La lettre aux retraité.e.s n° 129 - Février 2022

Publié le : 11/02/2022

 

 

 

Ce papier est écrit au moment où dans le livre « Les fossoyeurs », Victor Castanet a révélé le scandale du groupe privé d’EHPAD Orpea. Le journaliste dépeint la maltraitance subie par certain-es pensionnaires (escarres non soignées ; pas plus de trois couches par jour, dénutrition). La volonté de rentabiliser le groupe et d’attirer des investisseurs en bourse, se traduisait par des personnels en nombre bien trop insuffisant et une réduction extrême des dépenses du quotidien. V. Castanet pointe aussi le détournement d’argent public et la tromperie envers les familles de résident-es qui paient jusqu’à 7 000 € par mois. De tels faits inadmissibles avaient déjà été signalés dans le groupe Korian, notamment par les personnels. La situation est tellement grave que le gouvernement a dû diligenter une enquête administrative et financière – qui semble bien insuffisante –, qu’une action de groupe devrait être entamée en justice par des familles de pensionnaires et que des syndicats envisagent une action en justice.

Le quinquennat devait être marqué par la discussion et le vote d’une loi « Grand âge », qui a été abandonnée. Pourtant il y a urgence à trouver des solutions permettant aux personnes âgées, voire très âgées, de vivre dignement, que ce soit à domicile – ce qu’elles souhaitent de plus en plus – ou en établissement. En finir avec les situations précédemment évoquées suppose un tout autre cadrage règlementaire des EHPAD (création, financement, contrôle, …) et des personnels en nombre suffisant. Par ailleurs, alors que d’autres pays ont, par exemple, développé le concept d’habitat partagé, la réflexion sur ce point ne concerne en France que très peu de personnes, voire relève de l’initiative individuelle. Peu de choses sont faites pour les aidantes, alors qu’ils et elles sont de plus en plus souvent retraité-es. Il serait temps que les personnes âgées et très âgées (29 995 centenaires fin 2021 et 140 000 estimés en 2050) ne soient pas considérées comme de la « silver économie », mais comme des êtres humains, qui ont une place dans la société et des besoins spécifiques (aménagement de l’habitat, suivi médical, vie sociale, …). Cela passe par un système de soins adapté, des aides spécifiques tant humaines (aide aux gestes du quotidien, maintien de la vie sociale, etc) que pratiques (petit bricolage, courses, cuisine, entretien de la maison …). Quant au parcours administratif pour obtenir certaines aides ou comprendre ce à quoi on peut prétendre, il est outrageusement long (6 à 8 mois dans certaines Maisons Départementales des Personnes Handicapées) et trop complexe (documents à fournir), allant souvent de pair avec la fracture numérique

Et, pour vivre dignement, il faut voir la place des retraité-es reconnue dans la société. Cela passe par des pensions et retraites à la hauteur des besoins. Comme pour les autres catégories de retraité-es (dont 1 million au-dessous du seuil de pauvreté de 1 102 € pour une personne seule), le pouvoir d’achat des enseignant-es du supérieur baisse du fait de l’absence de revalorisation ou d’une infime revalorisation des pensions (1.1% cette année, bien inférieur à l’inflation), alors que certaines dépenses incompressibles ne cessent d’augmenter depuis des années (fluides, cotisation MGEN par exemple) et que l’inflation concernant notamment les produits alimentaires a repris pendant la pandémie de COVID 19.

Les conditions de vie des retraité-es, la reconnaissance de leur rôle social, ne sont guère évoquées dans la campagne présidentielle, … Seule la question de l’âge de la retraite vient régulièrement dans les interventions des politiques, avec une volonté de l’augmenter (64 ans ou plus), ajoutant quelquefois une expression sur le minimum de retraite. Il nous faut nous exprimer pour qu’enfin nos revendications soient prises en compte dans la prochaine mandature.

 

 

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