Conditions de travail des universitaires Une mobilisation constante du syndicat

Publié le 17 avril 2013

CONDITIONS DE TRAVAIL DES UNIVERSITAIRES Une mobilisation constante du syndicat

par Philippe Aubry, responsable du secteur SDP (Situation des personnels)

Confrontés à la dégradation des conditions d’exercice de leur métier, les universitaires doivent surmonter la tentation du renoncement. Ils peuvent compter sur un soutien syndical résolu.

Avec les réformes et les changements imposés à l’enseignement supérieur et la recherche depuis de longues années, les universitaires ont vu leurs conditions de travail se dégrader par l’étranglement financier, la mise en concurrence des établissements comme des personnels, la pression de l’« excellence » justifiant la mise à l’écart de certains, l’explosion du recours à des contractuels et chargés d’enseignement vacataires... 
Les structures et les individus occupent une large part de leur temps à courir après des financements. Les collègues font face à une bureaucratie envahissante qui se targue de tout évaluer et les sollicite sans cesse pour confectionner ou étudier des dossiers. Le pouvoir managérial des présidences et des prises de décisions opaques – qui se développeraient certainement dans les regroupements d’universités prévus par le projet de loi – soumettent des collègues à des décisions arbitraires. L’impact n’en est pas seulement individuel ; ainsi la présidence de l’université Pierre-et-Marie-Curie (Paris 6) justifie la dissolution fin 2013 d’équipes entières de biologie végétale sur la base d’appréciations décernées par un « Scientific Advisory Board » dont elle refuse cependant de fournir le rapport. 
La complexification de l’organisation de cursus et la semestrialisation apportées par le LMD ont nettement accru la charge de travail consacrée à la mission de formation ; la flexibilité est imposée aux enseignants pour s’adapter à des ouvertures ou des fermetures de groupes en temps réel dues à l’émiettement des enseignements. Les non titulaires, qui enchaînent les années de précarité de plus en plus fréquemment, sont utilisés comme variables d’ajustement. Ils peuvent même être soumis à un chantage au chômage en vue de revoir à la baisse leurs conditions de réemploi (par exemple vacataire au lieu de contractuel). 

Agir avec le SNESUP


 Les problèmes ci-dessus sont au coeur des préoccupations des universitaires. Ils se traduisent par de la souffrance et du découragement. Le SNESUP travaille activement à y répondre sur deux plans qui se nourrissent mutuellement : 
• les aspects collectifs, pour construire et défendre des revendications visant à améliorer les conditions d’exercice de nos missions de base dans le sens d’un service public de qualité. La baisse conséquente du service statutaire d’enseignement qu’il revendique (125 heures pour les EC, 250 heures pour les enseignants) relaie ainsi l’aspiration essentielle des collègues à disposer de temps pour se consacrer à leur recherche et leur enseignement, rognés par l’ajout d’activités annexes. Le syndicat poursuit en outre ses combats de longue date pour une réelle reconnaissance du temps passé à ces dernières (cf. page métier de ce numéro) et pour l’équivalence TP = TD qui n’a toujours pas été généralisée. Son action opiniâtre pour obtenir l’effectivité de droits généraux malmenés dans notre milieu – rapprochement de conjoints, handicap... – n’est guère visible mais peut aboutir à des résultats significatifs, comme la circulaire d’avril 2012 améliorant la situation des enseignants du supérieur en termes de congés de maternité, maladie etc. Bien d’autres points pourraient être développés : mentionnons l’importance accordée par le SNESUP à l’extension des prérogatives des CHS aux conditions de travail. 
• les effets au niveau individuel, pour répondre aux nombreux appels des collègues, souvent suscités par des conditions de travail détériorées et des conflits qui s’aggravent en nombre et en intensité, allant jusqu’à des crises impliquant toute une composante ou une école. L’investissement est énorme de la part de notre organisation. Tout d’abord humain, par la disponibilité de ses militants dans les sections locales et des camarades qui assurent des permanences au siège, il est aussi financier dans certaines situations bloquées qui présentent un intérêt général, à travers le recours à l’avocate en convention avec le SNESUP pour défendre les droits de collègues concernés en justice. C’est ainsi que certaines jurisprudences importantes ont été obtenues. 
Il serait pourtant illusoire de croire que le syndicat puisse répondre à une croissance d’attentes réduites à de la judiciarisation, peu étonnantes dans un contexte de repli sur soi de nombreux collègues résignés. Une prompte réaction syndicale est la mieux à même d’éviter que des conflits dégénèrent et s’enferrent dans de longues et coûteuses procédures judiciaires aux résultats incertains. La solution réside dans une activité renouvelée des sections au niveau local afin de tisser des solidarités qui brisent l’isolement de collègues en difficulté, plus particulièrement dans des situations de souffrance au travail et de harcèlement. Au niveau national ces solidarités s’expriment dans les réseaux créés par le SNESUP pour défendre les personnels et leurs conditions de travail. Ce sont des outils indispensables pour lutter contre des attaques concertées d’établissements ; les camarades motivés par ces questions au niveau local ne doivent pas hésiter à proposer à leur secrétaire de section de participer à ces réseaux.