LA RENTRÉE D'UNE UNIVERSITÉ EN MOUVEMENT ou LA RENTRÉE, DANS DES UNIVERSITÉS EN CHUTE LIBRE ?
LA RENTRÉE D'UNE UNIVERSITÉ EN MOUVEMENT (1)
ou
LA RENTRÉE, DANS DES UNIVERSITÉS EN CHUTE LIBRE ?
La ministre de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, et sa secrétaire d'Etat ont tenu leur conférence de presse de rentrée universitaire. Leurs affirmations sont largement contredites par les informations recueillies par le SNESUP-FSU.
Le ministère annonce une stabilité des effectifs en 1ère année de Licence ; les informations recueillies par le SNESUP-FSU auprès des collègues dans les établissements sont bien différentes !
Outre que l'on puisse s'étonner de la précision des chiffres ministériels permettant de mesurer des variations aussi infimes (2), alors même que les inscriptions ne sont pas totalement achevées, les données parvenues au SNESUP-FSU, en provenance de 25 universités, indiquent des fortes hausses d'effectifs en L1, en particulier dans les licences Sciences et Technologies (20 % à Grenoble, 27 % à Dijon, de 20 à + 30 % à Nantes...), mais aussi en Sciences Humaines et Sociales (+ 4 % en Droit et Sciences Economiques à Limoges, 20 % en Economie et + 34 % en AES à Bordeaux...). L'enquête, lancée depuis une semaine par le SNESUP-FSU, se poursuit, car un panorama plus complet est bien sûr nécessaire (des baisses existent sans doute dans certaines universités et certaines filières) notamment pour comprendre l'origine de ces hausses (démographie, taux de réussite au bac, transfert depuis d'autres formations, réforme des programmes de lycée ...).
Alors que « la réussite étudiante en premier cycle », et les « innovations pédagogiques » sont présentées comme des priorités, la réalité de terrain évolue dans un sens bien peu favorable.
Les universités sont en situation très difficile pour accueillir un afflux de nouveaux étudiants. Alors qu'il faudrait se réjouir de voir les filières scientifiques se remplir de nouveau, c'est l'inquiétude devant l'impossibilité d'assurer des conditions d'accueil correctes qui domine : groupes de travaux dirigés gonflés à 40 étudiants ou plus (sans places assises pour tous !), étudiants contraints de travailler en trinômes en travaux pratiques, séances d'exercices transformées en cours magistraux, journées continue, enseignements le samedi matin... Les établissements mettent en oeuvre des mesures restrictives, absolument contraires aux améliorations pédagogiques souhaitables : réductions horaires dans des UE d'ouverture, suppression d'options, étudiants changés de filière pour équilibrer les effectifs... Lorsqu'elles ne sont pas appliquées dès cette rentrée (comme en STAPS à Montpellier, ou en anglais à Pau...) des « capacités d'accueil limitées » sont envisagées, voire annoncées pour l'an prochain (à Nantes ou à Toulouse par exemple).
Mme Fioraso affirme que, chaque année, « 1000 postes supplémentaires sont affectés dans l'enseignement supérieur ». Qui ignore encore qu'un nombre important de postes est en fait gelé ?
Alors qu'en 2011, l'autorisation d'ouverture était de 3613 postes d'enseignants-chercheurs, celle-ci n'est plus que 2847 en 2014 (- 21%). De plus, de 2011 à 2013, ce sont 2080 postes autorisés qui n'ont pas été ouverts au recrutement et pourvus ! Cette tendance, systématique depuis le passage aux Responsabilités et Compétences Elargies en 2009, n'a pas de raison de s'arrêter : le transfert de la masse salariale aux établissements continue à se faire sans compensation intégrale des coûts induits (en 2014, c'est à peine la moitié des 200 M€ d'augmentation des charges qui sera compensée, et ce n'est certes pas l'augmentation de 45 M€ en 2015 (3) du « beau budget » de l'ESR vanté par Mme Vallaud-Belkacem qui renversera la tendance). D'ailleurs, les annonces des gels de postes pour 2015 commencent déjà à sortir : 45 à Dijon, 29 à Pau, 50 à Marne la Vallée, soit, dans ce dernier cas la totalité des postes vacants, et ce sur recommandation même du ministère !
(1) Titre du dossier de presse accompagnant la conférence de presse de N. Vallaud-Belkacem et G. Fioraso.
(2) Une hausse globale de 0,1 % des effectifs de L1 représente environ 250 e?tudiants de plus qu'à la rentrée 2013.
(3) En 2014, l'augmentation initiale était de 113 M€ ; 6 mois plus tard l'annulation de crédits a été de 400 M€ !