Porter la recherche au coeur des missions du supérieur

Publié le 26 septembre 2008

Porter la recherche au coeur des missions du supérieur - le snesup 567, septembre 2008

Menaçant l’ensemble de la recherche, on trouve dans les projets gouvernementaux la révision des décrets statutaires relatifs aux obligations de service, conditions de travail et de rémunérations des enseignants-chercheurs.


par Jean Fabbri, Sylvie Pittia, Marc Neveu 


La fin de l’année universitaire 2007-2008 a été marquée par l’importante mobilisation des chercheurs et des enseignants-chercheurs contre les projets de démantèlement du CNRS, contre les visions utilitaristes en oeuvre à l’INSERM. Les manifestations, occupations du siège du CNRS ont amené le gouvernement à reculer sur plusieurs choix et sur le calendrier. Ce premier succès en juillet s’appuyait aussi sur la détermination exprimée par les universitaires lors des élections dans les CA des universités, pour la défense du service public, pour mettre en échec les visions technocratiques et managériales de l’enseignement supérieur et de la recherche. Cet été, le ministère a avancé d’autres pions dans sa volonté de pilotage étroit de la recherche. Les annonces budgétaires concernant la nouvelle augmentation du crédit impôt recherche, relatives à l’ANR, comme la pression sur l’emploi public, vont dans ce sens. Il en est de même de la volonté exprimée par la ministre de casser encore plus les instances collectives, collégiales et représentatives de prospective scientifique. Non contente d’avoir limité le rôle du CSRT, d’ignorer un haut conseil, (issu du pacte Recherche), la ministre envisage la constitution d’un nouveau comité exclusivement composé de « sommités scientifiques » ou politiques, nommées pour déterminer les thématiques de recherche « pertinentes » et finançables. Ce mépris de la richesse de la réflexion prospective émanant de la communauté scientifique comme des rythmes propres de la recherche est lourd de sens.


 Menaçant l’ensemble de la recherche, on trouve aussi dans les projets gouvernementaux imminents la révision des décrets statutaires relatifs aux obligations de service, conditions de travail et de rémunérations des enseignantschercheurs. Dans la logique d’économies budgétaires, inscrite dans le très court terme, il s’agit d’alourdir la charge de travail en présence des étudiants du plus grand nombre des collègues. Cette mesure est cohérente avec une forme de spécialisation des établissements qui vise à concentrer sur une dizaine d’entre eux seulement l’ensemble des missions, en particulier de recherche, des universités. Lors de la vague B de contractualisation, nombre de collègues ont été stigmatisés dans leur travail, classés arbitrairement comme « non-publiants » sur la base d’évaluations tronquées, non-contradictoires ; des équipes ont été sévèrement notées là aussi sans pouvoir contre-argumenter ni faire valoir les prises de risque scientifiques. La prochaine contractualisation ne doit pas donner lieu à des injustices aussi flagrantes, voire à des règlements de compte, condamnant non seulement des laboratoires mais aussi l’existence même de la diversité des champs de recherche dans les établissements. Une refonte des conditions d’évaluation est urgente.


 Avec nos collègues chercheurs, avec l’ensemble des personnels universitaires et les étudiants, l’urgence d’une riposte solidaire et cohérente des acteurs de la recherche s’impose.