IUFM Reims
SNESUP – Document de travail
Pour réussir l’intégration de l’IUFM Champagne-Ardenne
Quelques questions et pistes de réponses
Depuis leur création, les IUFM sont sous le feu de critiques diverses, légitimes de la part des stagiaires et des formateurs, polémiques de la part des forces hostiles à l’institution. Leur évolution était donc nécessaire.
Deux scenarii étaient envisageables : soit l’intégration à l’université pour mieux adosser la formation des enseignants à la recherche, intégration qui clôturait le processus inauguré par le rapport Bancel en 1989 et la création des IUFM ; soit des écoles professionnelles placées sous l’autorité des recteurs et de l’inspection.
Derrière ces deux solutions, ce sont deux conceptions des métiers de l’enseignement qui s’opposent. L’intégration à l’université permet de développer la conception de l’enseignant /ingénieur, concepteur de sa pratique. L’école professionnelle produit un enseignant applicateur des injonctions ministérielles.
Et derrière ces deux conceptions du métier d’enseignant, ce sont deux conceptions de l’Ecole de la République et deux conceptions de la formation du citoyen qui s’affrontent.
L’enjeu est donc de taille.
C’est pourquoi nous devons réussir l’intégration.
La loi votée en avril 2005 donne un délai de 3 ans pour cette intégration. Il faut donc, pour des raisons budgétaires, que les IUFM aient rejoint l’université le 1° janvier 2008.
Or, il y a deux mois, rien n’était fait.
Dans l’urgence, le ministère a donc décidé de procéder à l’intégration en deux vagues.
La première concerne les académies de Limoges, La Réunion et Reims. Si le processus d’intégration n’aboutit pas avant le printemps 2007 et ses échéances électorales, il faut craindre un abandon de ce projet et un repli, facile à mettre en œuvre, sur une école professionnelle.
C’est pourquoi nous devons tout mettre en œuvre, nous syndiqués du SNESUP, à l’université et à l’IUFM, pour réussir l’intégration.
I – Pourquoi l’article 713-9 de l’actuel code de l’éducation (ex 33), qui va faire de l’IUFM une nouvelle composante à statut dérogatoire dans l’université ?
Parce que l’IUFM assure des missions de service public et que ces missions doivent être garanties par un article 33 offensif, afin d’éviter toute dilution des formations dans l’université. En outre, la logique de professionnalisation en œuvre au sein des IUFM, est très différente de la logique d’entreprise qui gagne aujourd’hui nombre de formations universitaires.
Parce que les missions de service public nécessitent que l’Etat soit représenté au sein de l’école qui a pour mission la formation des enseignants.
Parce que le service public de formation porté par l’IUFM doit garantir l’unité de la formation des enseignants sur tout le territoire.
Parce qu’il faut conserver le recrutement par concours, et non, comme en Allemagne, Grande Bretagne ou ailleurs en Europe, former un « stock » de gens employables, qui détiennent un diplôme ; libre ensuite à chaque détenteur de ce diplôme de trouver un emploi.
Parce qu’il faut garantir les moyens alloués par l’Etat à la formation des enseignants de même qu’il faut préserver le budget de l’université du choc de l’intégration (par exemple le budget de l’université ne pourrait supporter le paiement des frais de déplacement des stagiaires, qui relèvent de l’Etat, mais sont honorés avec une année de retard).
II - Côté Université
1) La formation des enseignants devient une mission essentielle et explicite de l’Université.
2) Statuts de l’université : l'intégration de l’IUFM dans l’université nécessite un changement de statut (majorité des 2/3) en particulier sur les points suivants :
* dans les instances universitaires : les personnels et usagers de l’IUFM doivent être représentés, avec une place accrue au CEVU.
Par exemple, on peut proposer à titre transitoire, de compléter les 3 conseils centraux à partir de scrutins partiels (ne concernant que les personnels et usagers de l’IUFM) dans les collèges électoraux existants après création d’un nouveau secteur :
- pour le CA : 1 PU, 2 sièges « autres » et 2 sièges usagers (collège assimilé étudiant),
- pour le CS : 1 PU, 1 HDR, 1 docteur, 1 usager,
- pour le CEVU : 1 PU, 2 « autres », 3 usagers.
Le même problème se pose pour la CPE.
* représentativité au niveau national au CNESER (élections à l'automne).
3) Compatibilité des outils de gestion. La LOLF prévoit que les budgets des universités sont calculés sur des indicateurs précis. Les outils logiciels différents doivent donc être rendus compatibles. Le ministère doit s’engager à financer les coûts afférents à cette opération.
4) CPER (Projet Etat Région). Les projets communs doivent être re-dynamisés dans le cadre de l’intégration.
III - Côté IUFM
Les personnels IATOS des IUFM sont, pour une bonne partie, détachés du secondaire. Quel sera leur futur statut ?
Pour les personnels enseignants du secondaire affectés à l’IUFM, prévoir des dispositifs de type « carte scolaire » pour ceux qui le souhaitent, puisque l’établissement IUFM va disparaître de fait (cette mesure permet aux collègues l’attribution de points supplémentaires pour une mutation conforme à leurs souhaits).
Même chose pour les personnels enseignants du premier degré affectés à l’IUFM.
Pour ceux qui bénéficient de décharge ou affectés statutairement en temps partagés, le ministère doit équilibrer, dans le cadre de la LOLF, la part correspondante des financements qui revient au recteur (le recteur met à la disposition de l’IUFM des personnels à temps partiels. Dans le cadre de la LOLF ce ne sera plus possible, en dehors d’un financement spécifique).
5) Quelle assurance a-t-on du maintien des sites départementaux ? Le ministère doit garantir ce maintien, dans une annexe au contrat d’établissement.
6) Quels seront les nouveaux modes de relation entre rectorat, inspections académiques et conseil de l’IUFM ? Cela suppose l’adoption de statuts nouveaux côté IUFM avec nouvelle répartition des sièges dans ce conseil.
IV - Côté formations
Le cahier des charges de la formation ne sera officiellement connu qu'à l'automne. Nous avons demandé au ministre que nous soit transmis le projet, qui a finalement été communiqué ce 12 juillet au SNESUP. Nous avons également demandé à être auditionnés par le HCE (Haut conseil de l’éducation).
Le conseil de l’IUFM doit conserver la maîtrise des formations (votées au CA de l’université), notamment du calendrier des stages (illustration du lien inspection/rectorat/iufm, en fait pour éviter toute ingérence du rectorat ou des inspections académiques dans des formations universitaires).
De quelle manière vont s'insérer les étudiants et stagiaires de l'IUFM dans le schéma LMD ? Quelles seront les passerelles ?
Les préparations aux concours et la formation professionnelle doivent aboutir à l’obtention d’ECTS s’inscrivant dans un cursus master.
5) L’intégration devrait faciliter la mastérisation de la formation.
V - Côté recherche
Recherche-action, recherche en didactique, en épistémologie, doivent pouvoir se déployer en symbiose avec les autres recherches de l’université.
Conclusion provisoire
Devant les atermoiements du ministère, le SNESUP doit être le moteur d’une intégration réussie surtout après le vote des motions de défiance des personnels des trois IUFM concernés.
Au delà de la situation champardennaise, l’urgence d’un cadrage national est évidente tant pour les statuts que pour la régulation ultérieure du dispositif. Le ministère doit donc assumer ses responsabilités et rédiger dans l’été les textes nécessaires à l’application de la loi.
Reims le 12 juillet 2006