Rapport SHS

Publié le : 03/11/2010


Rapport SHS

 
Après deux rapports d'étape, le conseil pour le développement des humanités et des sciences sociales (CDHSS) (1) a remis le 13 octobre 2010 la version finalisée de son premier rapport Pour des sciences humaines et sociales au cœur du système d'enseignement supérieur et de recherche (179 p.)(2). Moins centré sur la recherche que les précédents, et plus sur la formation, il se veut un « plaidoyer » pour l'intérêt social des SHS, projet tout à son honneur face à une ministre qui ne les reconnaît que comme prestataires de services (3), si son discours vertueux ne renvoyait pas sans cesse aux « compétences », à la « concurrence » et à la « dynamique d'employabilité ».


J'en recommande la lecture, tant pour les échos des débats, que pour le grand écart que constitue son soutien indéfectible aux réformes gouvernementales, voire pour son entêtement passéiste à véhiculer des clichés (filières choisies à contre cœur et sélection par l'échec ; formation essentiellement tournée vers les concours d'enseignement ; absence de travail d'équipe, etc.).


Constatant un « sentiment récurrent de crise », le rapport appuie, certes, nombre de revendications (sous-effectif administratif, non reconnaissance des diplômes malgré la « capacité de professionnalisation » des savoirs transmis par les LLSHS ; insuffisance des congés sabbatiques ; etc.), et nous pouvons nous en saisir. Mais il nous faut combattre pied à pied ses préconisations.


Côté formation (ch. 1), si la nécessité de « la formation à l'esprit de la recherche » dès le L1 est affirmée et que, côté « insertion professionnelle » (ch. 2), est rappelée la vocation prioritaire de l'université à transmettre des savoirs, il s'agit avant tout d'appliquer le « plan licence » : généralisation, au moins en L1, d'une formation pluridisciplinaire ; appel à adapter le L à son « enracinement géographique » et à développer la mission « d'orientation et d'insertion », avec un « temps d'initiation au monde du travail » en L et en M et la pratique du « supplément au diplôme » ; acceptation du principe des « collèges universitaires » si leur vocation n'est pas « l'écrémage », mais la diversification des ouvertures professionnelles...


On n'est pas plus étonné que, côté recherche (ch. 3), la solution proposée pour « trouver du temps » soit la modulation des services (décidée, il est vrai, dans la « concertation » et en veillant à un retour vers la recherche), que les acteurs institutionnels (ch. 4) soient simplement appelés à une meilleure concertation et qu'en termes d'évaluation (ch. 5) soient défendues une amélioration des indicateurs bibliométriques et un processus d'auto-évaluation avec « fiche unique » ; ou enfin que l'internationalisation (ch. 6) tiennent surtout à la pratique des langues, dans un esprit de concurrence et d'excellence qui encense le Grand emprunt.


Finalement, on est plutôt content que le rapport se contente de généralités concernant le quatrième point défini par sa mission : « dégager les grands enjeux scientifiques qui animeront les sciences humaines et sociales françaises dans les années à venir ». Dans l'esprit même du rapport : « L'unique issue est celle d'une adaptation progressive à la nouvelle réalité »... avec l'esprit critique qui caractérise les LLSHS, bien sûr !


Isabelle Krzywkowski

 

(1)Voir « Conseil des Humanités et des Sciences Sociales (CDHSS) Une inquiétante réouverture ... », Votre-metier?cid=3692&ptid=10&aid=4528

(2) Téléchargeable via le site educpros, à l'adresse : http://www.educpros.fr/detail-article/h/c051c7615b/a/valerie-pecresse-re...

(3) Voir son allocution d'ouverture à l'installation du CDHSS : http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid48774/installation-du-co....