Les promoteurs de la candidature IDEX Lille se félicitent d’avoir obtenu un I-site ! Et pourtant...

Publié le : 04/04/2017

 

Communiqué du SNESUP-FSU de l’Académie de Lille du 3 Avril 2017

La candidature lilloise à l’IdEX a remporté un I-Site, au motif, selon le secrétaire d’État, que le périmètre d’excellence était trop restreint. Trop restreint, à notre sens, en raison du nombre d’enseignants-chercheurs impliqués (seulement 34%) et de la sous-représentation des Sciences Humaines et Sociales (Droit-Economie-Gestion compris). En d’autres termes, ces concours pour obtenir des financements PIA ne reposent pas seulement sur l’opposition des territoires entre eux en les plaçant en concurrence les uns à l’égard des autres. Ils établissent également une concurrence entre les secteurs disciplinaires en plaçant leurs personnels BIATSS et enseignants-
chercheurs en situation de faiblesse par rapport à leurs collègues d’autres secteurs disciplinaires alors même qu’ils gèrent le plus grand nombre d’étudiants.

Les promoteurs du projet se veulent rassurants : la rente annuelle sera identique et le projet reste le même. Et pourtant, les attentes vis à vis des I-Sites (cf site de l’ANR) se distinguent de celles des IDEX. En effet, les premiers « seront caractérisés par la capacité des porteurs à développer, dans leur palette thématique, des coopérations fortes et particulièrement efficaces avec le monde économique, et à mettre en œuvre des actions innovantes de recherche partenariale, de développement de l’entrepreneuriat et de formation professionnelle, initiale et continue ». L’ancrage est donc nettement fondé sur les relations avec les entreprises et la recherche « appliquée ». IDEX ou I-Site, cela ne change rien au périmètre restreint arrosé par les financements ; cela n’augmente pas non plus le nombre d’emplois de titulaires. Toutes les universités candidates n’utilisent actuellement pas leur plafond d’emplois de titulaires faute de masse salariale suffisante. Il en sera de même demain, avec sans doute un peu moins de gel sur le périmètre d’excellence et un peu plus ailleurs. Pour les précaires de l’ESR, I-Site ou IDEX, c’est en effet pareil !

Maintenant que le projet déposé est enfin accessible aux élus des conseils et aux personnels, nous avons pu prendre connaissance du dossier et de nouvelles questions se posent :

- Que coûtera la mise en place de « Tenure Tracks » sur le modèle anglo-saxon et surtout la « régularisation » des lauréats après leur période d’essai de 5 ans ? Quels sacrifices budgétaires les universités impliquées dans le projet seront-elles amenées à faire ? Au détriment de quelles autres missions ?

- Par qui seront accréditées les « graduate schools » et délivrés leurs « diplômes » spécifiques ? Cette conception super-sélective des formations répond-elle aux besoins des étudiant.es et de la société civile ?

- Que sera cette « université Lille Nord Europe » promise à échéance de 8 ans pour laquelle Fabienne Blaise, coordinatrice du projet, reconnaît que la structure juridique souhaitée n’existe pas actuellement ? Elle évoque à la presse une évolution qui s’appuierait sur le rapport de l’IGAENR de M Cyterman publié en novembre 2016. Ce
rapport ne parle pourtant que d’aménagements pour les grands établissements et pour les COMUE. Verra-t-on un grand établissement qui userait des dérogations pour concentrer plus de pouvoirs discrétionnaires entre les mains d’un président, pratiquer une libre tarification des frais d’inscription et la sélection des étudiants ? Irons-nous vers une COMUE élargie ? Pense-t-on sérieusement que « l’État [ouvrira] les portes juridiques pour permettre (...) ce projet » comme l’indique le dossier de candidature ?

Pour le SNESUP de l’Académie de Lille
Ses coordinateurs,
Jerôme Burési et Christophe Vuylsteker