Srasbourg: Bilan d'un an de fusion au congrès, par l'intersyndicale

Publié le : 01/02/2010

Bilan de la fusion par le collectif intersyndical Agir ensemble pour une université démocratique

(Discours liminaire au Congrès UdS du 22 janvier 2010)

 

Un an après le passage de l'Université de Strasbourg à l'autonomie, les élus et représentants d'Agir Ensemble pour une Université Démocratique entendent dresser un premier bilan sur une fusion qu'ils considèrent inaboutie et une situation difficile dans laquelle les pessimistes pourraient voir une situation de crise permanente et d'autres, plus nuancés, une bien douloureuse transition.

L'équipe de direction, même si elle a dû affronter des difficultés qui sont aussi celles de tous les personnels, ne saurait se dédouaner de sa responsabilité politique lorsque sa gestion se fait tantôt hésitante, tantôt autoritaire. Le sentiment partagé par beaucoup de personnels d'une navigation à vue dans la gouvernance de notre université repose en grande partie sur l'absence de lisibilité de la stratégie de l'exécutif.

Dans un contexte difficile sur le plan budgétaire et très tendu sur le plan de l'emploi public, et alors que la fusion devait conduire à une reconnaissance par les autorités de l'effort consenti et à un accompagnement par des moyens nécessaires - comme cela avait été promis - , nous regrettons que l'équipe de direction ne se soit pas faite le porte-parole de cette exigence de façon plus pressante. Au final, ce sont donc malheureusement les personnels qui ont dû assumer les effets de ce déficit.

Ainsi, là où l'équipe de direction - comme on a pu le constater dans les déclarations en début de congrès - concède des problèmes conjoncturels d'adaptation et de transformations nécessaires, souvent conduites sans recul et dans l'urgence, nous voyons bien plutôt des choix politiques souvent inappropriés, des défauts de transparence dans les prises de décision, un manque chronique d'information, de consultation et de dialogue qui constituent autant de dérives dans le fonctionnement démocratique de notre université.

Pour prendre quelques exemples significatifs parmi d'autres, nous relevons :

  • l'incapacité à envoyer les pièces pour les conseils dans des délais acceptables malgré nos demandes répétées,
  • l'opacité dans les prises de décisions, souvent en cercle restreint et en dehors des instances,
  • l'ignorance ou l'indifférence aux résultats de certains groupes de travail et leur contournement par des travaux antérieurs ou conduits en parallèles par de petits comités (groupe de travail « Masters enseignement » par exemple),
  • la sous-utilisation ou la non-consultation du Comité Technique Paritaire sur des questions relevant de sa compétence (par exemple la politique des emplois ou les critères d'affectation des primes),
  • l'absence de commission des emplois qui se fait cruellement sentir pour une élaboration collégiale des décisions en cette matière.

Nous n'évoquerons pas plus avant le projet d'Assemblée consultative des docteurs dans laquelle nous sommes très nombreux à voir un risque très sérieux de discrimination et une entreprise inutile aussi longtemps que les conseils n'auront pas un fonctionnement satisfaisant.

Nous semble tout aussi inquiétante la liste des obligations non tenues, à savoir :

  • la non-convocation du congrès pour le débat d'orientations budgétaires, qui aurait dû être saisi avant le Conseil d'Administration conformément aux statuts de l'Université,
  • l'absence, après un an de fonctionnement, de règlement intérieur du CA et des conseils,
  • l'absence de bilan social pourtant statutaire.

Ce dernier point nous paraît d'autant préjudiciable que les conditions de travail des personnels se sont considérablement dégradées depuis la fusion. Le projet d'établissement commun et les assemblées constitutives de l'Université de Strasbourg nous promettaient d'aller vers le mieux disant des trois universités. On peut s'interroger sur ce qu'il en est réellement aujourd'hui au travers d'un certain nombre de questions :

  • Qui oserait aujourd'hui ne pas reconnaître la sous-évaluation permanente des charges en moyens de personnels pour de trop nombreuses missions, tant au niveau des services centraux que dans les composantes et laboratoires ?
  • Qui pourrait ignorer le caractère néfaste de la pression du « toujours plus tout de suite » avec des changements de cap de dernière minute ?
  • Qui peut accepter aujourd'hui que sur plusieurs milliers de non-titulaires, contractuels et vacataires, enseignants ou BIATOSS, sans lesquels notre université ne fonctionnerait pas, près de 200 d'entre eux puissent se passer de la reconnaissance d'un véritable statut qui exige aujourd'hui la création d'une convention collective ?

Monsieur le président, mesdames et messieurs les vice-présidents, monsieur le premier vice-président, monsieur le secrétaire général, à tous ces problèmes et à bien d'autres encore, il vous incombera cette année d'apporter remèdes et solutions qu'il aurait fallu mieux anticiper dans le cadre de la fusion.

Les améliorations que les personnels et les étudiants attendent n'existeront pas sans une écoute de tous par tous, un véritable dialogue social dont l'exécutif n'a pas encore su favoriser le développement.

Les organisations syndicales ne sont ni des adversaires, ni des opposants qu'il s'agirait de contourner. Elles sont constituées d'élus et de représentants qui entendent agir, avec les personnels, avec responsabilité et détermination pour une Université plus humaine et plus démocratique.

Agir Ensemble pour une Université Démocratique
(SUD Education UDS, SNESUP-FSU, SNCS-FSU, SNTRS-CGT, SES-CGT, SNPREES-FO)