PEDR2005:l'implosion ?
La PEDR : un dossier explosif.
Mettez la pression en déposant votre recours avant le 31 décembre.
(Madame la Directrice de la Recherche, 1 rue Descartes, 75231 Paris Cedex 05)
Mireille PRIVAT, représentante SNESUP à la Commission de Recours PEDR.
Brest, le 23 novembre 2005.
La PEDR
Les résultats de la campagne concernant les primes d'encadrement doctoral et de recherche (PEDR) sont arrivés dans les établissements et les lettres de réponse chez les candidats.
Cette prime concerne les enseignants-chercheurs ou assimilés (comme les chercheurs en délégation ou les professeurs associés à temps plein) exerçant à temps plein (exception récemment introduite: CRCT- congé pour recherche et conversion thématique). Elle n'est pas cumulable avec une autre prime, ni avec un cumul de rémunération (sauf dérogation dans certains cas très limités). Elle est attribuée sur les bases de l'activité effective du candidat au cours des quatre dernières années civiles et son acceptation entraîne un engagement d'une activité soutenue en recherche pour les quatre années suivant l'attribution de la prime. (voir la note d'information sur la dernière campagne et les textes réglementaires : décret 90-51 du 12 janvier 1990 modifié par le décret 2002-737 du 2 mai 2002 et les différents arrêtés)
Année concernée | PR 1ère classe, classe exceptionnelle et assimilés |
PR 2ème classe et assimilés |
MCF et assimilés |
2004-2005 | 6377,92 ? | 4877,13 ? | 3376,18 ? |
2005-2006 | 6441,86 ? | 4926,03 ? | 3410,03 ? |
Elle est attribuée, ou refusée par le ministre sur proposition de comités d'experts entièrement nommés et qui ne sont connus qu'après la campagne d'attribution. Il y a en un par groupe de discipline. Les critères, élaborés par la direction de la recherche, sont essentiellement quantitatifs : pour un professeur, 2 thèses (ou un cumul de fractions d'encadrement d'au moins 50%) soutenues dans les 4 ans examinés, 4 articles dans des revues de niveau international à comité de lecture, des communications, un rayonnement scientifique ; pour un maître de conférences, une thèse ou 4 DEA (ou un cumul d'encadrement d'au moins 50%), le même nombre d'articles, des communications. Ces critères sont modulables selon les disciplines, l'avancement dans la carrière, l'âge. Ils sont de plus modulables selon des critères financiers. Cela a toujours été vrai, puisque c'est le volume de la ligne budgétaire dévolue aux PEDR qui limitera in fine le nombre de primes. Ce nombre dépend aussi de la répartition entre catégories, puiisque le taux varie selon que vous êtes Maître de conférences, Professeur de deuxième classe ou Professeur de première classe. Le tableau suivant donne les montants annuels pour l'année 2004-2005 (arrêté du 6 août 2004), et l'année 2005-2006 (arrêté du 7 octobre 2005) la prime étant versée en quatre fois, c'est à dire, une fois par trimestre. On voit que, selon que vous donnerez toutes les primes aux Professeurs 1ère classe ou aux Maîtres de conférences, leur nombre passera du simple au double (en gros).
Obtenues dans le cadre d'une revalorisation des carrières qui portait essentiellement sur des primes, la PEDR était censée être touchée par 10 000 collègues sur les 40 000 (environ) de l'époque. Actuellement le nombre est toujours aux alentours de 10 000 (ou un peu plus, à budget constant, on va voir pourquoi) pour une population qui dépasse 50 000. Ça craque de tous les côtés!
Qu'est ce que ça veut dire? Que beaucoup de collègues " remplissant les critères " se voient refuser la prime, se sentent victimes d'une injustice, se découragent, ou s'aigrissent, sont de fait largement sous-payés par rapport au travail fourni. De son côté, le ministère, qui devait primitivement avoir un système de salaire au mérite censé stimuler " la production de docteurs " (en premier) et la recherche (en second), voit cet outil objectivement perdre son effet incitatif (c'est difficile de se sentir incité à entreprendre une démarche dont les résultats sont tellement aléatoires). C'est encore plus vrai dans une période où il est de plus en plus difficile de trouver des thésards.
La campagne 2005. Aspects revendicatifs.
