Paris-Saclay : l'affront du gouvernement aux universités

Publié le : 18/12/2015


Paris-Saclay : l'affront du gouvernement aux universités

Selon que vous serez puissants ou misérables, les ministres d'État vous financeront ou pas !

Communiqué du SNESUP-FSU et du SNCS-FSU (Le 18 décembre 2015)


Le 15 décembre dernier, à l'occasion d'un Conseil d'administration de l'École polytechnique, trois ministres du gouvernement (E. Macron, J.-Y. Le Drian, T. Mandon) sont venus en personne demander aux écoles d'ingénieurs du plateau de Saclay de leur rendre un « schéma de pôle d'excellence » en mars 2016. Pour E. Macron, il s'agit « de créer un pôle d'excellence au sein de l'Université Paris-Saclay [...], de former des ingénieurs et des docteurs, de faire de la recherche appliquée et partenariale de niveau mondial » ; pour J.-Y. Le Drian, de « créer un regroupement d'écoles [...] ouvert aux différentes entités du plateau de Saclay (université, organismes de recherche) [...] qui devront en partager les valeurs de sélectivité et de gouvernance ».

Tout cela s'appuie sur une lettre de mission pour l'École polytechnique, qui demande, entre autres, de créer un « bachelor » de l'École polytechnique (diplôme à bac plus 3, sélectif et payant - entre 10 et 12000 € -) en lui allouant 12 millions d'euros supplémentaires par an sur 5 ans, pour 2900 étudiants au total, alors que l'ensemble de l'ESR n'obtient que 100 M€ supplémentaires en 2016 pour 2 550 000 étudiants... Ainsi, le gouvernement choisit de financer un petit nombre et de laisser les universités, leur recherche, leurs étudiants et leurs personnels dans un manque chronique de moyens. Il s'agit là d'un affront scandaleux à nos valeurs et à la règle de répartition équitable des moyens sur tout le territoire.

L'argument massue serait « l'excellence » de Polytechnique, de son enseignement, de sa recherche ! Mais quelle excellence ? Ne s'agit-il pas plutôt des sirènes de la sélection et de la facilité qu'il y a à former quelques centaines d'étudiants triés sur le volet? Le véritable défi, pour les universités, leurs enseignants, et pour la France, est de former toute une génération grâce à une formation diversifiée et bien sûr de qualité, en s'adossant à une recherche de haut niveau. Une formation de qualité pour quelques privilégiés et l'indigence pour tous les autres, voilà ce que propose encore et toujours notre gouvernement! L'annonce d'un volet social sous forme d'internat ... d'excellence n'y changera rien.

La construction de Paris-Saclay, reposant sur la promesse d'un rapprochement université-écoles d'ingénieurs - désormais passé à la trappe - se transforme en véritable hold-up.

Le SNESUP-FSU et le SNCS-FSU condamnent cette orientation dangereuse, bien au-delà de Paris-Saclay, pour la France, son enseignement supérieur, sa recherché. Ils continueront à agir avec les personnels et les étudiants pour exiger que le gouvernement cesse d'affaiblir les universités au bénéfice de parcours élitistes et étroitement pilotés, à la recherche d'une prétendue excellence qui oublie sur le chemin des centaines de milliers d'étudiants, et qu'il cesse de mépriser le travail et les compétences de milliers d'enseignants-chercheurs et de chercheurs, et de détruire des centaines de laboratoires.