Edito : l’enseignement supérieur et la recherche dans la disette

Publié le 8 octobre 2025

Comme chaque année, le SNESUP-FSU vient de faire son bilan de la rentrée dans l’enseignement supérieur et la recherche publics (ESR). Même à regret, il faut se rendre à l’évidence. D’année en année, ce bilan se dégrade et les « promesses » sont loin d’être tenues. Notre constat est sans appel.

Alors que l’argent semble couler à flots chez certains – les officines privées lucratives d’enseignement supérieur ayant vu leur chiffre d’affaires s’envoler grâce au soutien massif à l’apprentissage –, 80 % des universités ont construit des budgets en déficit en 2025 en raison de la baisse continue des moyens de l’ESR depuis quinze ans. Les universités sont contraintes de tarir leur fonds de roulement. En euros constants, le budget de la Mission interministérielle recherche et enseignement supérieur (Mires) est de 640 millions d’euros inférieur à celui de la loi de finances 2024, alors que, selon la trajectoire de la loi de programmation de la recherche, son budget aurait dû progresser de 1 milliard d’euros. Les dotations par établissement sont très inégalitaires, ce qui a un effet sur les taux d’encadrement, qui peuvent varier du simple au double.

Depuis 2017, 70 000 étudiant·es supplémentaires ont été accueilli·es, alors que le nombre d’enseignant·es et d’enseignant·es-chercheur·ses (E&EC) titulaires est en baisse constante. Cette situation était prévisible, la baisse de la natalité, si souvent évoquée, n’affectera les effectifs étudiants de l’enseignement supérieur qu’à partir de 2032. Au prix de quelles amputations de nos missions, à commencer par la recherche, cette situation sera-t-elle encore tenable ? Le SNESUP-FSU revendique la création immédiate de 7 500 postes d’E&EC titulaires.

L’effet de la surcharge de travail est déjà visible dans la diminution du nombre de places ouvertes sur les plateformes de candidatures. Sur Parcoursup, il y a eu – 9 780 places pour 19 039 candidat·es de plus que l’an dernier, et Mon Master a perdu 31 385 places en deux ans. Pour le SNESUP-FSU, l’inscription en licence dans les établissements publics de toutes et tous les bachelier·ères qui le souhaitent comme la poursuite d’études en master des titulaires de licence doivent être un droit réel et considérées comme un devoir pour la société dans son ensemble. Pour combler ces manques, le SNESUP-FSU exige l’ouverture massive de places de formations en prise avec la recherche : 100 000 places en 1er cycle et 50 000 en 2e cycle.

" Sauver la jeunesse", telle était l’intention affichée par l’ancien Premier ministre lorsqu’en juillet il défendait son budget 2026. Chiche ! a-t-on envie de répondre. Cependant, s’il s’agit bien de cela, ce n’est pas par un plan d’austérité que cet objectif pourra être atteint, mais par une réponse proportionnée aux besoins. C’est donc, pour le SNESUP-FSU, un investissement massif dans l’ESR qui pourra assurer à la jeunesse l’avenir qui lui est dû. Telles sont les revendications que nous avons portées lors des journées de mobilisation des 10 et 18 septembre et que nous continuerons de porter le 2 octobre, pour que le nouveau Premier ministre change enfin de cap.

Par Emmanuel de Lescure, secrétaire général

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Emmanuel de Lescure, secrétaire général