Hommage de Stéphane Tassel lu lors des obsèques de Pierre DUHARCOURT

Publié le 11 août 2012

Cher.es camarades, Chers amis.es


A toutes et tous qui rendons aujourd'hui hommage à Pierre Duharcourt.

Je regrette de ne pas être présent parmi vous. Aléas malheureux de la vie, j'enterre un parent proche, parti au même moment que Pierre.

Depuis lundi, l'affluence des témoignages sortis de la torpeur d'un été qui finissait de clore la parenthèse du sarkozysme, illustre le rayonnement de l'action, de la personnalité de Pierre Duharcourt, d'un homme hors du commun.

Au moment où je rédige ce texte, je ne peux m'empêcher de me remémorer son exigence de sobriété au service de l'essentiel, de l'efficacité des raisonnements et des arguments. au service du fond.

Pierre Duharcourt faisait autorité, en ce qu'il élevait le niveau d'exigence, dans le SNESUP, dans la FSU, comme universitaire. Reconnu dans sa discipline, l'Économie, à la rigueur intellectuelle incontestée, Pierre a exercé la fonction de directeur de l'UFR de Sciences Économiques et de Gestion à l'université de Marne la Vallée. Une université nouvelle dont l'organisation thématique n'est pas sans faire écho à sa volonté de favoriser le dialogue entre les enseignants-chercheurs d'Économie et de Gestion et faire émerger des synergies nouvelles entre disciplines.

Pierre n'était pas de ceux qui aiment les consensus mous. Ses convictions chevillées au corps, son engagement entier pour le service public, pour tous les personnels, doté d'un sens politique aiguisé, Pierre n'était jamais lisse. Il était rude dans l'affrontement, toujours rigoureux et direct dans la critique. Son engagement militant précoce est à cette image.

Le SNESUP perd une figure majeure du syndicat qui bénéficiait de la finesse et de la justesse de ses analyses. Ayant une connaissance approfondie de la situation économique et sociale et des dynamiques à l'oeuvre, analysant rapidement et lucidement les textes, inventant des formulations percutantes, il a énormément apporté au mouvement syndical et au SNESUP en particulier. Nous ne mesurons certainement encore pas la perte pour le syndicat que représente sa brutale disparition.

Pierre s'engagea très tôt dès 1973, sans interruption, pour 40 années de militantisme pendant lesquelles il fut secrétaire général du SNESUP de 1977 à 1983 et co-secrétaire général de la FSU en 2000-2001. Il fut aussi représentant de la FSU au Conseil Économique et Social (CES) de 1999 à 2010 et membre du cabinet d'Anicet Le Pors, lorsque ce dernier était Ministre de la Fonction Publique.

Extrêmement actif pour le syndicat, Membre du Bureau National, il était en charge du secteur Service Public et avait un rôle important dans la rédaction du Mensuel du SNESUP. Pierre a été de toutes les batailles pour le service public et pour les collègues avec le SNESUP, depuis la titularisation des assistants non titulaires, l'abrogation de la loi Sauvage et l'élaboration de la loi Savary, la lutte contre la précarité et pour l'amélioration des carrières des enseignants chercheurs, la résistance contre la loi LRU et les remises en cause des retraites ...
Plus récemment : l'Appel du SNESUP " Pour une rupture profonde et des mesures immédiates pour le service public d'Enseignement Supérieur et de Recherche " porte sa marque, sans concession, à l'instar des propositions produites par la Commission Service Public de notre dernier Congrès d'Études au Mans.

Plus personnellement, exerçant dans la même université, nous nous connaissions depuis plus d'une dizaine d'années. Ceux qui me connaissent savent la place que Pierre, que nos échanges nourris ont pu avoir. Des enseignements précieux que je garderai d'un homme hors norme, au sourire rare mais vrai, gardant en permanence le sens des priorités.

Et je terminerai en ce sens par une anecdote en pensant à sa famille, à son épouse, et à ses filles. Pierre m'a souvent accompagné dans des délégations. A chaque fois lorsque il recevait un appel de ses proches, et plus particulièrement de ses filles, la terre pouvait bien s'arrêter de tourner, il décrochait soucieux. Devant un ministre, il en aurait fait de même...

L'un des souvenirs que je souhaite garder de Pierre... garder le cap ne rien céder sur l'essentiel

Nous ne l'oublierons pas. Il nous manquera.


Paris , le 10 Août 2012

Stéphane Tassel - Secrétaire Général du SNESUP-FSU