DÉCRET "EPAURIF" : nouvel outil du pilotage autoritaire de la recomposition universitaire.

Publié le : 19/05/2010


DÉCRET "EPAURIF" : nouvel outil du pilotage autoritaire de la recomposition universitaire.

Le décret créant l'« établissement public d'aménagement universitaire de la région Ile-de-France » (EPAURIF) a été soumis au CTPMESR le 10 mai.
Cet établissement, présenté sous l'innocente apparence de la continuation de l'établissement public du campus de Jussieu, est en fait l'instrument dont veut se doter le gouvernement pour imposer de juteuses opérations immobilières en plein Paris à la faveur de déménagements autoritaires des sites universitaires, à l'instar du transfert de l'université Paris-sud sur le plateau de Saclay, et d'une réduction drastique du nombre de sites parisiens. Ce texte consacre la mainmise totale de la tutelle, en particulier de « l'échelon déconcentré de l'État » qu'incarnent les recteurs d'île de France -présents aux postes de directions de l'EPAURIF-, sur le patrimoine immobilier universitaire, au mépris de la communauté universitaire et scientifique. Est même écarté le président du CNRS, qui assistait pourtant jusque là au CA de l'établissement du campus de Jussieu. L'objectif du gouvernement est clairement de lever tous les obstacles à la mise en œuvre de partenariats public-privé générateurs de rente pour quelques majors du bâtiment. Pour parfaire l'opacité du dispositif, le décret écarte du conseil d'administration de l'établissement projeté toutes représentations des enseignants-chercheurs, des chercheurs, des autres personnels et des étudiants.

Après une bataille acharnée d'amendements proposés principalement par la FSU -tous refusés par le ministère-, toute la parité syndicale du CTPMESR, y compris les organisations qui avaient préalablement annoncé leur soutien au projet de texte, a voté contre le décret « EPAURIF ».

Les organisations signataires dénoncent la méthode qui consiste à systématiquement écarter la communauté scientifique et universitaire et ses organisations représentatives d'une réflexion et de tout débat démocratique sur le maillage territorial de l'enseignement supérieur, notamment en région parisienne.

Devant l'opposition unanime de la parité syndicale, le passage en force du ministère n'est pas admissible. Les organisations signataires exigent la tenue d'un débat démocratique préalable sur l'évolution de l'ESR parisien et un nouvel examen du texte par le CTPMESR.

Dans un contexte économique et social propice à de nouvelles coupes sombres dans les budgets de la fonction publique et en particulier celui de l'enseignement supérieur et de la recherche, avec en toile de fond le chantage au grand emprunt, les organisations signataires récusent un outil supplémentaire permettant à la tutelle d'imposer une recomposition autoritaire et usurière du paysage universitaire et de détourner les financements publics de l'intérêt général.

Les syndicats FSU de l'enseignement supérieur : SNESUP, SNCS, SNEP, SNASUB, SNICS