Relancer la démocratisation de l'enseignement supérieur

Publié le : 17/06/2012


Relancer la démocratisation de l'enseignement supérieur

par Emmanuel Zemmour, président de l'UNEF

Une véritable politique de rupture suppose que soit garanti à chaque jeune un droit à étudier dans des conditions acceptables. Cet objectif implique la révision de l'ensemble de la loi LRU et la refonte de l'architecture des premiers cycles.

Le quinquennat qui s'achève a été ponctué de nombreuses mobilisations de jeunes. Chacune de ces mobilisations exprimait une même volonté : celle de rompre avec un modèle de société qui préfère économiser au présent plutôt que de miser sur sa jeunesse.
Le changement de pouvoir est aussi le fruit de cette volonté de transformer la société en profondeur propre à notre génération. Pour autant, l'alternance ne porte pas en ellemême toutes les réponses attendues par la jeunesse et le rôle du mouvement social sera déterminant pour faire entendre nos
priorités syndicales et imposer une véritable politique de rupture avec le dernier quinquennat. Nous attendons un nouveau mouvement de démocratisation de l'enseignement supérieur, à l'image du formidable effort de massification entrepris dans les années 1960. En particulier, deux chantiers portés par les étudiants ne pourront être contournés par le prochain gouvernement : la création d'un statut social des jeunes en formation, et la réforme en profondeur du service public d'enseignement supérieur. La création d'un statut social pour les jeunes en formation doit garantir à chaque jeune un droit à étudier dans des conditions acceptables par la mise en place d'une allocation d'autonomie universelle : en 2017, plus aucun étudiant indépendant financièrement de sa famille ne devra avoir à occuper un emploi salarié en même temps qu'il étudie. Malgré un contexte de contraintes budgétaires, c'est dès 2012 qu'il faudra franchir le premier pas, par la négociation d'un plan social étudiant qui remette à plat l'ensemble du système d'aides sociales ainsi que le principe injuste de la demi-part fiscale.

Rompre avec un système élitiste 

 

En ce qui concerne la réforme de l'enseignement supérieur, les étudiants attendent une rupture profonde avec le système élitiste construit par le précédent
gouvernement. En premier lieu, le financement des universités devra être remis à plat, non seulement pour permettre une répartition des budgets selon les besoins des universités mais aussi pour démarrer le rattrapage du niveau de financement et de taux d'encadrement des écoles. Cette réforme des financements, souhaitée par les étudiants comme par la très grande majorité de la communauté universitaire, ne pourra logiquement être réalisée tant que les processus des Idex ne seront pas stoppés.
Au-delà de l'urgence budgétaire, c'est l'ensemble de la loi LRU qui doit être revu : fin de l'enveloppe globale pour rétablir les fléchages budgétaires, gouvernance plus collégiale et plus démocratique, cadrage national des formations ou encore garantie d'un maillage territorial équilibré sont autant de nécessités pour reconstruire un véritable service public. Enfin, face à un taux d'échec notamment en premier cycle qui n'est jamais passé sous la barre des 40 %, la refonte de l'architecture des premiers cycles sera une priorité étudiante. Au coeur de cette réforme, le principe de spécialisation progressive tout au long du cycle et de pluridisciplinarité devra conférer à chaque étudiant une véritable maîtrise de son parcours universitaire.
Ces deux chantiers majeurs seront l'objet de toute l'attention des étudiants et c'est à l'aune de leur avancée qu'ils jugeront de l'action du nouveau gouvernement.
Cependant l'ambition de voir notre enseignement supérieur véritablement transformé ne fera pas oublier aux étudiants les urgences immédiates. Parmi ces dossiers brûlants qui devront être traités d'ici la rentrée, les étudiants porteront leurs efforts et les rapports de force sur quatre d'entre eux : la fin du processus des Idex, la réforme de la formation des enseignants et le recrutement immédiat de 5 000 personnels encadrants (enseignants et personnels
IATSS), l'augmentation sensible des bourses (dont la plus élevée atteint aujourd'hui à peine 460 euros par mois) ainsi que la suppression de l'ensemble des mesures Guéant. Le collectif budgétaire prévu pour le mois de juillet, sera une première occasion d'apprécier le degré d'écoute et de compréhension
du nouveau gouvernement quant aux priorités étudiantes.