Thème 2 (Angers 2025) – Revitaliser la démocratisation de l’enseignement supérieur

Publié le 2 septembre 2025

Congrès SNESUP-FSU 2025

Thème 2 : « Revitaliser la démocratisation de l’enseignement supérieur »

 

La croissance démographique consécutive au baby-boom de l’an 2000 – qui s’est poursuivi jusqu’en 2014 – a conduit à une augmentation du nombre d’étudiant·es accueilli.es dans l’enseignement supérieur. Cependant les moyens dévolus par l’État à l’enseignement supérieur public n’ont pas progressé, ne lui permettant pas de répondre à cette augmentation. En conséquence, cette massification ne s’est pas accompagnée d’une démocratisation de l’accès à l’enseignement supérieur public mais a conduit à un développement sans précédent de l’enseignement supérieur privé. Dans le même temps, la diffusion de l’Intelligence Artificielle Générative (IAG) questionne nos métiers. Aussi, le congrès du SNESUP-FSU se mandate sur les moyens d’une démocratisation du service public de l’enseignement supérieur inclusive, égalitaire et sans discrimination sur l’ensemble de notre territoire. Le thème “Revitaliser la démocratisation de l’enseignement supérieur” se décline en 4 chapitres : promotion de l’enseignement supérieur (ES) public et réduction de l’ES privé, lutte contre les inégalités et les discriminations, démocratisation et Intelligence Artificielle Générative (IAG).

Contribution du service public de l’enseignement supérieur et de la recherche à la démocratisation de l’accès aux formations et aux qualifications.

Le SNESUP-FSU rappelle son mandat de droit à la poursuite d’études, dans la formation de leur choix, pour tous et toutes les étudiant·es qui le souhaitent.

Pour le SNESUP-FSU seul le cadre d’un service public de l’Enseignement supérieur peut assurer la démocratisation de l’accès à l’ES, ce qui implique que les dépenses découlant de nouvelles réglementations et des décisions politiques soient intégralement couvertes par la subvention pour charge de service public (SCSP). Le SNESUP-FSU organisera une campagne interne et externe pour communiquer sur les apports de l’ESR public à la démocratisation de l’accès aux études et de la réussite des étudiants (intérêt général, gratuité, qualité, continuité, universalité, …).

La complexité et l’éclatement de l’organisation de l’ES suite aux différentes réformes depuis la loi LRU, sont un frein à la démocratisation. Le SNESUP-FSU rappelle son mandat de suppression de la loi LRU. 

Les antennes universitaires de proximité jouent un rôle important dans la démocratisation en étant un premier lieu d’accès à l’ES pour les populations les plus éloignées des centres universitaires. Le SNESUP-FSU s’oppose à toute velléité de fermeture de ces antennes pour des raisons d’austérité budgétaire.

Pour que la démocratisation puisse être effective un certain nombre de conditions matérielles doivent être remplies : une allocation d'autonomie doit être attribuée à toutes et tous les étudiant·es pour leur permettre de financer notamment leur logement et leur alimentation, leur transport, leur santé, leur matériel pédagogique et leurs loisirs. Le SNESUP-FSU revendique également le développement d’un programme de construction de résidences étudiantes CROUS ainsi que la généralisation des repas à 1€ pour toutes et tous.

Réduction de l'enseignement supérieur privé

Le SNESUP-FSU rappelle que le terme Université doit être réservé aux établissements ayant des statuts d’université au sens du code de l'Éducation.

L’accréditation et la multiplication des établissements publics expérimentaux (EPE) dérogeant au code de l’Éducation et incluant des établissements privés, favorise la porosité privé/public en permettant aux établissements supérieurs privés qu’ils intègrent, de délivrer des diplômes nationaux. 

Le SNESUP-FSU exige de revenir à l’habilitation et que seuls les établissements publics relevant du code de l'Éducation puissent délivrer des diplômes nationaux. En conséquence, il revendique la nationalisation, sans rachat ni compensation des EESPIG. Le SNESUP-FSU se donne un mandat d’étude pour assurer le devenir des personnels de ces établissements. 

