Intitulés de master

Publié le 20 juin 2013
La note sur la nomenclature des intitulés du diplôme de master, diffusée le 21 mars par le Comité de suivi de Master (CSM), a pour but de fixer les règles fondant la nouvelle nomenclature du diplôme et propose une centaine d'exemples d'intitulés.

L'objectif, que partage le SNESUP, d'amélioration de la lisibilité des intitulés de masters pour les étudiants et leur famille, la communauté universitaire et les employeurs, ne peut pas se limiter à un objectif comptable de réduction du nombre des intitulés, qui appauvrirait les libertés pédagogiques et corsèterait les enseignements. Il doit, au contraire, s'appuyer sur une interrogation sur les enjeux sociétaux du XXIème siècle et les besoins de formation qui en résultent.

Or, aucune réflexion liminaire de la communauté universitaire n'a permis de préciser les critères de validation ou de réfutation d'un intitulé, ni ce que ces intitulés recouvrent en termes de contenu. D'ailleurs, la dizaine de règles énoncées dans la note du CSM ne permet pas de comprendre comment la centaine d'intitulés proposés a été construite.

L'existence d'un principe de cohérence entre les intitulés des licences et des masters aurait également dû guider la réflexion. Pourtant, il existe des incohérences dans cette articulation. Par exemple, la disparition de la mention SPI en licence et son maintien en master, sont en contradiction avec la règle 7 de la note du CSM. Cette rupture entre intitulés de licences et de masters ne peut que conduire à compliquer le passage du L au M pour les étudiants et à déconnecter les deux cycles l'un de l'autre. En outre, à l'intérieur-même des champs disciplinaires, certains découpages en mentions suscitent la perplexité des spécialistes, comme en droit, en physique ou en biologie par exemple.

La note du CSM souhaite également faire apparaître des « secteurs émergents » dans les intitulés, sans avoir cependant consulté la communauté universitaire ni sur la définition d'un secteur émergent ni sur la fréquence de révision des intitulés. Alors que le monde se complexifie, il faudrait aussi axer les travaux du CSM sur la multidisciplinarité, l'interdisciplinarité et la transdisciplinarité, ce qui fera émerger de nouvelles disciplines.

D'autres problèmes encore apparaissent à la lecture des propositions du CSM ; ainsi les intitulés de type « génie de... », « ingénierie de... » et « management de... » ne sont pas clairement cadrés et prennent différentes acceptions selon les domaines. En outre, la question de la place spécifique de l'offre de formation en master dans les secteurs de l'ingénierie ne peut pas être évacuée en proposant, comme le fait la note du CSM, un partage de la nomenclature avec celle des titres ingénieurs, plaçant ainsi les masters en situation de concurrence, voire de subordination avec les diplômes délivrés par les Grandes Ecoles. Le SNESUP-FSU demande une réflexion sur les rapports entre disciplines, ingénierie et qualifications.

La note du CSM propose enfin que les intitulés s'appuient sur un avis des représentants du monde socio-économique, sans préciser qui sont ces représentants. Il est évident que les diplômes ne doivent pas être déconnectés de la société et que la reconnaissance dans les conventions collectives des diplômes de Licence et de Master doit être garantie. Le SNESUP rappelle que les syndicats de salariés, du patronat, des organismes publics, para-publics... sont représentés es-qualité au sein du CNESER, qui doit être étroitement associé à l'élaboration de la nomenclature et du contenu des formations.

De façon générale, le SNESUP demande que la communauté universitaire soit consultée dans son ensemble sur cette question des intitulés de licence et master, qu'un nouveau calendrier soit proposé et que les règles d'élaboration non seulement des intitulés mais aussi des contenus soient débattues en toute transparence, en s'appuyant notamment sur les besoins de qualification à Bac+3 et à Bac+5.