Des démissions en chaîne à l'ANR révélatrices de l'état de santé alarmant de la recherche publique

Publié le : 15/06/2016


Des démissions en chaîne à l'ANR révélatrices de l'état de santé alarmant de la recherche publique

Après la démission retentissante de Patrick Petitjean, président du comité scientifique de Physique sub-atomique, Sciences de l'Univers, Structures et Histoire de la terre en 2015, la démission en bloc, ce 1er juin 2016, du Comité d'Évaluation Scientifique en mathématiques et en informatique (CES 40) a relancé la polémique autour des financements par projets de l'ANR (Agence Nationale de la Recherche).

Ces démissions, mais également les appels dans la presse de grand.e.s scientifiques, d'organisations syndicales et d'associations convergent dans leurs critiques :

  • 1. les crédits alloués à l'ANR (tout comme les crédits récurrents) ont atteint une baisse record, préjudiciable au maintien d'une recherche publique de qualité ;
  • 2. la baisse du nombre de projets déposés et du taux d'attribution (pour 8338 dossiers en 2014, 711 projets financés, soit 8,5% ; pour 6897 dossiers en 2015, 667 projets financés, soit 9,7%) témoigne du financement dérisoire de la recherche publique ;
  • 3. un nombre croissant de scientifiques engagé.e.s dans les comités d'évaluation ou les expertises préliminaires refusent de poursuivre leurs missions dans l'état actuel d'attribution des financements par l'ANR, s'opposant ainsi à cette casse scientifique ;
  • 4. le mode d'attribution des financements et les avis décisionnels rendus comportent une certaine opacité (pas de bilans sur le taux de diversité des organismes et unités de recherche bénéficiaires, ni sur les états d'avancement de la recherche liés à ces financements) ;
  • 5. les arcanes décisionnaires du financement sont très contestables, notamment dans leur manque de démocratie et le cloisonnement des instances successives d'évaluation que sont les rapporteurs français et étrangers des dossiers, les comités d'évaluation des pré-propositions (CEP), les comités d'évaluation scientifiques (CES), avant l'attribution finale par la direction générale de l'ANR.
  • 6. Et surtout le coût de fonctionnement de cette agence, dénoncé dès sa création, prive les équipes de recherche pourtant déjà labellisées de crédits récurrents. Il est temps de faire confiance aux chercheurs !

Les mesures de simplification des AAP annoncées par Thierry Mandon ne résoudront pas ces problèmes récurrents de l'ANR.

Le SNESUP-FSU demande des procédures de financement de la recherche plus démocratiques, plus transparentes, le regroupement des agences de moyens afin de répondre, bien mieux que ne le fait l'ANR, aux besoins de recherche pour le développement des connaissances, pour l'innovation et le bien commun. En particulier, il demande la réattribution très majoritaire des crédits de la recherche publique, sous forme récurrente, aux unités de recherche.