Presse, justice, université – Des libertés attaquées, la démocratie menacée
« Chaque jour apporte son lot d’attaques sur telle ou telle liberté : le paysage ainsi dessiné est celui d’un autoritarisme croissant qui mine de l’intérieur l’État de droit et donc la démocratie. » C’est ainsi que la présidente de la Ligue des droits de l’homme ouvre ce dossier. Où qu’il se trouve, lorsqu’un pouvoir autoritaire avance, trois institutions sont méthodiquement visées : la presse, la justice, l’université. La liberté de la presse, l’indépendance de la justice, la liberté académique font l’objet de remises en question concomitantes. Magistrat·es, journalistes et enseignant·es-chercheur·ses font face à des accusations publiques de militantisme qui tendent moins à garantir leur impartialité qu’à discréditer leur parole, nous explique Isabelle Boucobza, professeure de droit public à l’université Paris-Nanterre.
Le dossier que nous avons constitué propose de donner la parole à des acteurs d’organisations syndicales de ces trois champs confrontés à une offensive similaire. Un parallélisme des formes qui se ressent tant les articles de ce dossier se répondent, alors qu’ils ont été écrits indépendamment les uns des autres. Ils posent des constats partagés, des arguments et des pistes pour défendre des fondamentaux menacés par l’extrême droite, mais aussi par une partie de la droite.
Lutter pour la liberté de la presse parce que « l’indépendance de l’information constitue un “bien commun” qui concourt à l’exercice de la citoyenneté » (Emmanuel Vire, SNJ-CGT). « Les faits sont la matière première de la conversation démocratique », nous répond Fabrice Arfi, coresponsable du pôle Enquête de Mediapart.
Renforcer l’indépendance de la justice, tel est le message que nous adresse Stéphane Maugendre, avocat pénaliste et président du Syndicat des avocat·es de France (SAF), interrogé sur la multiplication des attaques contre les magistrat·es, sur les responsabilités et les méthodes de l’extrême droite, sur le rôle de certains groupes de presse, sur l’importance de l’indépendance de la justice.
Sauvegarder la liberté académique et le principe d’indépendance des universitaires s’impose lorsque les enseignant·es-chercheur·ses font face à une remise en cause inédite. L’exemple récent de l’annulation d’un colloque sur la Palestine au Collège de France illustre parfaitement cette dérive attentatoire à ce qui constitue l’essence même de la recherche et une condition nécessaire à son exercice. Comment renforcer la protection de la liberté académique ? Des propositions de loi ont été enregistrées à la présidence du Sénat, pour quels effets ? Quelles pistes le SNESUP-FSU peut-il développer ? La proposition exposée par Jean-Michel Minovez (secteur Recherche du SNESUP-FSU) offre des réponses à ces questions.
Voici un avant-goût d’un dossier riche. Bonne lecture !
Dossier coordonné par Stéphane TASSEL et Emmanuel de LESCURE
SOMMAIRE :
Les attaques contre l’État de droit sabotent la démocratie, Nathalie TEHIO, pp.10-11
Lutter pour la liberté de la presse, une nécessité citoyenne, Emmanuel VIRE, pp.11-12
« Les faits sont la matière première de la conversation démocratique », entretien avec Fabrice ARFI, propos recueillis par Stéphane TASSEL, pp.12-13
« Il est indispensable de renforcer l’indépendance de la justice », entretien avec Stéphane MAUGENDRE, propos recueillis par Stéphane TASSEL, p.14
L’instrumentalisation de la neutralité, Isabelle BOUCOBZA, p.15
Fixer définitivement la liberté académique et le principe d’indépendance des universitaires, Jean-Michel MINOVEZ, pp.16-17