PAES: de fortes inquiétudes chez les personnels et étudiants

Publié le : 02/01/2009

Article publié dans le mensuel n°571 janvier 2009

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  • Par Marc Champesme, responsable du secteur Formations Supérieures

 Adoptée le 16 décembre 2008 par l'assemblée nationale, la proposition de loi portant « création d'une première année commune aux études de santé » est - à l'heure où nous écrivons ces lignes - en passe d'être adoptée par le Sénat. Cette proposition de loi, faisant suite à plusieurs rapports sur les études de santé et leur intégration au LMD (rapport Debouzie en 2003, rapport Thuillez en 2006), est destinée à permettre la mise en œuvre dès la rentrée 2009, de la réforme préconisée par le dernier d'entre-eux : le rapport Bach remis aux deux ministres (R.Bachelot et V.Pécresse). La remise de ce rapport en février 2008 avait donné lieu à l'annonce par les ministres d'une mise en œuvre d'une profonde réforme de la première année dès la rentrée 2008.

Après quelques mois de travail sur l'organisation de la première année de licence par les commissions pédagogiques nationales de médecine, pharmacie, odontologie et maïeutique, les ministres annonçaient un report de la mise en œuvre de la réforme à la rentrée 2009. Malgré ce délai supplémentaire cette réforme se met en place selon la stratégie gouvernementale, maintenant bien connue : précipitation, absence d'information et de prise en compte des inquiétudes et revendications des personnels et étudiants concernés et impasse totale sur les moyens nécessaires. C'est le constat dressé avec des syndiqués intervenant dans les formations de santé lors d'une réunion organisée par le secteur formations supérieures du SNESUP le 17 novembre 2008. Cette réunion a aussi permis de faire le point sur les principales dispositions prévues par cette réforme.

Alors qu'il existe un constat partagé unanimement du gâchis humain résultant du système actuel où 80% des étudiants échouent au concours après avoir subit des conditions d'enseignement désastreuses, plutôt que de chercher à améliorer les conditions d'enseignement et de remettre en cause le numerus clausus (ou tout au moins de le relever significativement pour répondre aux besoins de la société) le projet de réforme prévoit simplement une éjection plus rapide et sans appel en fin de premier semestre (c'est-à-dire après deux ou trois mois d'études !) pour les étudiants en difficulté, accompagné d'un dispositif de réorientation en licence incertain.

Actuellement, la formation est assurée, d'une part, sous la forme d'une année de préparation à un concours commun médecine, odontologie, maïeutique dont le classement détermine les poursuites d'études possibles et conduisant ainsi à une hiérarchisation néfaste entre les cursus et, d'autre part, par une préparation et un concours distincts pour les études de pharmacie mises en œuvre dans les UFR pharmacie. Le passage prévu à une année de préparation avec un programme d'enseignement commun cadré nationalement (à l'exception de deux UE spécifiques au deuxième semestre) intégrant la pharmacie et quatre concours distincts aurait l'avantage d'éliminer la hiérarchisation entre les cursus. De plus, l'intégration des études de pharmacie au dispositif, en permettant de donner une culture commune à l'ensemble des étudiants en santé, peut susciter l'intérêt. Cependant, les conditions de mise en place provoquent de fortes inquiétudes chez les personnels et étudiants : comment assurer ces enseignements communs et une préparation de qualité équivalente aux quatre concours alors que, dans la plupart des cas, les études de pharmacie se déroulent actuellement dans des UFR ou universités distinctes ? comment faire en sorte, alors qu'aucun moyens nouveaux en personnels - notamment enseignants - ne sont prévus, que les conditions d'étude actuellement plus favorables des étudiants en pharmacie ne subissent une dégradation majeure ?

Par ailleurs, les dispositifs de réorientation annoncés ignorent les dispositifs mis en place dans nombre d'universités pour permettre aux étudiants collés de valider les connaissances acquises lors de l'année de préparation aux concours et de se réorienter vers une licence « traditionnelle ».

Enfin, malgré les nombreuses annonces des deux ministres la prise en compte de l'ensemble des formations de santé (i.e. y compris les formations paramédicales) dans un même cadre universitaire n'est toujours pas à l'ordre du jour. Pourtant de nombreux étudiants de PCEM1 ou PCEP1 collés se réorientent vers les formations paramédicales et la demande des étudiants et professionnels concernés est forte en faveur d'une universitarisation de l'ensemble de ces cursus.