pacte_rech-debat_ass_nat

Publié le 3 mars 2006

SYNDICAT NATIONAL DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR
                     


« Pacte Recherche » :
premiers aperçus du débat à l’Assemblée Nationale (28/02/06)

Langue de bois et poids des luttes…


La discussion s’est engagée en milieu d’après midi, ce mardi 28 février, par une longue présentation d’autojustification du projet, de la part des deux Ministres (De Robien, puis Goulart) puis par le rapporteur de la Commission (Dubernard). Le débat en fin d’après midi et en soirée a été ponctué par les interventions des principaux responsables du PS (Le Déaut, Cohen et Hollande), puis plus tard, de Bocquet pour le PCF, RG.Schwarzenberg, .Mamère pour les Verts) et par les interventions de députés de la majorité (Lasbordes), et celle de AM.Comparini(UDF).

 

De Robien :

Présentation arrondie d’un projet tranchant….
« Les chercheurs français avaient en effet le sentiment de ne plus être compris ni reconnus dans le travail qu'ils accomplissent pour « la science, la gloire et la patrie », selon la belle devise de l'Ecole PolytechniqueLes chercheurs français avaient en effet le sentiment de ne plus être compris ni reconnus dans le travail qu'ils accomplissent pour « la science, la gloire et la patrie », selon la belle devise de l'Ecole Polytechnique…. En rétablissant ce lien vital avec la communauté, nous avons dissipé de très nombreux malentendus et constaté que nos intentions étaient les mêmes. Bref, nous avons restauré la confiance... - Dans l'idée de pacte pour la recherche, il y a celle de paix, et c'est bien à une grande réconciliation nationale autour de la recherche que nous assistons. Ce texte a été salué par la communauté scientifique et par les forces vives de la nation....... - Je pense par exemple au Secrétaire général de la CFDT et à l'un de mes prédécesseurs, Claude Allègre. »

Mais qui ne lâche rien sur le fond :
« Sans liberté, c'est le dirigisme, mais sans évaluation, c'est le laxisme. La nouvelle agence d'évaluation de la recherche et de l'enseignement supérieur assurera cette mission, que le Sénat a étendue à l'ensemble de l'enseignement supérieur……
Nous choisissons ensuite la jeunesse, et voulons en particulier lutter contre la précarité des jeunes, qui sont le sel de la recherche de demain. Pour améliorer les débuts de carrière, nous avons augmenté les allocations des doctorants de 8 % au 1er janvier 2006
»

Et cette conclusion guerrière :
« Dans cette bataille, la France a des troupes, elle a des armes. La doctrine d'emploi, le pacte pour la recherche la lui donne : il faut concentrer nos forces pour, le moment venu, faire la différence sur des points stratégiques ! Pour ce faire, nous avons choisi l'évolution plutôt que la révolution, la liberté et l'initiative, la jeunesse et l'Europe ».

Sur fond de concurrence mondialisée, acharnée au sens propre du terme, même tonalité de la part du représentant du CSRT : « Dans le monde d'hier, les gros mangeaient les petits ; dans le monde de demain, les rapides mangeront les lents…. . Hier, la France était parmi les gros et ce sont les petits qui étaient menacés. En matière de recherche, pour conserver nos atouts, pour entretenir le progrès économique et social, nous devons nous attacher à ne plus être demain parmi les lents, comme nous le sommes encore trop souvent aujourd'hui »

 

Le poids des luttes :

Dans cette appropriation des résultats arrachés par l’action…
« C'est un effort sans précédent qui est consenti par notre pays en faveur de la recherche. On le voit dans le budget qui a été adopté pour cette année : 3 000 créations d'emplois, 6 milliards d'augmentation de ressources en trois ans, de 2005 à 2007. Jamais il n'a été fait autant pour la recherche française. L'opposition nous dit déjà, par la bouche de François Hollande, que ce n'est pas assez ! Rappelons donc que le gouvernement Jospin envisageait au mieux 800 créations nettes d'emplois de chercheurs sur dix ans ! » (F.Goulart)

Références à 2004, aux Etats Généraux de Grenoble, au mouvement encore ce mardi 28
« Le recours aux seuls appels d'offres pour impulser la recherche ne sera-t-il pas au détriment des grands organismes et des universités ? L'organisation territoriale et thématique de la recherche présente un autre risque. Pour ce qui est des pôles de recherche et d'enseignement supérieur, vous pouviez, comme le demandaient les états généraux, leur donner seulement un rôle de coordination afin d'assurer une dynamique commune. Mais vous leur ouvrez tout un éventail de possibilités et faites intervenir des fondations. » (P.Cohen PS)
« Un seuil critique avait été atteint, au point que beaucoup se demandaient si la recherche avait encore un avenir dans notre pays ! Au reste, je concède que depuis vingt ans, la recherche ne figure plus dans les premières priorités de nos programmes respectifs, la pertinence de cette relégation devant être mise en cause au regard du rôle que notre nation prétend jouer ».(idem)

 

Et une tonalité parfois consensuelle :

« Sur bien des points, votre texte devrait être complété, amélioré et enrichi, car dans le monde actuel, ce sont les pays qui investissent le plus dans la recherche et l'innovation qui s'en sortiront le mieux ». (F.Hollande PS)

« Heureusement que l'amendement Dubernard a introduit la notion de budget à euro constant ! Cela nous garantit au moins une progression chaque année de l'ordre de 2 %, mais nous sommes quand même loin des 10 % de progression annuelle nécessaires pour atteindre l'objectif fixé à Lisbonne, à savoir consacrer 3 % du PIB à la recherche en 2010 » (P.Cohen). Lequel Dubernard devait démentir plus tard : cet amendement est retiré car non-conforme à la constitution….

 

Maurice Herin
03/03/06


Suite de la discussion et de ces aperçus dans une autre contribution