Le SNESUP au forum alter.

Publié le 26 novembre 2005

Intervention de Jean Fabbri,

Secrétaire national du SNESUP-FSU
Forum alternatif national - Villepinte, 26 novembre 2005

Bonjour, amis et camarades,

La participation du SNESUP à cette journée relève d'un triple et durable engagement.

D'abord, l'histoire de notre syndicat, ses luttes anticolonialistes, ses batailles pour la démocratisation de l'accès à l'enseignement supérieur et pour la démocratie des instances universitaires, contre les mandarinats, les interdits qui ont frappé nombre d'intellectuels progressistes.

Le présent, dense, travaillé de lourdes contradictions, de cette année 2005. Laissez-moi m'y arrêter quelques instants. Les exclusions sociales en matière de logement, d'emploi, d'éducation aussi marquent durablement et fragilisent l'ensemble de la société, à l'exception d'une petite classe de privilégiés. Les événements de ces dernières semaines et l'onde de choc qu'ils génèrent en témoignent. Si l'urgence est aux mesures politiques et aux moyens budgétaires considérables qu'il convient de mobiliser, ce que ne fait pas la droite au pouvoir, on voit aussi ce que la marginalisation des travaux universitaires dans les sciences de l'homme et de la société, qui ont tant à nous apprendre, coûte !

Si je souligne ce rôle de la sociologie, de l'urbanisme, de l'économie, des sciences de gestion, des sciences de l'éducation et du langage, c'est aussi qu'elles sont plus que d'autres disciplines, dites aussi fondamentales -et je pense ici à la physique théorique, la philosophie, les mathématiques?- dans le collimateur du pouvoir politique d'aujourd'hui.

Le " pacte recherche " présenté cette semaine au Conseil des Ministres vise avant tout à privilégier les intérêts de court terme de recherches dites partenariales. C'est la logique des contrats qui borne l'horizon scientifique, étouffe les projets de long terme et les coopérations et amplifie la précarité des acteurs de la recherche pourtant diplômés Bac + 8 voire plus. On ne souligne pas assez le danger de ce texte où se sont investis Chirac-Villepin-Fillon-de Robien et jusqu'à Sarkozy. D'abord dans une logique de casse du service public et de démobilisation de ses acteurs pourtant porteurs, avec le mouvement SLR auquel le SNESUP a considérablement contribué, de propositions fortes qui ont fédéré les scientifiques et les concitoyens. Ensuite, et à l'intérieur de cette démarche, dans la mise à mal partout du lien fondamental entre l'Enseignement Supérieur et la Recherche, y compris en désarticulant les formations, fragilisant de très nombreuses universités. Un élément de ce dispositif, ce sont les montages financiers ANR-AII et les pôles de compétitivité.

Travaillons à dissiper ensemble toute ambiguïté à leur sujet tant en matière d'outils d'aménagement structurant du territoire avec l'agrégation de potentiels de recherche, de formation, d'innovation, d'emplois qualifiés. De même, attention, nous le disons ici avec force, à une gestion régionale (Conseils Régionaux) qui ignore les syndicats dans le remodelage à la hache du paysage de l'enseignement supérieur et de la recherche.

L'année 2005, c'est aussi -et ce sera ma transition- le formidable débat, la dynamique à l'?uvre dans le NON au référendum sur le Traité Constitutionnel Européen. Le SNESUP, après débat dans le syndicat, s'est inscrit avec d'autres (mais pas toutes) forces syndicales dans la construction des enjeux du débat et de la mobilisation citoyenne. Le succès de cette campagne est un acquis et un atout.

Aujourd'hui, encore une fois mandaté, le SNESUP participe à ce forum comme il participera, sur ses orientations de démocratisation du service public d'enseignement supérieur et de recherche, à d'autres initiatives si elles se présentent.
Accroître les financements, signe d'une véritable priorité à la recherche et à l'élévation des connaissances, réussir enfin la démocratisation (améliorer la réussite des étudiants).
Défendre et améliorer les droits et les statuts que d'autres nous envient.
Réussir le rayonnement international : dans l'accueil ouvert aux étudiants et chercheurs du monde entier.
Voici des objectifs qui certainement peuvent nous rassembler.

Merci.