Univ Rouen en Grève

Publié le 17 octobre 2005

Etudiants en Grève à l'Université de Rouen (17/10/2005)
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rentrée 05/06
Université de Rouen en grève


La grève se poursuit à l'Université de Rouen

Un millier d'étudiants, enseignants et personnels administratifs de l'université de Rouen ont manifésté jeudi 13 octobre 2005, devant le ministère de l'Éducation nationale à Paris.

Pour Jean-Paul Lainé, professeur de chimie à l'université de Rouen, cette manifestation parisienne fait suite aux "propositions insuffisantes du ministre pour rattraper le retard en terme de financement et de postes".
Les revendications des manifestations sont les mêmes depuis le lancement du mouvement, le 12 septembre dernier, au sein de l'UFR de sciences et technologies : obtenir 100% de la DGF (dotation globale de financement), 157 postes IATOS et 45 postes d'enseignants chercheurs dès cette année.

le point sur la situation à la date du 3 Octobre 2005

1- Etat de la mobilisation

L’UFR sciences toujours mobilisée. Le conseil de gestion lettres de ce jour vote la poursuite du report jusqu’au mercredi. Le conseil de gestion psychologie / sociologie a voté jeudi 29/9 le report des cours jusqu’à la prochaine réunion du conseil le jeudi 6. En droit / sciences économiques, les étudiants commencent à se mobiliser et l’intersyndicale dénonce la situation de l’établissement et appelle à la journée du 4. Les étudiants de l’IUT et ceux de STAPS restent mobilisés.

2- Finance de l’établissement :

Les chiffres avancés par le ministre et repris par le recteur sont faux : ce sont bien 6,55 millions € qui ont été notifiés pour la Dotation Globale de Fonctionnement (DGF) 2005 / 2006 et non 7,3 (rapporté à la DGF théorique de 8,4 millions €, cela fait 78 %). Si l’on ajoute les 150 k€ promis, on obtient 80 %, chiffre avancé depuis le début par le mouvement. De plus, le ministère, à court d’argument, en vient à conseiller à notre établissement de prélever 2 millions € sur le Contrat Quadriennal de Développement (CQD) pour son fonctionnement ! Souhaite-il que l’université de Rouen obère ainsi ses (maigres) possibilités de développement ? En tout cas, il suggère de faire… ce que l’inspection générale a reproché à la direction de l’université !

3- Nos revendications

Elles demeurent inchangées en ce qui concerne le nécessaire rattrapage des retards accumulés : versement de la DGF à 100 % sur les trois dernières années avec engagement sur sa pérennisation, plan de rattrapage des 157 postes d’IATOS, avec 40 postes dès maintenant, création de postes d’enseignants chercheurs pour compenser le déficit de 40 postes. Mais il faut aussi prendre en compte les inquiétudes quant à l’avenir : menaces de disparition de certaines Ecoles Doctorales et des préparations au CAPES ; diplômes habilités mais non créés, attributions préférentiels des postes à créer en faveur des pôles de compétitivité. Autant de mesures qui font peser la menace d’une disparition progressive de la recherche.

4- Les actions en cours

Le comité de mobilisation, les différentes AG par UFR, appellent à la poursuite du report des cours, décident de participer massivement à la manifestation interprofessionnelle du 4 à Rouen, exigent d’être reçus par le recteur mardi 4 après midi afin de lui faire part de nos revendications et d’entendre ses propositions en vue de l’ouverture de négociation directe avec le ministère. La délégation qui rencontrera le recteur doit être une émanation du mouvement et ne peut être celle qu’il propose (« organisations syndicales étudiantes ») dans la mesure où seule l’une des trois (UNEF) est investie dans le mouvement, les deux autres ayant au contraire voté le budget en 2005 et appelé à la reprise des cours la semaine précédente. Les personnels mobilisés décideront des suites à donner au cas où le recteur persisterait dans son refus de les écouter.

5- Appel à la solidarité

Les étudiants, les personnels IATOS, enseignants et enseignants chercheurs de l’Université de Rouen appellent les élus locaux et régionaux, les syndicats de salariés au plan régional et l’ensemble de leurs collègues au niveau national à soutenir leur action et à se joindre à celle-ci par leur mobilisation sur leurs propres revendications.

