Idex Paris-Saclay : concurrence, division, exclusion

Publié le : 21/04/2012


Idex Paris-Saclay : concurrence, division, exclusion

par Michelle Lauton, secrétaire nationale

Avec l'annonce de la sélection de l'Idex Paris-Saclay, personnels et étudiants des établissements du site s'alarment de la teneur des projets déposés et de leurs conséquences sur le devenir du service public d'enseignement supérieur et de recherche.

Le projet porté par la Fondation de Coopération scientifique Paris-Saclay, associe des établissements publics et privés dépendant de différents ministères et a pour ambition de constituer la base d'une future « université Paris Saclay » préfigurée comme université internationale dite de recherche (cf. Cambridge). Son périmètre serait étendu au-delà de celui de l'Idex, mais son statut d'EPCS réduirait collégialité et vie démocratique à la portion congrue. Des documents filtrent sur les évolutions considérables exigées par le jury entre l'écrit et l'oral du projet d'Idex. Non discutées avant l'audition dans les établissements (CA de Paris Sud, notamment), ni au CA de la FCS, elles préemptent l'avenir, le jury voulant « voir des engagements clairs que ces partenaires étaient prêts à se transformer pour s'intégrer dans un ensemble crédible qui ne soit pas une simple juxtaposition réduite à des collaborations".  Ainsi, les six « schools » seraient organisées en « départements » ou « instituts », regroupant recherche et formations, personnels issus des divers établissements. Les grandes écoles sélectionneraient toujours les étudiants et les universités (Paris Sud, UVSQ) accueillant sans sélection dès le L1, dit « formation "undergraduate" de l'université Paris- Saclay, devraient contribuer à« l'attractivité internationale vers les meilleurs étudiants étrangers, au moins dès le L3 ». La mission de formation des universités au service des jeunes d'Île-de-France serait donc détournée au profit de certains. Il s'agit aussi d'économiser, et pour cela « organiser des domaines de mutualisation de moyens, formations, recherche sur enjeux, etc., qui donneront un vrai potentiel international à des domaines jusqu'ici dispersés ». Est affirmée la volonté de créer une « School of Economics and Social science » et la « Business school de classe mondiale, avec HEC », se plaçant ainsi résolument
dans le cadre économique actuel et laissant de côté le droit.
Le cahier des charges d'organisation de l'université Paris-Saclay à créer d'ici 2014 dévoile la conception de la collégialité et de la démocratie universitaires : « On considère que le mode de gouvernance global de l'université Paris-Saclay pourra être défini essentiellement par transfert de la gouvernance FCS actuelle »(1).
Aujourd'hui, la prise de décision dans l'Idex concernant la politique scientifique, le budget, la généralisation de filières sélectives, la politique d'emploi(multiplication des précaires, chaires d'excellence, redéploiements, modalités de pourvoi, primes...) et les recrutements, est renvoyée au niveau de la superstructure (FCS). Les universités et organismes participant à ces Idex sont dépossédés des capacités de décision concernant leur avenir,celui des personnels et des étudiants.
L'Idex Paris-Saclay s'inscrit dans la politique de mise en concurrence, de division et d'exclusion, tant pour les formations, laboratoires, établissements que
pour les personnels. La résistance s'organise à Paris Sud, à Agro- Paristech, impliquant nos sections syndicales, nos élus dans les divers conseils,pour obtenir qu'aucune convention État- Idex ne soit signée en urgence.

1. Voir le SNESUP, n° 603.