Pendant la campagne 2005, 5375 demandes ont été examinées (contre 5236 l'an dernier), 2507 ont été satisfaites, soit un taux de satisfaction de 46,64%, sensiblement le même que l'année dernière (résultat obtenu de façon particulièrement volontariste, voir commentaires ci-dessous). Plusieurs remarques :
- pendant plusieurs année ce taux a été d'environ 60%, il est tombé à 50, puis à 46%, avec un mécontentement croissant des candidats.
- pour limiter ce mécontentement, la direction de la recherche aurait délibérément incité les comités d'experts à attribuer un pourcentage plus important de primes aux Maîtres de conférences (leurs primes sont moins chères, on peut en donner plus).
On pourrait se réjouir pour les Maîtres de conférences (50 % des demandes), pour lesquels le taux de satisfaction tournait, en 2004, autour de 38% contre 48% pour les professeurs 2ème classe (28% des demandes) et 68% pour les professeurs 1ère classe (18% des demandes). Mais cette mesure n'est qu'un peu de clinquant qui ne saurait masquer la misère.
Nombre de candidats | Nombre de refus | % de refus | |||||||
Campagne | MCF | PR2 | PR1 | MCF | PR2 | PR1 | MCF | PR2 | PR1 |
2004 | 2728 | 1492 | 1016 | 1703 | 774 | 328 | 62 | 52 | 32 |
Le nombre total de candidats par an, même si on doit tenir compte du fait que le renouvellement des primes, pour des raisons historiques, s'étale sur quatre ans, est un reflet de l'autocensure des collègues. En effet, seulement 20% d'entre eux bénéficient d'une prime (résultat des choix gouvernementaux) et seulement 10% en demandent le renouvellement ou la première attribution.
Le nombre de bénéficiaires, même si on tient compte du système parallèle d'autres primes, montre à quelle peau de chagrin se réduit la revalorisation obtenue en 1989. Un collègue MCF me faisait remarquer récemment qu'il avait (hors prime, elle lui est refusée depuis deux ans) le même salaire que sa femme professeur de collège, malgré (hors préparation des concours) cinq ans d'études supplémentaires. Tel autre, PR2, recruté tardivement (aléas des carrières?) ayant fortement contribué à créer un laboratoire dans une université de création récente, satisfaisant aux critères historiques, se demande chaque mois comment boucler son budget, alors que ses enfants sont encore petits (que sera-ce quand ils seront en âge de faire des études?). Ces constatations ne peuvent qu'alimenter nos réflexions sur l'insuffisance du budget de l'enseignement supérieur et de la recherche, comparé à celui d'autres états dits " développés " et qu'aider à l'élaboration d'une remise à plat du niveau et du mode de versement des salaires des enseignants-chercheurs.
Le recours. Le conseil.
A court terme, il faut savoir, comme l'indiquent les lettres de refus du ministère, que tout candidat recalé peut déposer un recours, par simple lettre adressée à Madame la Directrice de la Recherche, 1 rue Descartes, 75231 PARIS CEDEX 05, avant le 31 décembre 2005. Nous conseillons de dégager, de façon concise, les points saillants qui, à vos yeux, justifient le recours (donner aussi les informations éventuellement omises dans le dossier primitif). Nous conseillons aussi d'envoyer un double du dossier déjà examiné. Déposer un recours est une façon de protester contre le système.
La commission de recours est une instance paritaire (mi-partie représentants de l'administration, mi-partie représentants des organisations syndicales). Les possibilités d'intervention sont faibles, dans ce contexte de pénurie, mais tout est fait pour faire avancer le dossier. Envoyez un double de votre recours et de votre dossier primitif au SNESup, Marie-Claude Plantier, 78 rue du Faubourg St-Denis, 75010 Paris.
Par ailleurs, certains groupes d'experts ont élaboré une fiche personnalisée de conseils aux candidats recalés. Le ministère, autre indice de l'état de déréliction du système d'enseignement supérieur français, n'est pas en mesure d'envoyer ces fiches. Il les envoie sur demande. Demandez votre fiche de conseils (MNESR, Sous-direction de la recherche universitaire, Bureau du financement de la recherche, DR-A1, 1 rue Descartes-75231 PARIS CEDEX 05).