Com 08

Publié le 20 février 2008

Communiqué de presse
20/02/2008

L'Université Paris-Dauphine ne doit pas être le laboratoire des contre-réformes universitaires

 


Un groupe de travail du Conseil d'Administration de l'Université Paris-Dauphine a présenté un projet d'augmentation des droits d'inscription à la séance du 21 janvier 2008. Cette augmentation est très importante : jusqu'à 1650 euros en L1-L2-L3, 1850 euros en M1, et 3000 euros en M2. Ce projet n'a pas été diffusé, aucun débat public et transparent n'a été organisé. On peut lire dans le texte du projet que la présidence de l'Université espère avec cette réforme récolter 800 euros en moyenne par étudiant. On y lit également : « Mais avec l’autonomie de gestion (que renforce la loi sur les libertés et responsabilités des universités (LRU) - NDLR), le développement de l’université reposera sur sa capacité à lever des fonds complémentaires auprès des entreprises (…) et des étudiants. » Ce projet est donc bien en droite ligne de la loi LRU que le SNESUP n'a cessé de dénoncer et de combattre.


On remarquera à cet égard la pirouette rhétorique (tout autant cynique qu’artistique) du président de Dauphine, pour qui il ne s’agit aucunement d’une hausse des « droits d’inscription » mais plutôt d’une « contribution complémentaire », afin de financer une augmentation du nombre d’heures de cours. La ministre de l’Enseignement supérieur, avait pourtant affirmé à l'automne dernier pour calmer la contestation étudiante qu’il n’y aurait pas de hausse des frais d’inscription. Force est de constater que les craintes des étudiant-e-s étaient plus que justifiées. Et ce qui se passe à Dauphine pourrait n'être qu’un début.


Comment peut-on ne pas craindre une augmentation généralisée des droits d’inscription quand la LRU orchestre le désengagement financier de l’Etat à l’égard de l’enseignement supérieur ? Quand les universités sont obligées de chercher des ressources propres par tous les moyens ?

Ce qui est annoncé n'est pas une question « interne » à l'Université Paris-Dauphine, elle est au coeur de la notion de service public d'enseignement supérieur et s’inscrit dans le cadre national.


Le président de l'Université Paris-Dauphine a assuré (communiqué du 1er février) que « Dauphine continuera de délivrer des diplômes nationaux à tous ses étudiants ». Le tarif de ces derniers étant fixé nationalement par décret, il a donc évoqué dans la presse, pour permettre l'augmentation, la combinaison au sein d'une même année d'étude d'un diplôme national et d'un diplôme universitaire local qui « compléterait » le cursus et justifierait des droits d'inscription complémentaires élevés. Ce tour de «passe-passe» administratif est extrêmement dangereux car porteur d'une possible augmentation des droits d'inscription dans toutes les universités. Il est porteur également d'une pédagogie à deux vitesses entre les étudiants qui peuvent payer le « complément » et les autres.


Réagissant à l'information sur ce projet d'augmentation des droits d’inscription, la ministre a certes déclaré à l'AFP le 2 février 2008 qu' « il est interdit d’imposer aux étudiants inscrits à un diplôme national de s’inscrire parallèlement à une formation complémentaire, entraînant des frais supplémentaires, pour valider leur diplôme », mais elle a ajouté (Libération du 2 février 2008) que « Dauphine pouvait augmenter ses frais pour les diplômes maison ».


Le tour de « passe-passe » éventé qu’adviendra-t-il des formations ? La concurrence entre les cursus analogues des universités, inscrite dans la loi LRU, n’ouvre-t-elle pas la voie à des sorties du cadre national des formations, des diplômes, et des droits d’inscription ?

Cela constituerait un précédent d'une extrême gravité dans une Université d'environ 8000 étudiants, et où, rappelons-le, les financements publics représentent actuellement 85 % du budget.


Pour toutes ces raisons le SNESUP affirme son opposition ferme au projet d'augmentation des droits d'inscription de l'Université Paris-Dauphine.

Toutes les informations sur le projet, et des argumentaires contre, sont disponibles sur le site du collectif http://dauphinepourtous.free.fr/

Contacts avec des collègues enseignants et chercheurs de Dauphine via carmen.alava@snesup.fr