Motion CNU 29 Evaluation individuelle 2012

Publié le : 21/03/2012

L'acte d'évaluer
L'évaluation, qu'elle soit publique et contrôlable ou inavouée et intuitive, est avant tout un processus consistant à accorder de la valeur à quelque chose. Elle présuppose des choix, implicites ou explicites, entre plusieurs caractéristiques qui pourraient prétendre au titre de « valeur », et reflète ainsi les conceptions de l'évaluateur, ou bien celles du commanditaire de l'évaluation si l'évaluateur n'exprime pas ses propres conceptions. D'où la nécessité d'une réflexion de fond sur ce à quoi nous accordons de la valeur. C'est là un acte d'ordre éthique. C'est là un sujet qui nous concerne et que
nous n'avons pas à abandonner à l'institution, ou aux décideurs locaux.
L'usage politique de l'évaluation
L'évaluation est un instrument de politique : elle permet à l'institution qui le commandite de prendre des décisions de pilotage et surtout de justifier ses propres décisions quel que soit ce qui les a réellement motivées. D'où la nécessité de ne pas baisser la garde - d'autant que nous avons demandé que cette mission ne soit pas confiée à une autre instance que le CNU - et d'avoir des garanties
fermes que l'évaluation n'aura pas pour conséquence les modulations de services. La meilleure garantie serait constituée par une disposition légale empêchant les modulations de service.
L'effet de halo et la portée symbolique de l'évaluation
L'évaluation a une portée qui ne se limite pas à sa cible. Même si l'évaluation se donne pour objet de juger un produit, tel un article ou un ensemble de travaux, ou un dossier retraçant une carrière, elle atteint inévitablement l'auteur de ce produit en tant que personne. Cet effet est amplifié lorsque la sanction symbolique qu'est le jugement d'évaluation s'accompagne d'une sanction matérielle (positive ou négative), telle l'avancement, l'attribution de primes ou au contraire la stagnation voire la rétrogradation. D'où la nécessité de garanties liées à l'usage de l'évaluation et à sa publicité.
La difficulté de l'évaluation d'objets complexes
L'évaluation ne doit pas être confondue avec le classement : faire trois tas appelés A, B, C avec des objets complexes est juste un classement, et non pas un acte d'évaluation car celui-ci devrait prendre en compte la singularité de ces objets. Or l'activité d'un enseignant chercheur constitue un objet complexe, contextualisé, multidimensionnel et singulier, qui ne se prête donc guère à un traitement global. C'est chacune des dimensions de cet objet singulier qui doit être prise en compte.

La 7° section a entamé une réflexion sur ce qu'est l'activité d'un enseignant-chercheur en sciences du langage. Les points suivants se dégagent :
- la nécessité de prendre en compte toutes les dimensions de l'activité des enseignants-chercheurs
- la nécessité d'objectiver les critères
- la nécessité de distinguer les critères (i.e. les propriétés attendues dans ce qu'on évalue) et les
indicateurs (i.e. ce qui témoigne de la présence de ce caractère).
- la mise en cohérence des référentiels. Un travail est en cours au sein de la section depuis 2 ans et la section est associée à la réflexion menée par l'AERES.
- le refus de l'illusion du quantitatif : compter, attribuer des points est un acte mécanique, sot et stérile.

Sylvie Plane, présidente de la 7° section