Plateau de Saclay : en force, sans consultation

Publié le : 29/09/2010


Plateau de Saclay : en force, sans consultation

Depuis la fin de la semaine dernière, les déclarations concernant le Plateau de Saclay pleuvent. Le Président de la République, une nouvelle fois venu faire sa promotion sur le Plateau de Saclay, annonce l'arrivée sur le Plateau d'Agro-Paris Tech, de l'école Centrale Paris, de l'ENSAE, d'un pôle biologie-pharmacie- santé s'appuyant sur les équipes de pharmacie de Paris Sud, l'ENS Cachan et l'école des Mines-Institut de télécoms.

Imposées dans le cadre de l'opération Saclay - dont le projet scientifique n'est pas clairement défini-, ces délocalisations à la hussarde, financées pour partie par la vente de leurs biens immobiliers propres, engagent un profond remodelage et déstabilisent l'enseignement supérieur et la recherche à Paris et sa région .


Cette opération politico-médiatique a provoqué une levée de bouclier tant de la région que de la ville de Paris. On veut afficher l'arrivée des Grandes Écoles sur le Plateau. Mais, cet affichage de l'opération Saclay et les promesses de financement par le plan campus et le grand emprunt - éludent la mise aux normes de sécurité de bâtiments à Orsay ou à Chatenay. Les crédits ne sont pas débloqués, attendant que les départements de l'université Paris Sud
montent sur le Plateau, au prix d'une juteuse opération financière pour les spéculateurs avec les terrains de la vallée.
Le président de la République annonce aussi une modification des statuts de la Fondation de Coopération Scientifique Triangle de la Physique-Digiteo.
Transformée pour rassembler tous les membres fondateurs du « Plateau de Saclay », elle vise à empiler des RTRA, Labex et autres "Ex", voire d'autres fondations dans une même entité de recherche sans prendre en compte les questions des formations. Dotée d'une « gouvernance resserrée», cette fondation présente un CA réduit, ne comptant quasiment pas d'élu, excluant la plupart des établissements. Cette conception est contraire à la conception collégiale et démocratique des établissements universitaires ou/et de recherche. L'empilement technocratique qu'elle propose va à l'encontre des récentes
recommandations de la cour des comptes

Dans le même temps, sont parues au Journal officiel les nominations ministérielles au CA de l'Etablissement Public de Paris Saclay, qui, outre les constructions et l'aménagement, se voit attribuer des compétences en matière d'organisation de la recherche.
Parmi les nommés, s'il est des scientifiques de renom, aucun n'est véritablement représentant de la communauté universitaire ou de l'établissement auquel il appartient. Les représentants de la communauté économique sont notamment liés aux pôles de compétitivité présents sur le Plateau. Pas un représentant des personnels n'est présent dans ce CA.  Sous prétexte de primauté de classements internationaux, on introduit un
nouvel empilement de structures, sans articulation avec les établissements publics, pour mieux piloter à court terme une opération voulant rassembler des « recherches d'excellence », orientées vers les réponses aux besoins des entreprises présentes dans les pôles de compétitivité.
On fait miroiter un métro rapide au nombre de stations limitées - auquel la région Ile de France est opposée - supposé relier les grands centres économiques et aéroports entre eux, ne desservant pas toutes les stations qui permettraient aux étudiants, aux personnels de l'université, aux habitants du Plateau de se déplacer.
Cela risque de tarir le recrutement des étudiants du Centre d'Orsay de l'Université Paris Sud.
Ce projet, basé sur une vision élitiste de l'enseignement supérieur et de la recherche, risque d'affaiblir l'enseignement supérieur et la recherche francilienne, de Paris intra-muros et de faire éclater des établissements existants.

C'est pourquoi le SNESUP exige l'arrêt immédiat de cette entreprise de démolition du service public d'Enseignement Supérieur et de Recherche francilien tournant le dos à tous les acteurs impliqués et à leurs représentants.

Paris, le 29 septembre 2010