CNU 06 section 74
74ème section (STAPS) |
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Bilan de la session de qualification de la 74ème section de février 2006 |
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mars 2006 |
Auteur(s) : |
Les élus
SNESUP : Daniel Bouthier pour le collège A ; |
NDLR : Les compte-rendus sont publiés sous la responsabilité
de leur(s) auteur(s).Daniel Bouthier, Patrick
Bouchet, Francis Trilles et Nathalie Wallian
BILAN DU SNESUP DE LA SESSION DE QUALIFICATION
DE LA 74e SECTION DE JANVIER 2006
- LA QUALIFICATION AUX FONCTIONS DE PROFESSEUR DES UNIVERSITES
Lors de cette session 46 dossiers ont été soumis, dont un qui n’était pas recevable (absence de certaines pièces obligatoires). 9 Dossiers relèvent de candidatures féminines soit seulement 19,6%. Etre en mesure de présenter la qualification est donc d’accès très inégalitaire pour les femmes.
46,7% des dossiers relevaient des Sciences Humaines et Sociales, 53,3% des Sciences de la Vie et de la Santé. Sur ces 45 dossiers deux ont été jugés hors champ du fait de l’objet des recherches menées par les candidats. Sur les 43 dossiers restants, 12 ont donné lieu à qualification soit encore seulement 27,9 % de qualifiés. On peut malgré tout constater une remonté de 4,9% des qualifications, tout en restant largement sous le seuil des 37% de 2004, qui eux-mêmes étaient déjà sévères par rapport à la moyenne de l’ensemble des sections. Parmi les qualifiés il y a équilibre entre SHS et SVS (50/50). 3 qualifiés sur 12 sont des candidates, soit 25%. Mais le ratio dossiers déposés / dossiers qualifiés est en faveur des femmes avec 33% de succès, alors que les hommes sont à 25%. Les candidates soumettent donc peu de dossiers, mais plus conformes aux exigences du CNU. Il reste qu’il y a donc malheureusement beaucoup moins de femmes qui accèdent au rang de professeur des universités.
Le faible nombre de qualifiés continue à hypothéquer le nombre de poste de Professeur à créer. Nous sommes encore sous le seuil de candidatures souhaitables pour un seul poste à pourvoir !!! Donc, dans la logique ministérielle, pourquoi créer davantage de postes de P.U. en STAPS… ?
Si l’on tente de préciser les causes essentielles des refus de qualification :
- La première raison touche au faible volume des
publications scientifiques de certains dossiers. Toutefois, le CNU STAPS
reste principalement centré sur la publication d’articles
dans des revues indexées ou faisant autorité dans le champ.
Les chapitres et les ouvrages publiés sont exceptionnellement pris
en compte, contrairement aux usages dans d’autres sections (histoire,
sociologie, éducation, gestion, etc.). Cela pénalise certaines
candidatures émanant sur des objets STAPS de ces sciences d’appui.
Par ailleurs, cette centration sur le volume des publications provoque
une certaine tentation à rechercher des multi-signatures croisées
de candidats qui co-signent alors des travaux avec de faibles rapports
avec les leurs.
- La seconde raison tient au déséquilibre
fréquent entre recherche d’une part et enseignement et administration
d’autre part. Ces deux autres composantes doivent être présentes
et attestées dans le dossier. Toutefois, le crédit accordé
par le CNU dans des dossiers de recrutement d’enseignants-chercheurs,
aux publications scientifiques et celui attribué aux activités
d’enseignement et aux responsabilités pédagogiques
et administratives restent trop différents. Si le CNU fait des
efforts pour une prise en compte plus qualitative des publications, il
reste sur une survalorisation de celles-ci. A tel point qu’à
nouveau (contrairement à l’an dernier) quelques dossiers
dits d’exception scientifique avec aucune implication significative
en responsabilité pédagogique et administrative,
ont été qualifiés. Cela ne peut qu’encourager
les futurs candidats à minorer leur investissement dans la vie
des structures qui les accueillent alors même que la responsabilité
de diplômes et les prises de responsabilités administratives
font partie du descriptif légal des missions d’un professeur
d’université. N’est-on pas trop sur un modèle
de chercheur type CNRS ? Bien évidemment, il est inimaginable pour
ce CNU d’envisager l’inverse : qualifier un enseignant chercheur,
aux très fortes responsabilités administratives et pédagogiques,
en l’absence de publications scientifiques. Concernant l’enseignement,
seul le volume est examiné, sans qu’aucune référence
à une excellence pédagogique soit faite. Certes, les critères
administratifs d’évaluation dans ce domaine sont indigents
et n’aident pas le CNU dans cette tâche. Mais encore une fois
nous qualifions des enseignants chercheurs et non des chercheurs…
Il est à noter que cette session du CNU a pu se dérouler dans un climat encore amélioré de respect mutuel et d’écoute entre ses membres, qui ne peut être que favorable à la qualité de l’attention portée aux dossiers. Pour autant il encore possible d’optimiser largement l’activité du CNU au regard des réserves formulées ci-dessus.
