Enseignement professionnel : la refondation en marche ?

Publié le : 15/10/2013


ENSEIGNEMENT PROFESSIONNEL
La refondation en marche ?

par Jérôme Dammerey, cosecrétaire général du SNUEP-FS
et Didier Godefroy, SNUEP-FSU 

Le SNUEP déplore que les spécificités de l’enseignement
professionnel ne soient guère prises en compte dans la
réforme de la formation des enseignants. Il dénonce un
manque d’ambition criant pour la filière professionnelle
et le service public d’éducation.

Pour le SNUEP FSU, les premiers décrets
d’application de la loi de refondation
pour l’école auront pour la plupart peu de
conséquences manifestes sur la vie de nos
établissements et sur l’exercice de nos
métiers. Les efforts de recrutement de PLP
annoncés n’ont pas amélioré la situation des
personnels, notamment au regard des
remplacements, et des conditions de travail ;
le métier reste peu attractif et 336 postes
mis au concours n’ont pu être pourvus. La mise en place des ESPE
a suscité bien des
espoirs, très vite déçus
par l’absence de prise en
compte de la spécificité
de la formation des PLP
et de parcours permettant
à tous les candidats
d’atteindre le niveau de
qualification « master ».
L’instauration d’un
conseil supérieur des
programmes (CSP) va
plutôt dans le sens préconisé par la FSU.
Elle permettra, il faut l’espérer, une plus
grande concertation et transparence dans
l’élaboration des programmes, et bien que sa
mission concerne exclusivement les matières
d’enseignement général, le SNUEP demande que cette instance travaille en lien avec les
CPC (commissions professionnelles consultatives)
chargées d’élaborer les référentiels
d’enseignement professionnel et se saisisse
de la problématique de l’évaluation
des diplômes. 

L’enseignement professionnel
mis à mal 

 

La réforme des cycles, qui instaure
le cycle en 3 ans comme référence
sur l’ensemble de la scolarité obligatoire,
pourrait avoir un impact
négatif sur l’enseignement professionnel.
Il est à craindre que cette
logique se poursuive au lycée. Elle
scelle déjà le Bac pro en 3 ans, ce
que le SNUEP continue de
combattre : les résultats des deux dernières sessions, en net retrait, confirment
l’inefficacité de ce nouveau rythme de formation.
De plus, elle est porteuse de l’idée
d’une liaison collège lycée, qui pourrait se
faire de manière indifférenciée, repoussant
ainsi l’orientation professionnelle en fin de
seconde et réduisant à deux ans la formation
professionnelle ! C’est très insuffisant pour
rentrer dans la vie active !
Enfin, ce gouvernement comme les précédents
continue de faire la promotion de l’apprentissage,
en perte de
vitesse en période de
difficultés économiques,
en fixant un objectif de
500 000 apprentis pour
environ 430 000 actuellement.
Il s’appuie sur
des contrats d’objectifs
et de moyens signés
entre l’État et la région et
poursuit ainsi la concurrence
déloyale avec la
formation professionnelle
initiale sous statut scolaire. Le SNUEP a
déjà montré que cet apprentissage est moins
performant et revient plus cher que les
formations sous statut scolaire.
Il y a donc un très large fossé entre le
discours de nécessaire revalorisation de la
voie professionnelle et la situation bien difficile
dans laquelle ses personnels ont effectué
cette rentrée. Pour eux, le changement n’est pas encore pour maintenant !