SNASUB, SNCS, SNESup - FSU de l’Université de Rouen
Le 3 octobre 2005 à 14 heures


le point sur la situation à la date du 21 Septembre 2005

Rappel rapide :

A l’origine du mouvement de contestation en Sciences et Techniques (4000 étudiants sur 28 OOO), le non paiement d’heures d’encadrement effectuées en 04/05. Cette décision unilatérale du président prise pendant l’été est selon lui justifiée par le fait que les heures en question ne peuvent être prises en compte. C’est du moins ce qui lui aurait été indiqué par les IGAEN. En réalité, derrière cela, il y a l’état catastrophique du budget (qui a été voté en février 2005 contre l’avis du SNESup, du SNASUB et de l’UNEF). De cavalerie en prélèvements divers (dont les réserves), l’université de Rouen est au bord de la faillite (il manque au bas mot 1,5 millions €). Et, par ailleurs, il y a le déficit en postes IATOS et enseignants qui conduit à multiplier les vacataires et le recours aux entreprises extérieures.

C’est ce qui est mis en avant par les enseignants, IATOS et étudiants mobilisés : il ne s’agit pas d’un problème spécifique aux sciences, cela concerne tout l’établissement.

Depuis le début du mouvement (12 septembre, seule l’UFR sciences étant rentrée) : la mobilisation reste très forte (5 à 700 aux AG malgré l’éclatement en 2 campus très éloignés), la couverture médiatique est de plus en plus importante (et correcte au moins au niveau régional). Problème, les autres UFR ne rentrent au mieux que le 26 (psycho, socio, sciences de l’éduc, STAPS, droit, sciences éco et gestion, voire le 3 – lettres).

Le conseil de gestion des sciences vote le report de la rentrée après la décision en ce sens de chaque AG : il n’y a donc pas grève, mais report.

Le président de son côté négocie avec la DES qui, bien évidemment, cherche à ce que le mouvement s’enlise. Une première « concession » de sa part consistera d’une part à suggérer (après les premières mobilisations) que le CA, par un vote, autorise le paiement des heures effectuées (alors qu’elles seraient « illégales ») et d’autre part à promettre le versement immédiat de 150 000 € (une « rallonge » promise de longue date). C’est une goutte d’eau dans la mer, mais il s’agit d’un premier recul tactique. Dans « recul tactique », il y a recul. C’est bien ce que comprennent les personnels.

Début de la semaine du 19 au 25, les choses évoluent :

  • Le CA du mardi 20 entérine la décision de maintenir les dates d’ouverture des autres UFR et mandate le président pour « solliciter le ministère afin d’engager d’urgence des négociations pour obtenir de nouveaux moyens financiers et humaines… » suivi d’une vague menace : « si les résultats obtenus ne sont pas à la hauteur des besoins (…) le CA en tirera toutes les conséquences ». (Genre retenez-moi ou je fais un malheur). Alors même que le CA avait été envahi quelques instants pour rappeler nos exigences, un tel texte passe mal !
  • A l’AG du mercredi matin, le vote du CA (23 pour, 18 contre) est évidemment vivement condamné.
  • Entre-temps, de Robien, passant par dessus Monteil et Goulard, annonce le mardi matin sur Europe 1 qu’il est prêt à négocier… Considéré comme un 2° aveu de faiblesse, cette information entretient le moral et la combativité : ce n’est vraiment pas le moment de céder ! L’AG appelle les autres UFR à rejoindre le mouvement et décide de se rendre dans les réunions de pré rentrée et, le lundi 26, dans les UFR qui sont censées commencer les cours. Quelques collègues de ces UFR signalent qu’ils vont essayer d’organiser le report de la rentrée.

Par ailleurs, paraît ce même jour (le 21) dans le Figaro un article totalement critique sur le fonctionnement de l’université de Rouen, explicitement basé sur la lecture du rapport d’inspection. Questions non résolues :

  • comment le Figaro se l’est-il procuré alors même que le président n’est en possession que du projet sur lequel il lui reste maintenant un ou deux jours pour répondre aux critiques ?
  • Est-ce un moyen de faire capoter le projet de négociation directe avec le ministre ? (mais alors, à côté, Machiavel est un enfant de cœur !)

A l’heure où j’écris, la combativité reste très forte et chacun attend avec impatience et espoir les décisions des autres UFR qui pourraient prendre position jeudi ou vendredi, avant même le jour de la rentrée.

Il est clair pour tout le monde qu’une décision de report d’au moins une UFR et a fortiori de plusieurs contraindrait le ministère à négocier de toute urgence. A noter enfin le fonctionnement parfaitement démocratique : tour de parole, décisions, collecte et utilisation des fonds reçus, entretien des locaux, tout est organisé et soumis au vote de l’ensemble des participants. Sans oublier bien entendu la participation active et appréciée de nombreux camarades du SNESup.

Jean-Marie Canu
A Rouen