La Lettre aux retraité.e.s n° 123 - Janvier 2020
Cet édito est écrit au moment où les projets de loi du gouvernement concernant les retraites ont été dévoi-lés et où Édouard Philippe a annoncé le « retrait provi-soire » de l’âge pivot. Mais cela ne change rien aux ob-jectifs gouvernementaux : faire baisser les retraites et faire croître l’âge de départ en retraite. En fait, qu’on l’appelle âge pivot ou âge d’équilibre, cette clause n’est pas écartée. Car la loi organique (Article 1) inscrit dans le marbre l’obligation que les comptes du nou-veau système soient équilibrés sur 5 ans glissants, charge au PLFSS1 de déterminer les conditions d’apu-rement de la dette le cas échéant. Comme le patronat ne veut pas augmenter ses cotisations, que l’État bais-serait substantiellement sa participation sur 15 ans (Article 18 du projet de loi), que les cadres ne verse-raient plus de cotisation au-delà de 3 plafonds de la sécurité Sociale (10 000 € par mois) et que théorique-ment les retraites déjà liquidées ne pourraient être baissées, l’âge de départ serait en ligne de mire et les taux de remplacement en berne. De plus, beaucoup d’aspects sont renvoyés à des ordonnances. Enfin, l’Article 64 promeut explicitement la capitalisation … Le gouvernement ne compte présenter de vraies simu-lations que 6 mois après le vote de la loi, raison de plus pour refuser ce projet. En Belgique, ce sont les simula-tions qui ont contraint le gouvernement à renoncer. Ce projet de réforme à points reste toujours aussi dan-gereux ! Il faut le retirer et améliorer le système ac-tuel, par exemple en prenant en compte les années d’études et de thèse ou de travail à l’étranger, les pé-riodes de précarité et les inégalités Femmes/Hommes, ce que le gouvernement refuse.
Face à un pouvoir arcbouté sur son projet, d’impor-tantes mobilisations se développent avec grèves et manifestations depuis décembre 2019.
Le mouvement est soutenu par une majorité de la population. Les retraité.e.s y ont pris leur place avec une banderole unitaire du groupe des neuf à Paris le 9 Janvier), se réjouissant de la pré-sence de nombreux jeunes dans le cortège. Le gouvernement persiste dans son intention de mettre en oeuvre son projet, quitte à utiliser des procédures limitant les discussions au Parle-ment et à s’engager dans une escalade de la répression policière (charges, gazages et tirs de grenades ou LBD) visant aussi les cor-tèges syndicaux.
D’autres questions interpellent aussi les retraité.e.s. La revalori-sation différenciée de 0,3 % (pour la majorité d’entre nous) à 1 % (pour les pensions inférieures à 2 000 €) pour 2020 reste bien inférieure à l’inflation prévue à 1,4 %. Pourtant, des augmenta-tions arrivent : complémentaires santé, dépenses de santé (dé-passements d’honoraires), logement, … et le taux du livret d’épargne va baisser à 0,5 %. La situation dans le domaine de la santé ne s’améliore pas : déserts médicaux, restructuration hos-pitalière public/privé touchant les EPHAD, accès au médicament 2, difficultés à mettre en oeuvre la réforme des études de santé sans moyens … Les hôpitaux restent dans une situation critique (cf. lettre collective de démission de 1200 médecins hospitaliers. Des services publics continuent de fermer : bureaux de Poste, centres des impôts, …
Si le pouvoir d’achat, la baisse du niveau de vie restent au coeur des mobilisations de nombre de retraité.es, selon les sondages, seule une part d’entre elles/eux fait le lien avec la réforme des retraites et les risques qui pèseraient sur les retraites des géné-rations futures, mais aussi probablement sur les nôtres. Il est de notre rôle d’universitaires de continuer à apporter des explica-tions sur les enjeux de cette réforme et de favoriser le dévelop-pement des mobilisations des jeunes, des actif/ve .s et des re-traitées.
Michelle LAUTON
16 Janvier 2020
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