Le Mensuel n°585 mai 2010

Publié le : 13/05/2010


 

 
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On ne prête qu'aux riches

 

Éditorial de S Tassel, Secrétaire Général du SNESUP 

L'adage vaut pour les États, au peuple grec d'en faire les frais. Relevant le taux de la dette publique, les sacri?ces imposés à la population par des cures successives d'austérité gouvernementale auront instantanément été engloutis par des créanciers, jamais rassasiés de nouvelles prises spéculatives. Pour mettre à genoux la Grèce, l'effet d'aggravation des interventions ?nancières orchestré par les agences de notation et le FMI tombe à point nommé.

En France, de peur d'être «déclassé», François Fillon annonce le gel en valeur des dépenses publiques et la baisse des dépenses de fonctionnement pour les trois prochaines années. Pour le Premier ministre, le calvaire enduré par les Grecs est une aubaine. Pour accroître les réductions du nombre de fonctionnaires, revenir sur la retraite à 60 ans et allonger la durée de cotisation, tailler dans les budgets de l'État, accélérer le calendrier de ses réformes... tous les amalgames sont bons. Si les mots utilisés tant par les journalistes que les politiques trahissent une évolution du rapport critique de la société au capitalisme ?nancier, la bataille idéologique reste à mener. Pour la sauvegarde de notre système de retraite solidaire et intergénérationnelle, devant la
violence des attaques du gouvernement, la levée de bouclier est impérative pour imposer d'autres ?nancements, mettre à contribution des revenus financiers et remettre en cause les dogmes du marché.

Dans ce contexte budgétaire, le renvoi par V. Pécresse vers Matignon du gel pour 2011 des suppressions d'emploi, arraché l'année dernière dans l'enseignement supérieur et la recherche, laisse augurer de nouvelles coupes sombres dans les prochains cadrages budgétaires. Alors que 20% des enseignants-chercheurs béné?cient de primes dites «d'excellence scienti?que» aux montants totalement dérégulés, l'annonce d'un dispositif de prime d'intéressement collectif sur les projets ANR est une provocation. Dans ce jeu pervers à somme nulle, une majorité doit perdre pour qu'une poignée pro?te.

Le «Pacte pour la recherche» et la loi LRU ne peu- vent faire l'objet d'aménagements à la marge. À la veille de notre congrès d'études, aussi pertinentes que soient nos propositions alternatives, sans rapport de force, elles ne s'imposeront pas d'elles-mêmes.

Stéphane Tassel
secrétaire général