L’insertion professionnelle dans l’enseignement supérieur, un critère à interroger
La question de l’insertion professionnelle des diplômé ·es de l’enseignement supérieur est devenue centrale, à la fin des années 1980. La massification de l’enseignement supérieur dans un contexte de chômage de masse structurel touchant beaucoup les jeunes a conduit à des interrogations sur la professionnalisation des cursus universitaires. Le développement de l’alternance est devenu un de ses corollaires, présenté comme une solution pour l’entrée dans l’emploi de ces jeunes diplômé ·es sans expérience. L’idée reçue, persistante, serait que l’université porterait une part de responsabilité en préparant mal ses étudiant·es au monde professionnel. Cette professionnalisation voulue par le ministère s’inscrit en fait dans une visée adéquationniste des relations entre formation et emploi valorisant une conception des cursus et des maquettes en rapport avec des débouchés professionnels qui correspondraient aux attentes des personnes susceptibles d’embaucher dans le bassin d’emploi. Près de dix-sept ans après le vote de la loi LRU, qui a institué l’insertion professionnelle comme une des missions de l’enseignement supérieur, ce dossier cherche à faire le point.
Il revient sur le processus qui a consacré l’idée selon laquelle l’enseignement supérieur doit organiser ses formations en fonction des attentes des employeurs ; analyse les nombreux biais que comportent les données recueillies par InserSup, le nouvel outil de mesure de l’insertion professionnelle du MESR ; étudie l’évolution des taux d’insertion professionnelle des formations universitaires au cours des dernières années ; et questionne les effets de l’alternance sur les taux d’insertion professionnelle en allant au-delà des critères quantitatifs. L’entretien avec C. Dupuy et F. Sarfati au sujet de l’École 42 (fondée par X. Niel), dont la finalité exclusive est l’accès à l’emploi, clôture ce dossier en interrogeant le projet « politique » porté par cette école.
Dossier coordonné par le secteur Formations supérieures
