Recherche et besoins sociétaux majeurs
Recherche et besoins sociétaux majeurs
par Marc Delepouve, responsable du secteur International
En raison de la concurrence économique internationale acharnée et de l’absence
de volonté politique, des besoins majeurs sont laissés sans réponse.
Il est urgent de proposer des modèles alternatifs en mesure d’affronter la crise
économique, sociale et démocratique dans laquelle est plongée l’UE.
L’emprise des marchés
Des modèles alternatifs
Dans le même temps, dans le domaine de l’énergie le déficit commercial de l’UE dépasse largement 200 milliards d’euros. Ceci résulte de l’absence de volonté politique dans le domaine de la recherche et du développement de modes d’énergie qui, tout en étant bien moins polluants que les énergies fossiles ou nucléaires, ne nécessitent pas d’importation : solaire thermodynamique à concentration pour les pays du sud de l’Europe, solaire thermique, énergies marines… Face aux périls environnementaux et à la crise économique, sociale et démocratique dans laquelle est plongée l’UE, se présente la nécessité de recherches sur le modèle économique, commercial mais aussi démocratique de l’Europe, sur la conception de modèles alternatifs intégrant ces différentes dimensions, et sur les voies de passage vers ces modèles. Ces questions relèvent du politique, ce qui ne justifie aucunement leur marginalisation au sein de la recherche institutionnelle. Rappelons ici la déclaration mondiale de l’UNESCO, L’enseignement supérieur pour le XXIe siècle (9 octobre 1998), selon laquelle la recherche doit « offrir des points de vue critiques et objectifs destinés à faciliter le débat sur les options stratégiques et le renforcement des perspectives humanistes », « aider à identifier et traiter les problèmes qui nuisent au bien-être des communautés, des nations et de la société mondiale ». Contribuer aux réponses aux problèmes, actuels et futurs, auxquels est confrontée la société nécessite un développement libre des connaissances, dans l’ensemble des disciplines. La contribution sociale et le développement des connaissances constituent le sens de la recherche, son attractivité et la condition de son développement.
Aux antipodes de cette conception, la recherche est toujours plus détournée et asséchée. Nouvelle étape, en France, l’avant-projet de loi de décentralisation et de réforme de l’action publique comportant notamment un schéma régional de développement économique, d’innovation et d’internationalisation. La région serait appelée à être l’unité territoriale de base de l’affrontement économique international. La recherche, réquisitionnée, serait-elle condamnée à se transformer en un régiment d’élite ?
(1) Je me permets de renvoyer à M. Delepouve, Une société intoxiquée par les chiffres – Propositions pour sortir de la crise globale, L’Harmattan, 2011, plus particulièrement pp. 90-97.
(2) Ibid , pp. 111-116