- La première raison touche au faible volume des
publications scientifiques de certains dossiers. Toutefois, le CNU STAPS
reste principalement centré sur la publication d’articles
dans des revues indexées ou faisant autorité dans le champ.
Les chapitres et les ouvrages publiés sont exceptionnellement pris
en compte, contrairement aux usages dans d’autres sections (histoire,
sociologie, éducation, gestion, etc.). Cela pénalise certaines
candidatures émanant sur des objets STAPS de ces sciences d’appui.
Par ailleurs, cette centration sur le volume des publications provoque
une certaine tentation à rechercher des multi-signatures croisées
de candidats qui co-signent alors des travaux avec de faibles rapports
avec les leurs.
- LA QUALIFICATION AUX FONCTIONS DE MAITRE DE CONFERENCES
Durant cette campagne de qualification 2006, le seuil de du nombre de candidats qualifiés a encore subi une diminution passant de 46% en 2005 à 40% (48% en sciences de la vie et 30% en sciences humaines et sociales) cette année, malgré une diminution du nombre de dossiers déposés et une augmentation du nombre de dossiers non recevables (par manque d’une trois pièces réglementaires : voir site du ministère). Ce résultat est le fruit d’un double mouvement : le maintien d’un haut niveau de publication scientifique et l’augmentation du nombre de dossiers jugés « hors champs » ou venant de sections scientifiques connexes.
- L’augmentation du nombre de dossiers jugés « hors
champs » par rapport aux STAPS puisqu’il apparaît que
près de 15% des dossiers (surtout dans les sciences humaines et
sociales) n’ont pas été jugés comme relevant
des thématiques scientifiques STAPS. Sans ces dossiers, le taux
de qualification aurait été maintenu à celui de l’année
2004, ce qui ne démontre que les critères d’évaluation
scientifique ne se sont pas accentués par rapport à 2005.
En outre, beaucoup de dossiers (15%) sont arrivés des sections
scientifiques connexes, notamment dans les domaines des sciences humaines
et sociales (droit, anthropologie, géographie notamment), alors
que ces candidats ne connaissaient manifestement les critères de
la 74e section. Enfin, quelques dossiers de renouvellement de qualification
(obtenue avant 2002) sont parvenus sans que les candidats aient pu maintenir
un niveau de production scientifique suffisant pour des raisons matérielles
(faire vivre une famille) ou professionnelles (plus de laboratoire d’accueil).
Tous ces éléments amènent à deux grands commentaires.- Le premier concerne l’augmentation de la précarisation des doctorants dans la communauté scientifique (y compris des STAPS) par un manque de création de postes dans toutes les disciplines, ce qui incite à faire des demandes de qualification auprès de la 74e section car bon nombre de ces candidats ont exercé des missions d’enseignement dans les UFRSTAPS (vacataire, doctorant). Cette situation de précarité des doctorants ne peut être que dénoncée par les représentants du SNESUP qui demandent depuis plusieurs années une programmation pluri-annuelle de postes en France qui soit à la hauteur des défis scientifiques qui attendent le pays dans les années à venir.
- Le second, qui découle du premier, est une réduction du nombre de dossiers émanant des laboratoires ou équipes relevant du champ des STAPS durant cette campagne 2006, alors même que la qualité scientifique des dossiers a augmenté pour répondre aux critères de la 74e section. Ceci tendrait à montrer que les directeurs de thèse et de laboratoire ont intégré les recommandations de la 74e section (présentées et détaillées sur le site internet) afin de ne pas pénaliser leur thésard et leur équipe de recherche sur l’échiquier national et international. Néanmoins, tous les laboratoires n’ont pas les mêmes moyens pour exercer cette qualité d’encadrement compte tenu soit de leur faible reconnaissance par le Ministère ou par leur Université, soit de leur thématique de recherche jugée pas assez « intéressante » pour les financeurs régionaux, européens ou internationaux.
