Le travail des femmes dans l'enseignement supérieur et la recherche - VRS n° 415 - Hiver 2018

Publié le 20 décembre 2018

 

LE TRAVAIL DES FEMMES DANS L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET LA RECHERCHE

VRS n° 415 - Hiver 2018
 

 

Par Christine Eisenbeis (1) et Anne Roger (2) avec le collectif de rédaction

#Wetoo

Quand on leur donne la parole, les femmes la prennent ! Et elles aussi, #Theytoo, elles ont quelque chose à dire.

Le 6 décembre dernier, une tribune était publiée dans Mediapart, signée par une centaine d’universitaires, femmes et hommes, pour dénoncer les violences sexistes et sexuelles dans l’enseignement supérieur et la recherche (ESR) et appeler à libérer la parole dans cet espace par le biais du #SupToo. Malgré le mouvement #Metoo, la parole des personnes victimes de harcèlement ou agression sexuelle reste en effet difficile, voire impossible, à entendre et faire reconnaître. Le travail est désormais enclenché avec l’association Clashes.

Si nos espaces de travail, université, établissement d’enseignement et de recherche, ne sont pas épargnés par ces violences, ils sont également des lieux où les inégalités salariales et professionnelles entre les hommes et les femmes, l’invisibilité des femmes ou leur difficulté à s’imposer à des postes à responsabilité sont des réalités. De toute évidence, l’académisme universitaire ouvre préférentiellement la porte aux hommes plutôt qu’aux femmes. Les études de genre restent à développer, elles tardent à devenir un axe de recherche digne de financement et de recrutement spécifique. La formation à l’égalité à destination des étudiant·e·s ou des personnels peine à être mise en place alors qu’elle est pourtant devenue obligatoire. Des obstacles de natures diverses se dressent sur la route de l’égalité dans l’ESR, quelques pistes se dessinent pourtant et donnent à espérer.

Les femmes ont beaucoup de choses à dire, dès lors qu’on leur laisse prendre la parole et la pléthore d’articles reçus nous donne déjà la matière pour un futur numéro. Les femmes font des histoires, les femmes font l’histoire, les femmes écrivent leur histoire, elles comptent, elles se comptent. Les femmes discutent, créent, mettent en visibilité des questions souvent occultées et pourtant au coeur de notre travail quotidien : les mécanismes de domination dans le milieu académique et la question du pouvoir, la précarité, les inégalités dans le système de retraite, les primes au mérite qui excluent, le temps de travail, le travail partiel, le télétravail qui « permet » de rajouter une « troisième journée » de travail à la maison, notamment pour les femmes. La politique néolibérale ne met décidément pas les femmes à la fête, malgré les beaux discours et éléments de langage.

Les auteures nous obligent à nous arrêter un instant pour questionner les « évidences ». De belles « disputes » ont émergé, qui font entrevoir des alternatives, y compris syndicales. Les questions qui se posent interpellent et bousculent l’ordre établi. Ces textes se sont nourris des discussions dans nos syndicats, le secteur Femmes de la FSU, le groupe « égalité femmes-hommes » du Snesup-FSU, le groupe « femmes et travail » du SNCS-FSU, le Snasub-FSU et l’institut de recherche de la FSU. Ils alimenteront en retour leur travail et leurs analyses.

On continue.

(1) Christine Eisenbeis, chercheuse Inria, membre du bureau national du SNCS-FSU
(2) Anne Roger, enseignante-chercheure, Laboratoire sur les vulnérabilités et l’innovation dans le sport, Université Claude Bernard Lyon 1, secrétaire nationale du SNESUP-FSU