Com. IUP
Communiqué de presse
05/11/2003
IUP : Menaces sur les formations technologiques
et professionnelles universitaires
Les étudiants, les enseignants et les directeurs d’IUP appellent à l’action pour la défense des Instituts Universitaires Professionnalisés le 13 Novembre 2003. En effet, depuis le début des discussions au Ministère sur la réforme « 3-5-8 » puis « L-M-D », des cursus universitaires à vocation technologique et professionnelle sont mis en cause par les représentants du Ministre. C’est notamment le cas des IUT, DEUG-STPI ,DEUST, des MST ou de filières comme AES, LEA, STAPS … et singulièrement des IUP qui sont menacés de disparition. Depuis leur création en 1991, les IUP ont pourtant contribué à une ouverture des universités sur un ensemble de champs professionnels jusque là réservés à des écoles auxquelles n’accédaient qu’une minorité de jeunes.
À l’automne 2002, lors d’une Assemblée des Directeurs d’IUP à Nantes, le SNESUP avait apporté son soutien à l’action organisée pour la défense des formations d’IUP. Suite à un accord oral intervenu entre le Cabinet du Ministre, la CPU et l’ADIUP, le mot d’ordre d’action avait été levé.
Un an après, la circulaire Monteil du 3 septembre 2003 est venue confirmer par écrit les orientations négatives exposées au CNESER par des représentants de la DES sur l’avenir des IUP et des IUT. Lors du CNESER du 15 septembre le SNESUP est intervenu, en expliquant que « La DES persiste à essayer d’imposer ses orientations sur les cursus technologiques et professionnels, avec notamment la volonté de mettre au pas les IUT, et le démantèlement des IUP, sans tenir aucun compte des avis et propositions des équipes de formation ».
Dans les propos des représentants du Ministère, les cursus professionnalisants longs, alliant enseignements théoriques et pratiques, n’ont pas leur place dans le paysage universitaire français. Seule serait recevable une professionnalisation courte en fin de cycle d’études. Sous l’impulsion des experts et représentants du Ministère, des universités sont amenées à élaborer une offre de formation faisant disparaître les IUP. C’est ainsi que, sous couvert du grief de « parcours tubulaires », on refuserait à des étudiants des parcours de la réussite commencés en BTS, IUT ou DEUG, et poursuivis en IUP au bénéfice de leur insertion professionnelle ou de leur poursuite d’études.
Or, le bilan des IUP montre qu’ils sont un facteur de démocratisation. De nombreux étudiants ont atteint la maîtrise, voire le DESS grâce à de tels parcours. C’est dans ces formations que l’on trouve le plus fort pourcentage d’étudiants issus des milieux défavorisés, ce qui ne peut étonner, sachant que les étudiants n’y acquittent que les droits universitaires, et non les frais d’inscription onéreux des Écoles privées ou consulaires. Les formations d’IUP ont aussi permis à des étudiants qui étaient en échec dans les formations générales, ou bien qui voulaient se reconvertir, d’accéder à un second cycle et d’y réussir pleinement.
Ces formations, ainsi que les actuels DESS, constituent un facteur de diversification. Elles ont permis que l’Enseignement Supérieur Public offre des possibilités dans des domaines où il était quasiment absent, qui concernent notamment une gamme de métiers liés à la Ville, au Commerce ou à la Gestion. Au même moment d’ailleurs, le gouvernement veut favoriser l’enseignement supérieur privé ou consulaire, notamment en augmentant la part de subventions à l’enseignement privé et en permettant aux Ecoles de Commerce et de Gestion visées d’attribuer, directement et hors du contrôle des universités, le grade universitaire de Master à leurs étudiants.
Les formations d’IUP aujourd’hui sont un facteur de professionnalisation. Comme les DUT, elles sont reconnues par les milieux professionnels, tant employeurs que salariés. Et, même si les conditions d’embauche peuvent varier d’un secteur à l’autre, des intervenants professionnels participent activement à la formation en assurant des cours et en procurant des stages permettant aux étudiants de conjuguer connaissances théoriques et pratiques. Parce que la liaison enseignement-recherche-profession est une condition d’existence d’un IUP, le cursus peut bénéficier des dernières avancées de la connaissance. Enfin, le titre d’Ingénieur-Maître est désormais une forme importante de reconnaissance de cette formation et de la qualification professionnelle qui lui est attachée dans certains secteurs. La question de ce titre ne saurait être tranchée, comme le fait le Ministère, d’un trait de plume, sans bilan préalable.
Le SNESUP proteste contre cette volonté de démantèlement de formations qui ont fait leurs preuves, et soutient l’action des étudiants, des personnels et des directeurs d’IUP pour la défense de leurs cursus. Il intervient dans ce sens auprès du Ministre. Il appelle les sections syndicales à intervenir, dans chaque université, pour la défense des IUP et d’une offre de formation technologique et professionnelle conforme aux besoins de société.
Comme les autres formations, les IUP doivent pouvoir continuer à jouer tout leur rôle, avec les moyens nécessaires. La nécessité de l’élévation des qualifications et le souhait d’un nombre croissant de jeunes et d’adultes d’accéder au niveau Bac + 5, suppose que que les IUP puissent continuer d’accueillir les étudiants sans sélection sociale, ni malthusianisme, dans des formations gardant une place éminente aux contenus technologiques et professionnels.
C’est pourquoi les IUP doivent être habilités pour la préparation des diplômes jusqu’à Bac + 5, et donc pour conférer les grades de Licence et de Master. De même, la qualification correspondant au titre d’Ingénieur-Maître doit continuer à être validée et reconnue à l’issue du cursus des Instituts Universitaires Professionnalisés.