Formation-orientation-emploi : comment avancer ?

Publié le : 19/11/2012


Formation-orientation-emploi :
comment avancer ?

par Josiane Dragoni, secrétaire régionale de la FSU PACA

Pour sortir de la crise, il faut élever les qualifications de tous et réformer la formation en
s’appuyant sur le service public. Cela suppose une politique nationale ambitieuse, l’abandon
des visions néolibérales sur la relation formation-emploi, une véritable démocratie sociale.

En région PACA, un processus innovant de
concertation a vu le jour lors de l’élaboration
du CPRDF*, voté en 2011. Une telle
démarche suppose une volonté politique, du
temps, du travail pour tous les partenaires.
La FSU y a pleinement joué sa partition, en
étant à l’initiative d’une démarche intersyndicale
notamment avec la CGT et la CFDT,
et en faisant avancer ses revendications
grâce à un important travail de conviction,
d’explication et d’argumentation sur des
dossiers aussi fondamentaux que la nécessaire
élévation des qualifications,
la distinction entre orientation
scolaire et professionnelle, l’importance
de la formation initiale...
Cela nous a permis de
battre en brèche bien des présupposés
idéologiques qui gangrènent
le débat politique : ainsi
l’adéquation orientation-formation-
emploi pourtant parfaitement
« introuvable ». 
Le processus se prolonge maintenant
au sein du CCREFP* (coprésidé
par la CGT) et de ses commissions.
Celle concernant le suivi et évaluation du
CPRDF, co-présidée par la FSU, avance vers
une démarche d’évaluation éloignée des
préceptes dominants du management
public. Celle sur l’orientation poursuit le
travail amorcé dès le CPRDF, qui avait
conduit l’ensemble des syndicats comme la
Région à s’opposer avec succès à la mise en
place du « service public d’orientation » à la
mode Morano à Marseille en juin 2011, où la Cité des Métiers prétendait annexer tous
les services publics existants : CIO, Pôle
emploi ou les missions locales. 
Ces avancées ont été possibles grâce à un terreau
intersyndical unitaire ancien en région,
conforté par la mobilisation des personnels
de CIO face à la tentative du coup de force
ministériel, par une démarche politique audacieuse
de la vice-présidente de la région en
charge de la formation, enfin par un positionnement
éclairé de l’État. 

Vers la régionalisation de la « chaîne
orientation-formation-emploi » ? 

Les questions de l’évolution productive et
de l’emploi sont aujourd’hui dans toutes les
têtes. Il est possible d’avancer à condition de
permettre à la démocratie sociale de véritablement
se déployer. Mais ce n’est pas en
donnant aux régions, a priori et avant tout
débat démocratique, la maîtrise de la
« chaîne », sans modifier radicalement le
contenu des politiques, qu’on y réussira. C’est
d’une politique ambitieuse de l’État qui est
nécessaire. Promouvoir le second degré et ses
trois voies, générale, technologique et professionnelle,
augmenter le taux d’accès au bac
et la poursuite d’études dans le supérieur
impliquent de revenir sur les régressives
réformes antérieures, celles du lycée et la loi
LRU. Or, l’accord entre le Premier ministre et
l’ARF, signé le 12 septembre, confiant aux
régions le pilotage de la carte des formations
et celui de l’orientation, dessine au
contraire un scénario noir car dualiste : l’école
du socle, puis un lycée amputé à terme de la moitié de ses lycéens. L’élite irait au lycée
général, où les voies technologiques auraient
disparu, puis à l’université. Les élèves en difficulté
rejoindraient les dispositifs régionaux :
LP, apprentissage, formation continue, écoles
de la deuxième chance... au sein de 26 politiques
régionales. Démocratisation et élévation
des qualifications seraient ainsi stoppées.
Le service public d’éducation ou de l’emploi
ne peuvent voler en éclat parce que les élus
régionaux revendiquent du pouvoir. Le rôle
de l’Université ne peut être réduit à la seule
innovation compétitive parce que le monde
de l’entreprise le demande. L’horizon des
politiques de formation ne saurait s’inscrire
dans l’unique demande « économique » régionale.
L’addition de lobbyings divers ne peut
tenir lieu de politique. 
Le monde syndical doit peser en travaillant
ces sujets pour réaliser des formes d’unité
syndicale sur la formation et l’emploi, en
portant ses revendications dans la concertation
mais aussi dans les mobilisations. La
démocratie sociale pourrait alors commencer
à exister. 
 ARF : Association des Régions de France 
CIO : Centre d’Information et d’Orientation 
CPER : Contrat de Plan Etat Région devenu
Contrat de Projet. 
CPRDF : Contrat de Plan Régional de Développement
des Formations Professionnelles 
CESER : Conseil Economique, Social et Environnemental
Régional 
CCREFP : Comité de Coordination Régional de
l’Emploi et de la Formation Professionnelle
LP : Lycées professionnels