Enseignants-chercheurs (E-C) et chercheurs en « sciences exactes et expérimentales »
Enseignants-chercheurs (E-C) et chercheurs en « sciences exactes et expérimentales »
Bref retour sur l'évaluation individuelle vue par l'Académie des sciences.
Le rapport du 8 Juillet 2009 de l'Académie des sciences fait une analyse intéressante des processus d'évaluation, et propose des recommandations que nous pouvons partager pour certaines et refuser pour d'autres.
Un premier constat est la complexité d'élaboration de critères d'évaluation permettant de prendre en compte :
- la diversité de nos missions,
- les spécificités disciplinaires : l'Académie des sciences ne considère pas dans son rapport les SHS,
- « L'hétérogénéité des conditions de travail des E-C qui concerne aussi bien les infrastructures et les équipements universitaires que le niveau des étudiants et des filières de formation ».
Le trépied vertueux sur lequel repose l'évaluation pour l'Académie des sciences est le suivant :
- Éthique (on peut être d'accord sur certaines règles, notamment sur les conflits d'intérêt souvent relevés par nos collègues soumis aux évaluations de l'AERES)
- Compétence (ce qui importe n'est il pas plutôt la règle du jeu : pourquoi les experts évaluent ils ? Leur compétence intrinsèque est rarement en cause.)
- Transparence. Le plus simple ne serait-il pas d'avoir des instances composées d'élus au lieu de nommés ? Silence de l'Académie sur ce sujet.
Recherche : l'importance de l'évaluation qualitative pour contrer les dérives manifestes de la bibliométrie est réaffirmée. Il reste à savoir ce que veut dire utilisation « raisonnée » de la bibliométrie. L'évaluation de l'encadrement doctoral et du suivi des étudiants, les applications de la recherche sont également mentionnés. Ce dernier critère peut inquiéter : s'il devient « essentiel », est-ce que l'utilité industrielle à court terme prédominera sur l'utilité scientifique à long terme ?
Formation : si la charge d'enseignement est jugée trop importante pour les jeunes E-C et que l'augmentation des charges d'enseignements d'E-C « peu impliqués dans la recherche » est proscrite, une menace forte plane sur ceux qui seraient mal évalués en formation (« ceux qui négligent leurs tâches d'enseignement devraient en subir les conséquences ») ! Alors que l'appartenance à l'équipe pédagogique « complique l'évaluation individuelle », que l'évaluation par les étudiants comporte des « biais », c'est quand même une sanction individuelle qui est proposée au lieu d'une réflexion collective de l'équipe sur la formation et d'une aide à la formation pédagogique !
Activités d'intérêt collectif : aucune mention des charges électives. On retrouve la forte inclination de l'Académie vers les experts choisis ou nommés et l'ignorance du mode électif.
Suivi des carrières : on partage le constat « la fréquence actuelle des évaluations est trop grande ». La proposition est d'alléger l'évaluation quadriennale via une fiche individuelle (risque de schématisation ? De normalisation ? ) et d'alourdir l'évaluation « approfondie » au moment du recrutement (entretien plus long, défraiement des candidats : on peut être d'accord sur ce dernier point).
On peut se demander si l'Académie regrette l'existence du statut de fonctionnaire : « Le système français actuel de fonctionnariat ne permet pas de revenir sur un recrutement ».La solution préconisée « quand les conclusions de l'évaluation posent problème » est celle « d'un comité ad-hoc, placé sous l'autorité d'une personnalité scientifique reconnue pour ses qualités humaines et de management pour trouver la meilleure solution à ses difficulté ». Quelle évaluation des qualités humaines ? Si le paritarisme du comité ad-hoc est évoqué, le mode électif est encore ignoré et des procédures de recours et d'appels ne sont jamais mentionnées. Par contre la modulation de carrière « volontaire » pour infléchir la carrière choisie par l'EC tous les 4 ans est suggérée. Cela ne nous rappelle t-il pas le décret « statuts » ?