- Le maintien d’un haut niveau de publication scientifique a encore
été exigé durant cette campagne 2006. Sans remettre
en cause les avancées de l’année 2004 en termes de
fonctionnement plus transparent et plus démocratique de la 74e
section, et les précisions sur le nombre et le type de publication
attendues durant l’année 2005, les élus SNESUP regrettent
toujours le manque de pondération des dossiers jugés plus
faibles scientifiquement par la production d’ouvrage ou de chapitres
d’ouvrages, et par l’investissement dans tâches administratives
et d’enseignement au service de la communauté des STAPS.
Mais le plus inquiétant peut être concerne une tendance à « l’américanisation » de la production scientifique qui risque de conduire à deux risques majeurs.- Le premier attrait à une possible disparition à terme des revues francophones « de référence » dans le champ (indexées ou à comité de lecture). Cette éventualité ne doit pas être sous-estimée car bon nombre de chercheurs constatent une diminution du lectorat de ces revues, plus particulièrement marquées dans les domaines des sciences humaines et sociales, qui risque de la faire disparaître. Plutôt de que de se résigner, les élus du SNESUP souhaitent que les chercheurs puissent diffuser le travail de leur recherche dans des revues reconnues dans le monde sans que celles-ci soient nécessairement en langue anglaise. Un travail de réflexion doit être mis en place dès aujourd’hui avec les Maisons d’Edition des revues francophones à comité de lecture afin de maintenir une indépendance d’expression scientifique tout en accentuant la diffusion internationale par un système de traduction adaptée (e-journal par exemple).
- Le second, en relation avec le premier, concerne une forme de dépendance de la recherche à des intérêts politiques, économiques (voire mercantiles) ou idéologiques, sous l’effet de la mondialisation. Comme bon nombre de chercheurs du champ des STAPS l’ont fait remarqué, il y a des objets scientifiques qui ne sont pas, et ne seront peut être jamais, « porteurs » pour des communautés scientifiques émanant des grandes puissances scientifiques et économiques mondiales. Le risque d’un asservissement de la recherche à des fins purement opérationnelles est dangereux, d’une part, pour la recherche fondamentale et, d’autre part, pour la recherche « critique » et « locale ». Pour ces raisons, les élus du SNESUP ne peuvent que soutenir les laboratoires de recherche en STAPS (directeur de thèse et doctorant) dont les objets d’étude ne sont pas forcément les plus considérés par les revues étrangères.
C’est le rôle des élus syndiqués du SNESUP de faire valoir, au-delà de notre plate-forme de revendications, notre attachement à un service public d’enseignement supérieur de la recherche qui puisse garantir encore l’égalité des chances des candidats à la qualification indépendamment du lieu, du champ disciplinaire et des conditions d’obtention des doctorats. Dans ce cadre, nous sommes très attachés au maintien des sections du CNU qui garantissent une forme d’indépendance politique et économique dans l’évaluation des candidats grâce à l’élection de la majorité de ses représentants. Avec le projet de loi sur la recherche, le risque est très grand de voir disparaître cette instance d’évaluation et de promotion car le service administratif a déjà disparu au Ministère.
Au-delà de ces remarques, quelques précisions doivent être
fournies en fonction des dominantes scientifiques afin de prévenir les
futurs candidats sur ce qui peut les attendre l’année prochaine
si la 74e section existe encore. - L’augmentation du nombre de dossiers jugés « hors
champs » par rapport aux STAPS puisqu’il apparaît que
près de 15% des dossiers (surtout dans les sciences humaines et
sociales) n’ont pas été jugés comme relevant
des thématiques scientifiques STAPS. Sans ces dossiers, le taux
de qualification aurait été maintenu à celui de l’année
2004, ce qui ne démontre que les critères d’évaluation
scientifique ne se sont pas accentués par rapport à 2005.
