Dès la rentrée prochaine, afin de s'inscrire dans le plan de retour à l'équilibre budgétaire concocté par la présidence et le rectorat, l'offre de formation devra être réduite d'environ 10% (soit 40.000 heures). Cette réduction s'accompagne de la fermeture de 20 formations accréditées (voir la liste détaillée), par exemple la L3 "Management du sport", la licence d'italien et le master MEEF Lettres Classiques (après avoir fermé la licence en septembre dernier), etc... Le master REVI (en italien), pourtant intégralement mutualisé, et ne présentant donc pas de coût supplémentaire, sera lui aussi fermé.
Les étudiants concernés par les fermetures de formations doivent se réorienter très tardivement, sans accompagnement. D'autres fermetures sont encore envisagées et pourraient n'être annoncées qu'en septembre...
Les économies portent également sur la campagne d'emplois, avec un écart très important entre les besoins de postes émis par les composantes et les postes ouverts. Il est également prévu une nouvelle réduction significative des supports d'ATER, ainsi qu'une réduction des vacations d'enseignements. Ces vacations peuvent correspondre à un sous-encadrement (dus à des gels de postes), ou à la nature même des enseignements en licence ou master pro qui requièrent l’intervention de professionnels. On touche là aux contradictions d’une logique purement comptable de réduction des ressources, à laquelle nous nous opposons au nom de la sauvegarde de la qualité des enseignements et du maintien de conditions de travail acceptables.
Alors que le nombre de vœux pour la rentrée prochaine dans Admission Post Bac est en augmentation de plus de 10% par rapport à 2016-2017, ces restrictions budgétaires vont mécaniquement augmenter le nombre d'étudiants par amphi, par TD, et avoir un impact sur les chances de réussite. Les étudiant.e.s, qui connaissent, pour beaucoup, déjà des TD surchargés et des amphis bondés, vont ainsi devoir faire face à des conditions d'études encore plus difficiles, ce qui rendra leur réussite encore plus inaccessible (le taux de passage en L2 en 2016 à l'Université de Bourgogne n'était déjà que de 39,8%). Cette incapacité croissante à prendre en charge dignement les étudiants est de plus en plus mal vécue par les personnels de l'UB, tant elle va à l'encontre de leur éthique professionnelle.
Les économies ne concernent pas que les formations: les personnels BIATSS et la masse des non titulaires employés de façon de plus en plus précaire sont également touchés, en contradiction là encore avec l’affichage d’une prise en compte de la souffrance au travail. Rappelons que la première des souffrances est d’être toujours sous la menace de perdre son emploi !
Lors de la dernière CFVU1, des précisions ont été demandées par nos élu.e.s afin d'apprécier les niveaux d'efforts relatifs des différentes composantes. Mais ces informations ont été jugées non pertinentes par l'équipe de gouvernance. Il n'en demeure pas moins que nous aurions pu avoir un bilan sur l'année écoulée laissant apparaître les efforts réalisés par chacune d’entre elles. Des éléments de chiffrage permettant de voir où auraient porté les efforts n'ont pas été dévoilés, laissant imaginer des arrangements inéquitables.
La carte des formations, ainsi que l'intégralité des fiches filières, ont été soumises au vote. Nos élu.e.s ont découvert en séance que certaines fiches filières soumises au vote n'étaient pas celles qui étaient remontées par les composantes. La présidence a refusé de donner la liste des fiches filières modifiées. Le vote sur l'offre de formation est passé avec une faible majorité: 20 pour, 14 contre, 1 abstention. Nos élu.e.s ont manifesté leur indignation de ne pouvoir réaliser pleinement leur mission de contrôle dans ces conditions, et ont voté contre. Une partie de l'assemblée n'a pas semblé s'en émouvoir.
Néanmoins quelques remarques critiques ont pu poindre en ce qui concerne les enseignements transversaux qui sont souvent les premiers touchés par les mesures d'économie: C2i (certificat informatique et internet), cours CM transformés en TD de manière complètement illégale, cours dégroupés en première année qui le seront à nouveau, allant à l’encontre des objectifs de réussite en licence. A croire que les difficultés des primo-arrivants dans les cours d'amphi ne sont pas réelles !