La territorialisation de l’enseignement supérieur qui est en cours et les nouveaux contrats d’objectif de moyens et de performance portant sur 100% de la subvention pour charge de service public renforcent le pouvoir des collectivités territoriales dans la construction de l’offre de formation. Nous constatons que celles-ci favorisent le développement des formations privées plutôt que de subventionner l'enseignement supérieur public. Le SNESUP-FSU rappelle que le financement des universités ne relève pas des prérogatives des collectivités territoriales, l'Etat doit en assumer la responsabilité et assurer une égale répartition entre les universités.

Le SNESUP-FSU engage dès à présent une campagne pour dénoncer le marketing trompeur de certaines formations privées (moindre taux d’encadrement, moindre qualification des équipes pédagogiques, absence de recherche, maquettes avec peu d’heures de cours, recours massif au distanciel et au stage notamment à l’étranger, …).

Inégalités et discriminations 

Pour le SNESUP-FSU, l’université doit pouvoir accueillir et faire réussir tous les publics, sans discrimination (genrée, sociale, ethnoraciale et validisme). Cela passe par la suppression des outils de sélection que sont les plateformes Parcoursup et MonMaster. 

Dans un contexte où la pression sur l’insertion professionnelle est mise sur l’ensemble des enseignant.es (E) et enseignant·es-chercheur·es (EC), le SNESUP-FSU rappelle son mandat de la double finalité des formations et des diplômes pour l’insertion professionnelle et la poursuite des études. La démocratisation de l’enseignement supérieur public passe aussi par la diversité des voies de réussite et le développement des filières technologiques et professionnelles.

Il importe également d’améliorer l’accompagnement des étudiant·es en situation de handicap (visible comme invisible) en allant au-delà des discours. Cela impose notamment des moyens humains d’accompagnement de ses étudiant·es et la mise en place de formations pour les E et les EC.

La mixité, l’interculturalité et l’accueil des étudiant·es étranger·ères dans toutes les promotions est à promouvoir pour la réussite de toutes et tous. Le SNESUP-FSU dénonce l’opacité du processus de recrutement via Campus France ainsi que les frais d’inscription différenciés pour les étudiant·es étranger·ères qui les discriminent en fonction de leur solvabilité.

Les inégalités non seulement dans l’accès au savoir mais encore dans son appropriation (rapport à l’écrit par exemple) exigent une formation des EC et des E à des questionnements didactiques et pédagogiques permettant d’assurer la réussite de tous et toutes les étudiant·es. Au sein des universités, les INSPE ont l’expertise sur ces questions et ont pour mission de former les enseignant·es universitaires notamment à ces enjeux d’inclusion et de non discrimination.

Démocratisation et Intelligence Artificielle Générative (IAG)

Le développement de l’IAG ne doit pas creuser les inégalités ni accentuer les discriminations. Pour cela, les outils mis à disposition faisant appel à l’IAG ne doivent pas être conçus, développés et implantés en dehors des établissements. Syndicalement, nous devons tous et toutes être associé·es à l’élaboration de son cahier des charges afin notamment de prendre en compte la nécessité de l’ouverture, du contrôle et de la maîtrise des données comme des impacts écologique ou déontologique. Cette mise en place des outils doit recueillir l’accord des personnels et des étudiant·es.

Par ailleurs l’IAG a déjà des conséquences sur nos métiers, nos missions et l’appropriation des connaissances par les étudiant·es, avec à terme un risque d’automatisation et de standardisation des pratiques pédagogiques. Il est primordial de former les personnels aux risques et opportunités de l’IAG et de former les étudiant·es : 

  • à l’utilisation de l’outil de manière à corriger les inégalités sociales ;

  • au-delà de ses usages (apprendre à rédiger une requête), à construire une pensée critique sur ces dispositifs.

Comme pour toute introduction d’une nouvelle technologie susceptible de générer des gains de productivité, il nous appartiendra syndicalement de revendiquer que ces gains profitent à l'amélioration des conditions de travail des collègues et ne soient pas une source d’intensification de la charge de travail.

Le SNESUP-FSU s'oppose à toute tentative de remplacement des E et EC par une IAG, qui n’offre qu’un simulacre de formation.

 

Vote : 0 NPPV ; 6 ABST ; 3 CONTRE ; 72 POUR