Hommage à Alda Del Forno

Publié le 29 avril 2010
Alda Del Forno qui fut secrétaire du SNESup de l'Université Pierre Mendès France de Grenoble et membre de la CA de la FSU de l'Académie de Grenoble est décédée peu après avoir pris sa retraite. Alda s'était syndiquée au SNESup dès son arrivée dans cette université comme assistante. Etre syndiquée était pour elle dans l'ordre normal des choses : améliorer le rapport des forces économique à l'égard de son employeur était, pour elle, une démarche rationnelle lorsque l'on vit de la vente de sa force de travail. Cette démarche l'avait conduite à assumer des responsabilités au sein de son syndicat et à défendre en permanence et avec ténacité un service public, démocratique et laïc d'enseignement supérieur et de recherche.

 

L'un de ses derniers combats a été la lutte contre la loi LRU. Alda ne pensait pas que l'efficacité économique et sociale de l'Université progresserait à travers la remise en cause de son fonctionnement démocratique. Elle ne pensait pas que rapprocher la gouvernance de l'Université de celle de l'entreprise était un gage de modernité. Elle connaissait la note de Jean Peyrelevade à la Fondation Saint-Simon qui montrait que la gouvernance de l'entreprise française était issue de la loi dite du « Führer Prinzip » mise en place sous Philippe Pétain. Elle le pensait d'autant moins qu'elle était profondément attachée à la justice sociale. Etre syndiquée était, pour elle, une démarche de fidélité à l'égard de celles et ceux qui, mettant leur vie en jeu et souvent la perdant, avaient obtenu que « les gens de peu » dont parlait Y. Sansot, un de nos anciens collègues philosophes grenoblois, puissent aller à l'Université.

Redonner aux nouvelles générations une part de la chance dont elle avait bénéficié était, pour elle, une démarche logique. Elle était exigeante dans la défense d'une bonne formation qu'elle soit initiale ou continue. Elle faisait valoir avec âpreté son point de vue dans les diverses instances universitaires dans lesquelles elle a siégé. Elle mettait un point d'honneur à donner le meilleur d'elle même dans ses enseignements au service des divers usagers de l'Université (qu'elle refusait de considérer comme des clients), ayant également fait fonctionner un temps une université ouverte dans les locaux de notre université. Elle défendait avec acharnement la possibilité pour tous d'accéder à une formation supérieure, à un emploi plus qualifié, mieux rémunéré et à une vie plus facile, mais aussi à une meilleure efficacité économique et sociale du système productif.

L'évolution politique n'est pas allée dans ce sens, les inégalités de toute nature ont explosé, l'Université a été rabaissée au profit des Grandes Ecoles et du secteur privé. Cette évolution s'est faite malgré elle et malgré l'énergie qu'elle a consacrée à s'y opposer. Mais elle connaissait son camp et lui est restée indéfectiblement fidèle jusqu'à sa fin.

Le SNESup national lui a rendu hommage par un message de Stéphane Tassel comme ses camarades de l'Université, toutes organisations syndicales confondues, présents nombreux à la cérémonie funéraire.

 

 

Bernard Gerbier (SNESUP  38)