Mais ce n'est pas tout: on nous a expliqué que le retour à l'équilibre budgétaire est une chose, mais que l’université devrait en plus rétablir un ratio entre investissement et fonctionnement de 20/80, alors qu'il est de 15/85. Ceci signifie que les efforts demandés au titre du redressement sont loin d'être terminés et qu’ils devraient essentiellement porter sur la campagne d’emplois.
Ni la réduction du nombre de factures, ni la fermeture de la serre (90.000 euros) ou d’une cantine (100.000 euros) ne suffiront à combler l’écart. Les campagnes d’emplois risquent d’être de plus en plus « blanches »2. Cela ne manquera pas de peser sur le fonctionnement des UFR et des laboratoires, avec un découragement évident des prétendants au doctorat.
Selon le Président, nous aurions été trop attractifs dans les années 2000, et nous n'aurions pas réduit l'offre de formation autant qu'il aurait fallu. Nous serions victimes de notre succès et de notre application à assurer le rayonnement de notre université alors que l’État l'a structurellement sous-dotée.
Lors du débat, on a tenté de nous convaincre qu'on pourrait faire autant avec moins... argument éculé que les zélotes de l'austérité budgétaire invoquent comme un mantra, mais auquel ils ne croient même plus. Ainsi, le Président nous a carrément dit qu’on ne pourrait aller plus loin dans la réduction des moyens pour la formation sans dénaturer sa qualité.
Face à ces difficultés, les orientations proposées par A. Bonnin et son équipe paraissent au mieux indigentes, au pire dangereuses. Ainsi, les espoirs mis dans l'usine à gaz que constitue l'I-SITE, les actions du PIA3, le développement à marche forcée des formations payantes pour accroître les fonds propres..., conduisent l'université sur une voie de dépendance de plus en plus forte vis-à-vis des forces économiques privées. Beaucoup d’argent est ainsi affecté pour les formations nouvelles, sous prétexte qu'elles seraient plus pertinentes car nouvelles (argument imparable !) tandis qu'on assiste à une mise en coupe réglée pour les formations qui ne répondraient pas immédiatement aux injonctions du marché de l'éducation.
Il faut redire que la logique de mise à disposition de l’université aux besoins locaux de courts termes n'a pas de pertinence économique: elle n'est qu'une rustine pour faire face au désengagement de l’Etat. De surcroît, la réduction de la qualité des formations se traduira par une montée des échecs ou une dégradation du niveau des diplômes. Cette tendance conduira à une augmentation des inégalités sociales et territoriales, remettant en cause le lien social et faisant le lit du Front national.
Il est temps de mettre l'Etat devant ses responsabilités et de l'inciter à changer le mode de financement de l'ESR: moins d'argent dans le PIA, les structures en -EX, I-SITE, et plus d'argent public pour la formation des étudiants et la recherche.
Nos organisations syndicales réclament depuis des années une augmentation de la part du budget de l'ESR dédiée aux universités et aux organismes de recherche. Cette augmentation est possible, notamment par le biais d'une réforme du Crédit Impôt Recherche (6 milliards d'euros par an). Au niveau local également des marges de manœuvre sont possibles: budget réception et communication (1.5 millions d'euros en 2015), primes pour l'équipe de gouvernance (176.771 euros en 2016, montant maintenu au centime près en 2017 !), cadeaux au MEDEF local (10.000 euros et une salle gratuite pour son université d'été chaque année depuis trois ans), etc.
Pour exiger une autre politique que cette cure d'austérité, alors que d'autres choix sont possibles, nous appelons personnels et étudiant.e.s à manifester lors du Conseil d'Administration de l'université le 29 mai prochain.
Lettres et philo
- Licence lettres classiques
- MEEF Lettres à distance
- M2 parcours FLE à distance
- M2 Sciences du langage CFOAD
Langues et communications:
- LLCER1 Italien
- Master REVI Italien
- MEEF Italien
- Master e-langues
- ISC (parcours anglophone du master communications)
Sciences et Techniques:
- parcours Web, Mobile et Multimedia du Master Informatique
- Master Automatique industrielle
SVTE:
- Master A3DD
- Master GIAA
IUVV:
- LP CSEV (Macon)
STAPS:
- L3 management du sport
- Master P3SL
IUT Dijon:
- Année spéciale GEA
- AS IC
- Rentrée décalée GACO
- Rentrée décalée STIC
IUT Creusot:
- LP M2AC
ESPE (contre l'accord de la composante):
- MEEF Lettres classiques
- Réduction importante pour la rémunération du suivi de stagiaires dans les établissements