Idex Aix-Marseille

Publié le : 18/04/2012


 Idex Aix-Marseille

 

Un cas paradigmatique de mégalomanie et d'opacité qui détruit profondément la démocratie universitaire.

par Bruno Truchet, section SNESUP Aix-Marseille, membre de la CA

À peine constituée, l'université unique d'Aix-Marseille se voit affublée de son macaron d'excellence, le projet « Amidex » étant l'un des heureux gagnants de la deuxième vague. Personne n'aurait la naïveté de croire à une coïncidence, cette obtention étant l'une des multiples carottes qui nous ont entraînés vers la fusion. Amidex est à ce titre un magnifique exemple de la mégalomanie et de la volonté d'opacité dont font preuve certains présidents et leurs équipes. Il serait d'ailleurs temps de signaler au WWF la disparition définitive d'une espèce menacée depuis longtemps : des membres de direction
qui restent des collègues. Jamais en effet un véritable collègue n'envisagerait de soumettre un projet de ce type sans consulter largement sa communauté, et sans son assentiment. Or, à aucune étape du processus de soumission le texte complet n'a été dévoilé. On peut dès lors s'interroger sur cet état de fait : est-ce le résultat d'une volonté de dirigeants confits dans leur suffisance ou une « simple » paranoïa à l'idée que d'autres candidats puissent se procurer les précieux documents ? Quoi qu'il en soit, on comprend encore moins pourquoi le fameux texte n'est toujours pas en libre accès, alors que l'annonce de ce glorieux succès remonte à bientôt deux mois. Cependant, les quelques extraits communiqués aux élus en CA sont suffisants pour se faire une idée des conceptions nauséabondes qui sont à l’œuvre. Tout d'abord quelques commentaires du ministère : « Points forts du
projet : une structure de gouvernance bien définie et une sélection unique et une bonne définition des priorités à l'intérieur de l'Idex » ; «Recommandations au porteur du projet : exercer un leadership plus affirmé dans la région méditerranéenne » ; « Recommandation à l'État : il faudrait que les organismes de recherche formalisent leurs engagements à recruter à l'avenir en priorité dans le périmètre de l'Idex ». Ce dernier point affirme
encore la volonté d'affaiblir ou de faire disparaître les malheureuses équipes qui n'auraient pas le privilège de pointer à l'Idex. Les extraits du projet lui-même utilisent un jargon marketing et un style pachydermique pour affirmer l'idée que l'excellence ne s'atteint que via la compétition entre collègues, entre équipes, entre établissements : « Notre ambition : devenir la capitale des savoirs du Sud de l'Europe » ; « Ce Peridex de départ comptera
environ 1 400 chercheurs et enseignants-chercheurs » (soit moins d'un tiers de l'effectif total !) ; « L'objectif est d'attirer les meilleurs étudiants » (et les autres ?) ; « Une politique de recrutement et de valorisation des talents particulièrement ambitieuse : [...] recruter sur contrat, « packages » et chaires d'excellence, bonus pour favoriser les initiatives innovantes ». Les classements ne sont pas oubliés : « Amidex doit permettre [...] d'intégrer dans les dix prochaines années le top 20 des universités européennes et le top 100 des universités mondiales ». Cerise sur le gâteau, le comité de pilotage : seulement 10 membres délibérants, dont 7 « partenaires ». En bref, nous pensions avoir atteint le fond avec l'absence criante de démocratie du processus de fusion, mais grâce à l'Idex, notre direction creuse encore.