Communiqué de presse : Restructuration du paysage universitaire parisien … le ministère fait pression sur les universitaires

Publié le 23 février 2010

Communiqué du 23 février

 Restructuration du paysage universitaire parisien … le ministère fait pression sur les universitaires

B. Larrouturou a rendu à la ministre sa copie portant sur la restructuration de l’enseignement supérieur et de la recherche parisiens. Les Sciences Humaines et Sociales, largement présentes dans les universités parisiennes, sont décrites comme isolées. Plus généralement, la défiance manifeste pour les universités n’est pas de bon augure pour envisager des rapprochements entre universités et grandes écoles. Avec, en toile de fond une répartition aux clés opaques et arbitraires du « grand emprunt », la négation des capacités d’ouverture et de richesse des universités, cette volonté de restructuration tend à faire des économies d’échelle, exacerber la concurrence stérile pour gagner quelques places dans les classements internationaux, se focalisant sur celui de Shanghai...

La communication ministérielle n’aura pas tardé à s’emparer de ce rapport et la ministre de s’engager pour les dix prochaines années. Sur la base de ce rapport, V. Pécresse distribue les « bons points » : excellent, bien, peut mieux faire et à revoir, pour les 4 regroupements dans Paris intra-muros envisagés (respectivement campus Paris Sciences et Lettres - Quartier Latin autour du collège de France ; PRES « Université Paris Cité » autour des universités Paris 3, 5, 7, auxquelles est associée l’université Paris 13 ; PRES HESAM pour « Hautes Etudes – Sorbonne – Arts et Métiers », incluant Paris 1 ; PRES porté par les universités Paris 2-Assas, Paris 4-Sorbonne et Paris 6-Pierre et Marie Curie). Candidats forcés, ils sont au centre d’une restructuration du paysage universitaire parisien n’ayant fait l’objet d’aucun débat contradictoire et laissant de côté les autres établissements d’Ile de France dont certains n’appartiennent à aucun PRES (Paris 8, Paris 10). Faisant écho au récent rapport d’étape de P. Aghion, projetant la reproduction caricaturale d’un système en vigueur aux Etats-Unis, qui impose la mobilité aux étudiants et rejette les fondements démocratiques et collégiaux des universités, les prescriptions de B. Larrouturou dessinent des mastodontes au gigantisme inégalé (plus de 100 000 étudiants) et à la pertinence non démontrée.

Sans inflexion par rapport au texte dévoilé en octobre, ce rapport préconise de mettre à contribution les collectivités territoriales -sans concertation avec celles-ci- pour mener cette opération immobilière d’ampleur. Pour passer de 130 à 45 sites tout en maintenant les surfaces utilisables et créer de nouveaux logements étudiants sans engagement de l’Etat -« sans augmentation budgétaire » pour reprendre les termes du rapport-, il est prévu la conjonction de ventes hautement rémunératrices et de multiples partenariats public-privé (PPP) universitaires, générateurs de rentes pendant les 30 prochaines années pour une poignée d’entreprises du BTP et détournant les fonds publics de leurs missions.

Confirmé tant par le rapport que par les engagements ministériels, l’EPAURIF (établissement public d’aménagement universitaire de la région Ile-de-France) est chargé de réaliser de rentables opérations immobilières parisiennes. Faisant irruption dans les engagements ministériels, le supposé solde de l’opération campus se verrait attribué à cet établissement public. Les autres universités franciliennes risquent de faire les frais de cette nouvelle concentration dans Paris intra-muros. La communauté universitaire est écartée de l’administration de cet établissement, confiée au recteur -échelon déconcentré de l’Etat- et aux présidents d’universités et des PRES franciliens. Seul est évoqué un « conseil consultatif » à la composition imprécise comportant des représentants de la direction, des personnels et des étudiants des établissements concernés par les opérations de construction.

Confirmée par ce rapport, la baisse d’ici 10 ans des effectifs universitaires (Licence : - 16 %, Master : - 11 %, Doctorat : - 32 %), semble plus relever de l’objectif que d’une prévision et doit être enrayée de toute urgence. A l’opposé, c’est d’une augmentation du nombre d’étudiants diplômés que la société a besoin. C’est en privilégiant les coopérations et non la concurrence que les établissements parisiens contribueront efficacement au développement scientifique de haut niveau. L’Etat ne peut se dérober, il doit s’engager en priorité en créant des emplois en nombre.

Paris, le 23 février 2010