Forum mondial sciences et démocratie, une contribution du SNESUP

Publié le : 19/01/2010

Télécharger une contribution du SNESUP sur les nanotechnologies (Adobe Acrobat 44.88 kb)A propos des nanotechnologies et de la recherche

Pour l'initiative française du Forum mondial sciences et démocratie du 23 janvier 2010

SNESUP, janvier 2010


La question des nanotechnologies ne peut se penser indépendamment de celles plus générales des sciences et des technologies, de la recherche et de l'utilisation de ses fruits. Questions qu'il s'agit à leur tour de penser dans leur contexte sociétal.

Les sciences et les technologies sont au cœur de mutations qui ont connu une accélération au cours du XXe siècle, pour le meilleur, mais aussi pour le pire. De là des positions antagonistes peuvent s'affronter, le scientisme et l'anti science, toutes deux dogmatiques et aveugles à la complexité de la réalité.

Le paradoxe est que le néolibéralisme œuvre contre les sciences qu'il stérilise et perverti, alors que, prônant le laisser faire, il ne laisse pas d'autres choix que de faire le pari d'évolutions des sciences et des techniques apportant seules ou presque les réponses aux grands défis posés à l'homme en ce début de XXIe siècle : réchauffement climatique, développement de la faim, etc.

Il œuvre contre les sciences car il réduit à moins que minima le rôle et les moyens des Etats et de la démocratie, et interdit donc à ceux-ci de mettre en place le cadre et les financements indispensables au développement de la recherche et aux évolutions scientifiques et techniques, y compris celles dont l'humanité aura besoin pour répondre à moyen et long terme aux défis précités. Il œuvre donc à la fois contre la science pour la science, et contre la science en tant que condition - nécessaire mais non suffisante - pour répondre aux mieux à la crise globale (environnementale, alimentaire, social...). Qui plus est, il utilise les sciences, parfois des pseudosciences, à l'encontre des intérêts humains, sanitaire, environnementaux, sociétaux. Ainsi des mathématiques ont été développées au service d'une spéculation aux fondations de sable. Des produits chimiques ont été mis « au point » et diffusé sans égard pour la santé des hommes et pour l'environnement. Des déchets nucléaires ont été produits avec désinvolture. Etc. Toujours l'appât du gain facile, le marché ou la facilité se substituaient au débat et au choix démocratiques.

La science et la technique sont une ossature du devenir de l'humanité. Elles ne peuvent être soumises à la cupidité et au marché. Pour autant elles ne doivent pas devenir des bêtes à abattre. Que serait aujourd'hui le devenir de l'humanité si la science et la technique ne permettaient pas à l'homme de développer l'usage de nouvelles sources d'énergie telles que le rayonnement du soleil ? L'urgence qu'implique la dégradation de l'environnement impose d'aller vite, et de ne délaisser aucune voie.

C'est une des raisons pour lesquelles le SNESUP appelle à ne pas opposer les secteurs de la recherche, mais à assurer leur complémentarité. Le SNESUP partage la nécessité de précautions et de cadrages à l'égard des nanotechnologies (de la recherche jusqu'aux utilisations), cependant nous ne sommes pas opposés à une dynamique de recherche fondamentale publique autour de ces thématiques sujettes à des enjeux considérables pour les années à venir.

Nous sommes opposés à tout traitement de la pénurie en moyens financiers et humains consacrés à la recherche, qui consisterait à déshabiller Pierre pour habiller Paul. Nous pensons, au contraire, que les enjeux du XXIe siècle exigent d'accroître considérablement, dans un cadre de coopération aux échelles internationale, européenne et nationale, les moyens financiers et humains, notamment publics, consacrés à la recherche. Nous considérons que c'est une condition indispensable pour répondre à l'urgence de besoins sociétaux dont nous mesurons toute l'importance, pour développer la recherche dans tous les champs du savoir et dans la multiplicité de ses approches, et pour mettre les scientifiques et leurs institutions en situation d'opérer les choix qu'ils sont incessamment amenés à faire de façon équilibrée, sans dérives, en débattant avec la société et dans le respect du principe de précaution.


Cette position sur les moyens humains et financiers est de toute première importance pour nous. Le texte « Notre démocratie face aux nanotechnologies et aux nanosciences » (http://www.fmsd-france.org/wp-content/uploads/2009/10/FMSD-CA.pdf) ne la porte pas, mais repose en partie sur un point de vue qui s'y oppose. C'est pourquoi, bien que le SNESUP soit en accord avec de très nombreux développements de ce texte et avec la plupart de ses propositions, n'a pu y apporter sa signature.