Nanterre 2011 Contribution individuelle Jean-Luc Godet (ÉÉ-PSO)

Publié le : 02/03/2011


Contre la politique de renoncement, résistance !

On le sait au moins depuis le rapport Fauroux en 1995 : l'oligarchie a jeté à la poubelle tout objectif de démocratisation du savoir. Cela se traduit aujourd'hui dans l'Éducation nationale par des milliers de suppressions d'enseignants et BIATOS, l'explosion de la précarité, et la mise en place d'établissements concurrentiels. Depuis 1999 dans l'enseignement supérieur et la recherche (ESR), au nom du "grand marché" de la connaissance, le processus de Bologne confère à cette évolution antidémocratique un caractère encore plus radical. Les réformes successives (LMD, pacte recherche-ANR-contrats, LRU...) ont toutes visé l'éclatement du service public et de son unité territoriale (déjà médiocre). Cependant, c'est à un basculement qu'on assiste aujourd'hui. C'est une nouvelle carte universitaire que dessinent l'attribution sélective de fonds d'équipements ou de projets et la mise en place bureaucratique de fondations chapeautant les établissements. À rebours du discours enjôleur de la ministre, les moyens attribués à l'ESR sont déjà en diminution. Pour échapper à la pénurie et sauver leurs féodalités, présidents et mandarins se plient aux injonctions que constituent les appels à projets. C'est ainsi qu'ont fleuri les formulaires Idex, tous rédigés dans un ahurissant newspeak de plomb à la sauce marketing, illustration du naufrage intellectuel et moral d'une certaine élite gestionnaire. Le ministère l'a pourtant répété à l'envi : seulement une dizaine de pôles d'excellence sont censés être "compétitifs" dans l'économie mondialisée. Le maillage du territoire ne serait donc plus assuré que partiellement selon les disciplines, et la plupart des formations seraient réorientées pour satisfaire les besoins immédiats du patronat. Le savoir serait parcellisé et marchandisé, ce qui rendrait les futurs salariés que sont les étudiants d'autant plus vulnérables, surtout s'ils sont issus du bas de l'échelle sociale. Quant à la démocratie universitaire, elle aurait disparu sous l'empilement pyramidal des structures (au sommet duquel trônerait les fondations et les financeurs publics et privés) et la contrainte budgétaire. Le service public aurait vécu. Le SNESUP doit d'urgence appeler les collègues à la résistance. Il faut organiser à tous les niveaux le refus collectif des initiativEX ministérielles et exiger un financement 100% public de l'ESR qui ne laisse aucune part à l'arbitraire. Commençons par le dire haut et fort !

 

Jean-Luc Godet (ÉÉ-PSO)