Loi refondation : les textes d'application sur les ESPÉ ignorent les attentes de la communauté !

Publié le 4 septembre 2013

Loi refondation : les textes d'application sur les ESPÉ ignorent les attentes de la communauté !

À la mi-juillet, le gouvernement a présenté, aux conseils de l'enseignement supérieur (CNESER) et de l'éducation (CSE), les projets de textes d'application de la loi de refondation de l' École relatifs à la formation des enseignants : cadre national et modalités d'accréditation des masters Métiers de l'enseignement (MEEF) et mise en place des conseils des Écoles du professorat (ESPÉ).

Ces textes n'avaient pas été préalablement négociés avec la communauté universitaire. Les séances du CNESER et du CSE ont donc donné lieu à un travail d'amendements, long et compliqué, notamment de la part des élus du SNESUP et de la FSU, pour relayer les attentes des personnels et des étudiants des ESPÉ. Les votes massifs d'amendements importants et les commentaires du représentant du ministère J-M. Jolion, lors du CNESER, laissaient espérer que les textes définitifs en tiendraient compte.
Force est de constater qu'il n'en est rien et que les textes publiés le 29 août sont pratiquement inchangés par rapport aux projets initiaux !

Ainsi, par exemple, dans l'arrêté sur le cadrage des masters MEEF, toute référence à d'autres débouchés a été supprimée, les notions de travail en équipe, d'éthique du métier ou de relations enseignants-famille n'ont pas été retenues, non plus que les amendements visant à ouvrir la formation des futurs enseignants à différentes méthodes pédagogiques. Quant au rôle du Conseil d'École de l'ESPÉ dans la définition des modalités d'organisation de la formation, il est purement ignoré.

Alors même qu'il s'agissait d'une demande très forte de la communauté universitaire, et que J-M. Jolion avait annoncé sa création devant le CNESER, toute mention d'un comité de suivi de la formation des enseignants et des ESPÉ a été écartée de la version finalement publiée de l'arrêté définissant la procédure d'accréditation des masters MEEF. Voilà qui augure mal de ce que sera l'écoute du ministère, lors des discussions sur les modalités de remplacement de l'habilitation par l'accréditation, qui s'appliqueront aussi à tous les autres diplômes, en vertu de la nouvelle loi sur l'Enseignement Supérieur et la Recherche.

Le projet de décret sur les conseils d'école des ESPÉ avait lui aussi été très largement amendé au CNESER et au CSE, en particulier pour qu'il définisse une composition du conseil d'école comprenant une majorité d'élus et pour que l'élaboration des statuts des ESPÉ relève du conseil d'école. Là encore, les espoirs que l'on pouvait encore nourrir en juillet à écouter le représentant du MESR au CNESER sont balayés par la lecture du décret publié fin août : c'est clairement au pilotage des ESPÉ par les recteurs, que vise un texte qui précise que « le recteur d'académie constitue une commission chargée de l'élaboration des statuts de l'école ».

Le mécontentement et les inquiétudes exprimés avant l'été par la communauté universitaire, sur les conditions de mise en œuvre d'une réforme de la formation des enseignants confondant urgence et précipitation, ne peuvent qu'être confortés à la lecture des textes d'application. Plus que jamais, l'exigence d'une année transitoire, pour produire les textes définitifs dont la formation des enseignants a besoin, doit être entendue, faute de quoi c'est à une nouvelle dégradation hautement dommageable pour le pays que l'on risque d'assister.

Au 1er septembre, les ESPÉ ont remplacé les IUFM. Le SNESUP, que les seuls discours lénifiants du ministre de l'Éducation Nationale ne suffisent pas à convaincre, fera connaître prochainement un état des lieux des conditions de la rentrée, tant du point de vue des étudiants que de celui des personnels.

Paris le 2 septembre 2013.