois termes se distinguent clairement. La suspension est la première étape vers l’abrogation et ne consiste absolument pas en un simple décalage temporel. Suspendre la réforme des retraites de 2023 relève d’un tour de passe-passe permettant de rassurer celles et ceux qui sont opposés à son abrogation sans contredire les engagements pris par le Premier ministre envers une partie de celles et ceux qui réclament sa suppression.
Nous ne sommes pas dupes. Pour le SNESUP-FSU, la réforme des retraites doit être clairement abrogée. C’est-à-dire qu’elle doit être supprimée sans façon, sans fioritures ni subtilité langagière, elle doit être explicitement déclarée nulle, invalidée, abolie, révoquée, cassée, remplacée par un système de retraite conçu selon des principes de justice sociale et reconnu comme tel par une majorité de Françaises et de Français.
Alors même que la réforme du système de retraite fait l’objet d’une suspension, les retraité·es ne sont pas pour autant en paix. Ils et elles sont une des cibles du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026, qui reprend certaines des dispositions du projet de budget du gouvernement Bayrou. Gel des pensions et sous-indexation, suppression de l’abattement de 10 % remplacé par un forfait (ce qui rendra imposables sur l’impôt sur le revenu des ménages qui ne l’étaient pas, et leur fera perdre des prestations sociales), doublement des franchises médicales, gel de l’allocation de solidarité aux personnes âgées, sans compter le recul des services publics, notamment en matière de santé, qui affecte fortement cette population, sont autant de régressions prévues. Le SNESUP-FSU s’associe aux organisations syndicales qui appellent à se mobiliser contre le PLF et le PLFSS 2026 et à participer à la manifestation unitaire du 6 novembre.
Ensemble, refusons un budget austéritaire injuste qui s’acharne sur les plus faibles et obtenons que l’État augmente ses recettes pour que les pensions restent indexées sur l’inflation le 1er janvier 2026, qu’elles soient indexées sur le salaire moyen, que l’abattement fiscal soit maintenu, que les prestations sociales soient revalorisées au moins à hauteur de l’inflation, que les franchises médicales soient abandonnées, et que les services publics soient en mesure de répondre aux besoins sur l’ensemble du territoire.