Édito : Place à la paix, à la confiance et à la solidarité

Publié le 5 juin 2025

Le chantage ignoble auprès de la présidence de l’université de Harvard démontre que nulle limite dans l’outrance des décisions de l’administration Trump n’est à attendre et que toute opposition sera punie. Si la situation en France n’en est pas encore à ce stade, les premiers symptômes du même mal sont déjà présents. Les procès en antisémitisme faits aux universités se multiplient, jusqu’à justifier la rédaction d’une loi pour lutter contre ce fléau qui se répandrait dans l’enseignement supérieur. La liberté académique est également mise en danger par un projet de loi qui, en prétendant la renforcer, la place aux mains des législateurs. S’en prendre aux libertés des universitaires, attaquer leur indépendance sont des signes qui ne trompent pas : les idées d’extrême droite sont à l’oeuvre.

Le cauchemar états-unien ne doit pas devenir réalité en France. Il est temps d’ouvrir les yeux et de sortir de notre torpeur. Car, contrairement aux discours ambiants, la France a les ressources pour développer un enseignement supérieur et une recherche publics, ambitieux, libres et indépendants : la preuve en est dans les mannes servies à l’enseignement supérieur privé. Ce choix politique, qui va de pair avec la fabrication et l’entretien de la peur, est un moyen d’asservir les populations aux intérêts d’une élite.

Les universités constituent un des remparts à ces politiques parce qu’elles sont des lieux de déconstruction des peurs et des obscurantismes. C’est bien à cela que Trump et les siens s’attaquent et c’est cela que nous devons défendre à tout prix. L’actualité états-unienne ne peut que renforcer notre volonté de garantir un enseignement supérieur émancipateur, une recherche créative parce que libérée des pressions économiques, un projet de société inclusif, respectueux des ressources naturelles et construisant partout la paix.

Paix et solidarité ne sont pas des idées vaines, mais le cap que nous devons nous efforcer de tenir, particulièrement en ces temps où le chaos menace.

par Caroline MAURIAT et Anne ROGER, cosecrétaires générales

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Caroline Mauriat et Anne Roger