Publié le : 12/04/2011

Sortir du piège actuel de la seule alternative entre énergies nucléaires et énergies productrices de C02

La catastrophe de Fukushima rappelle l'urgence d'une autre politique de la recherche, mais aussi de l'enseignement

 

Au Japon, le séisme, le tsunami et à leur suite la catastrophe nucléaire de Fukushima créent une situation dramatique qui repose la question des choix énergétiques, celle de la prévention des risques naturels et technologiques, et, au-delà, celle de notre mode de développement. Le risque nucléaire est plus manifeste que jamais. Pour autant, nous ne sous-estimons pas les conséquences et menaces du changement climatique qui, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), serait dès aujourd'hui responsable de 150 000 décès par an. S'y ajoute du fait d'une raréfaction et d'une répartition très inégale des ressources d'hydrocarbures, des tensions et affrontements géopolitiques, exacerbés par la volonté des grandes puissances et de régimes dictatoriaux de s'accaparer la manne du pétrole.

Pour sortir du piège actuel de la seule alternative entre énergies nucléaires et productrices de CO2, le SNESUP appelle à la construction démocratique d'une nouvelle politique énergétique, donnant lieu à un plan de recherche public, d'une hauteur sans commune mesure avec ce qui a cours aujourd'hui. Cette politique doit reposer sur des coopérations nationales, européennes et internationales. Elle doit être le fruit, à ces différents niveaux, d'un débat public et citoyen fondé sur la transparence. Elle doit en particulier porter sur les énergies renouvelables, l'efficacité et la sobriété énergétiques, tout en répondant, dans un esprit de justice sociale, aux besoins de toutes les populations. Elle doit aussi porter sur les évolutions du modèle économique et social indispensables à cette sobriété et à la mobilisation des moyens financiers et humains nécessaires aux programmes de recherche publique et au développement de l'utilisation des énergies les moins polluantes, partout dans le monde.

Doit être réaffirmée l'exigence d'une recherche contribuant à l'intérêt général d'aujourd'hui et de demain, bénéficiant des libertés académiques dans la limite de contraintes éthiques, et donc d'une recherche soustraite aux pouvoirs du marché et d'entreprises en quête de profits à court terme. Ces limites éthiques ainsi que les grandes orientations de la recherche doivent être définies en toute transparence, avec la participation de la communauté des chercheurs et des enseignants-chercheurs. Elles doivent être décidées à l'issue de débats publics et démocratiques, à l'opposé de ce qui a cours dans le domaine du nucléaire. Elles doivent, enfin, avoir comme principe directeur, tout à la fois l'objectif de développer la recherche fondamentale, indispensable pour préparer l'avenir et élargir le champ des connaissances, et celui de contribuer à répondre aux besoins sociaux, environnementaux (incluant la prévention des risques naturels et technologiques), démocratiques et culturels. Et, a fortiori, dans le respect des contraintes sociales et environnementales.

Cette conception de la politique de recherche ne pourra être pleinement mise en œuvre que dans le contexte d'une relance de la vie démocratique, laquelle reposera notamment et de façon incontournable, sur une nouvelle politique de la formation et de l'information des citoyens. Ainsi la formation des citoyens, qui dans une démocratie doit être l'une des grandes finalités du système d'éducation, doit donner lieu à un développement des capacités d'analyse critique, de la culture du débat (écouter, argumenter, synthétiser...) et de la décision collective, et doit aussi donner lieu à un enseignement renforcé du savoir portant sur le monde aujourd'hui, sur son histoire, sur les modèles politiques, sur les différentes cultures, sur le fonctionnement des institutions et organisations politiques et démocratiques, sur les sciences, les techniques et l'épistémologie...

Sur l'ensemble de ces questions, le SNESUP approfondira ses analyses et ses propositions, et appelle à l'ouverture d'un débat public et démocratique. D'ores et déjà, le SNESUP, avec la FSU, demande un moratoire sur les nouvelles installations de centrales nucléaires en France et dans le Monde, ainsi que l'arrêt des unités dont la durée de fonctionnement a dépassé celle annoncée lors de leur construction.

Le congrès du SNESUP-FSU
Nanterre

Le 8 avril 2011