Annonces Assises FLE/FLS

Publié le : 23/11/2004


LANCEMENT DES ASSISES DU FRANÇAIS LANGUE ÉTRANGÈRE/FRANÇAIS
LANGUE SECONDE (FLE/FLS) :
STATUTS, FORMATION et AVENIR
(26 Janvier 2005)


Constats

Il devient urgent de réfléchir collectivement en France sur la
politique de diffusion et d’enseignement de notre langue à l’étranger,
ainsi que sur la politique d’accueil vis-à-vis de ceux qui souhaitent
s’intégrer en France en apprenant notre langue.
Il n’y jamais eu de débat au Parlement sur l’avenir de notre
langue ni sur le destin des autres langues parlées en France. Malgré
une réduction constante de la diversification des langues enseignées
dans l’enseignement secondaire, aucune réflexion n’a été
engagée sur le Contrat d’Accueil et d’Intégration
(CAI) et encore moins sur la reconnaissance statutaire et institutionnelle du
métier d’enseignant en FLE/FLS, tant dans le secteur public que
privé. Les personnels formés, spécialisés, diplômés
sont le plus souvent, et depuis longtemps des « saisonniers permanents
».

Quelques chiffres

– L’ONU a révélé en 2000 que le vieillissement
de la population française devrait vraisemblablement conduire notre pays
à faire appel à plus de 20 millions d’immigrés d’ici
2025, dans l’hypothèse où l’État souhaiterait
maintenir le rapport actuel entre actifs et inactifs.

– Cette année 280.000 demandes d’asile ont été
refusées. On sait par avance que plus d’un tiers resteront sur
le territoire français comme clandestins.

– Dans la seule région PACA, on évalue à plusieurs
centaines le nombre de jeunes clandestins annuels pour lesquels l’Éducation
Nationale est dans l’obligation d’assurer une formation puisqu’ils
sont mineurs.

- Le Contrat d’Accueil et d’Intégration (CAI) devrait en
principe permettre aux 100.000 primo-arrivants annuels de recevoir un accompagnement
personnalisé et une formation linguistique de base en français.
Mais les efforts étant manifestement centrés sur les primo-arrivants,
que faire des personnes déjà installées depuis un certain
temps et ayant des besoins en formation linguistique de base, alors même
que le dispositif « CAI » entraîne, depuis sa mise en place,
la disparition de nombreux dispositifs existants ? En réalité,
l’État se désengage progressivement de ce domaine, et la
régionalisation rend inégal et aléatoire le financement
d’actions de formation.

- Les enseignants des CLIN et des CLA, dont le rôle est d’assurer
l’accueil et l’intégration des élèves dans
le primaire et le secondaire,dans la plupart des cas, n’ont aucune reconnaissance
institutionnelle et statutaire et sont souvent considérés comme
des enseignants de « seconde zone ».

– L’O.C.D.E (Le Monde du 16-09-04) annonce « un léger
progrès » en France dans l’accueil des étudiants étrangers
: « La population des étudiants étrangers est passée
de 7,7% à 10% en quatre ans ». Mais ce critère quantitatif
est-il suffisant pour considérer que notre pays devient de plus en plus
« attractif » pour les étudiants étrangers? Qu’en
pensent les intéressés eux-mêmes ? Qui se charge en effet
de leur accueil ? Quels sont les moyens prévus en locaux et en enseignants
? Il faut rappeler que 68% des enseignants de français dans nos centres
universitaires sont des vacataires « externalisés ».

Quant à l’enseignement du français à l’étranger,
qui concerne le vaste réseau des établissements culturels (Instituts
Français, Centres Culturels et Alliances Françaises) et le réseau
des établissements scolaires de l’Agence pour l’enseignement
français à l’étranger (AEFE), l’Etat s’est
désormais largement désengagé en ne misant de plus en plus,
pour le recrutement des enseignants, que sur les contrats locaux.

Dans un contexte global où formation initiale et formation professionnelle
sont dissociées, les IUFM fragilisés par des remises en cause
périodiques, au moment où l’ on réduit les dépenses
publiques , où l’on diminue le nombre d’enseignants titulaires
en recourant aux précaires, aux contractuels et notamment aux personnels
qualifiés de la filière FLE à l’Université,
la spécialité « FLE/FLS » est devenue un marché
de dupes en grande partie en raison de l’absence de reconnaissance par
les instances légitimantes (absence de CAPES, par ex.). Quel statut pour
les enseignants en FLE/FLS ?

 

Comment réagir ?

- Urgence, d’abord, d’adapter la formation universitaire aux besoins
du terrain (cf. processus définis à Bologne et à Barcelone)
en développant et consolidant les échanges linguistiques et culturels
entre les peuples de l’espace européen et le reste du monde ;

- urgence, ensuite, de donner un statut professionnel décent (répondant
aux exigences actuelles de la politique européenne et du marché
du travail) à ces grandes pourvoyeuses d’emploi en sciences du
langage que sont les formations FLE/FLS ;

- urgence enfin de mettre en place de nouveaux statuts pour ces formations qui
doivent nécessairement accompagner les mutations ethno-socio-démographiques
sous peine de n’avoir plus aucun sens.

Sur des questions aussi graves et urgentes, les Assises du 26 janvier 2005 doivent
ouvrir un débat qu’il n’est plus pensable d’occulter.
Nous en appelons à tous les acteurs du FLE/FLS, quel que soit leur statut,
pour qu’ils participent à ces assises qui doivent marquer un tournant
décisif dans l’histoire longue et tumultueuse du domaine :

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Chantal FORESTAL,
Maître de Conférences ( Université de Provence)
Habilitée à diriger les recherches en Didactologie des Langues
–Cultures

 

 

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