En outre, beaucoup de dossiers (15%) sont arrivés des sections
scientifiques connexes, notamment dans les domaines des sciences humaines
et sociales (droit, anthropologie, géographie notamment), alors
que ces candidats ne connaissaient manifestement les critères de
la 74e section. Enfin, quelques dossiers de renouvellement de qualification
(obtenue avant 2002) sont parvenus sans que les candidats aient pu maintenir
un niveau de production scientifique suffisant pour des raisons matérielles
(faire vivre une famille) ou professionnelles (plus de laboratoire d’accueil).
- Concernant les sciences de la vie, le « noyau dur »
de la qualification demeure la référence donnée sur
le site de la 74ème section, à savoir : « En matière
de publications, les travaux du candidat devront avoir donné lieu
à 2 publications dans des revues à comité de lecture
signées en rang utile, dont une en tête. L’instance est
particulièrement attachée aux publications faisant l’objet
d’une véritable expertise par les pairs. Dans ce contexte,
l’indexation (ISI) constitue un repère pertinent. » Ces
attentes n’ont pas évolué cette année mais une
attention pointilleuse est portée aux conditions de publications
:
- Les publications (articles et non résumés de congrès ou article de vulgarisation professionnelle ou chapitre d’ouvrage) doivent être centrées sur les travaux de DEA et thèse (sinon, suspicion).
- Les revues sont toujours examinées à la loupe, (6 à 7 revues ne sont pas directement prises en compte, elles n’interviennent positivement qu’en complément de revues reconnues internationalement).
- Les dates de publication sont mises en relation avec le DEA et la thèse, un décalage temporel trop important constitue un élément péjoratif pour le dosser.
- En cas de demande de requalification, le dossier du candidat est examiné quasiment comme s’il repartait à zéro à la date de sa première qualification.
- Les expérimentations donnant lieu à publication doivent être différentes pour donner lieu à des publications distinctes aussi bien en français qu’en anglais.
- Publier 2 fois dans la même revue n’est pas recommandé.
- Les stratégies de multisignatures de certains laboratoires (chaises tournantes) sont régulièrement dénoncées, surtout pour la physiologie.
- Dans le champ des sciences humaines et sociales, les seuils inférieurs
de production scientifique n’ont pas été abaissés.
Les exigences de publication dans les revues considérées comme
les plus consistantes par champ, et pour un nombre suffisant en premier
auteur, restent de mise. Il faut donc encore une fois conseiller au candidat
de consulter les bases de données (du CNRS ou ISI) afin de choisir
des supports de publication reconnus par la 74e section dans chaque champ
disciplinaire. Dans ce cadre, une publication (ou deux) en premier auteur
dans les revues STAPS, Sciences et Motricité, Revue Européenne
de Management du Sport, Revue Economique et Juridique du Sport, n’est
pas jugée comme significative pour le champ des STAPS, mais elle
est peut être retenue comme deuxième publication s’il
y a eu au préalable une première publication dans le champ.
On peut malgré tout regretter qu’une lecture des productions
scientifiques par les rapporteurs ne soit pas systématiquement réalisée
pour juger de leur qualité. Par ailleurs les chapitres d’ouvrage,
et les ouvrages, mêmes dans des maisons d’éditions prestigieuses,
restent peu valorisés. Ce qui de notre point de vue restreint à
tort le spectre des lieux reconnus de publication. Enfin, il ressort qu’il
faut déconseiller au futur candidat de publier dans les revues de
leur laboratoire, dans des revues ou des Maisons d’Editions où
leur directeur de thèse ou de laboratoire est le (ou un des) responsable(s),
même si celles-ci sont prestigieuses dans leur champ disciplinaire.
Conscients des difficultés à faire admettre certains de nos engagements en tant que groupe minoritaire, les élus du SNESUP les défendront malgré tout lors de la prochaine campagne 2007. Dans cette perspective, nous continuerons à examiner l’ensemble des missions d’enseignant-chercheur : recherche, investissement pédagogique, responsabilités collectives. Ils tiendront compte de la diversité des formes de la recherche et de ses supports de publication. Les soussignés seront attentifs à ce que la production de la recherche ne soit pas soumise à toute forme d’impérialisme.
Les élus du SNESUP de la 74e section
Daniel Bouthier, Patrick Bouchet, Francis Trilles, Nathalie Wallian